Ecrit le 19.04.11 à 00h25
Ce doit être tellement charmant de pouvoir avoir tous les jours la voix de son Jules susurrant des billets doux sur plage digitale, de la un à la dix, choisir les instants, les passages obligés et autres déclarations induites, dissimulées aux oreilles de tous sauf des nôtres parce qu’on saurait où et quand, parce qu’on saurait qu’il nous aime.
Il pourrait ne pas être présent il y aurait sa musique, le sentiment qu’il est là tout le temps dans chacun de nos pas, dans chacune des images qui traverse nos rétines comme s’il voyait avec nos yeux, marchait avec nos pieds puisqu’il chante déjà notre bande sonore du quotidien. A bien y réfléchir tout ça n’est pas si loin. J’ai mes pieds, mes yeux, et ses chansons. Ne manque plus que la connectique.
Mais ça non plus ce n’est pas impossible, ni irréalisable. En se basant sur le fait qu’il n’est qu’un homme comme les autres les preuves en deviennent irréfutables. D’abord, il a répondu à mes mails. Puis on s’est abordés. Maladroitement certes, mais les fois d’après c’est lui qui est venu vers moi. Il est resté au bar assis à mes côtés jusqu’à la fermeture et il me posait plein de questions et il riait à mes blagues, même si des fois c’était pas très drôle. Puis le soir après s’être quittés vers les quatre heures du matin il m’envoie un mail me proposant de se revoir rien que tous les deux le lendemain avant de prendre nos trains respectifs et me donne son numéro de téléphone. Puis on s’envoie des messages, il me dit « embrassons nous en vrai » pour remplacer les baisers écrits par textos. Et même si on ne se rencontre que très peu, même s’il ne répond pas à mes mails légèrement enflammés, il m’envoie ce colis avec ses cds qu’il m’offre parce qu’on est en période de fêtes, accompagné d’une petite lettre manuscrite où il choisit bien ses mots et soigne son écriture. Puis il m’envoie des invitations pour son concert dans ma région sachant que je désirais m’y rendre. Puis je suis toujours la dernière à qui il vient parler, en m’abordant avec des phrases totalement nazes dont on sent à plein nez qu’elles ne tombent pas sous le sens. Puis il finit la soirée avec moi, il dit qu’il a faim mais ne mange rien dans cette brasserie de nuit jusqu’à trois heures et demi du matin alors qu’il voulait se coucher tôt, alors qu’il se propose de rentrer mais qu’il ne se décide pas et fait lui-même prolonger l’attente des au revoir. On était trois à cette soirée là et je me demande bien si l’ambiance aurait été différente si nous n’avions été que tous les deux.
Si on omet son extrême gentillesse, son intérêt pour l’humain dans sa globalité et la probabilité qu’il ait déjà quelqu’un dans sa vie, les détails ne trompent pas, certes. Le problème, c’est quand on veut prendre tous les éléments en compte. Parce qu’on s’y perd. Parce que ça ne tient pas. Parce que c’est beaucoup trop espacé dans le temps pour qu’il ait pu ressentir autant, parce qu’il n’a pas mes musiques qui accompagnent ses yeux et ses pieds sur sa bande sonore du quotidien et qu’il ne m’est pas permis de voir à travers ses images comme toute l’inspiration qui m’habite lorsque j’entends ses mots se faufiler par mes écouteurs. On n’est pas à égalité dans l’histoire. Et il n’est certainement pas un homme comme les autres.
Alors je n’en sais rien.
Commentaires :
Re: Les chansons d'amour
Mais ça m'agace. Parfois, j'aimerais ne pas avoir à passer par ces questionnements là. Comme si c'était une étape obligée. Même si c'est agréable. C'est le fait qu'ils soient récurrents qui me bloque. Et l'impression de ne pas être maître même à un moindre pourcentage du cycle de l'amour.
Celsius42
Les chansons d'amour
C'est amusant de lire chez quelqu'une les mêmes questions que chez soi. Quand elle m'envoie des baisers, sont-ils innocents ? Quand nos yeux se regardent comme ça pendant une éternité entre deux secondes, n'y a t'il pas une demande ? Quand elle me demande de lui raconter mes aventures d'explorateur intrépide, ne veut-elle pas que je la fasse rêver ? Mais non voyons, puisque si on prends en compte le temps entre les entrevues, ce n'est pas possible.
Et si elle faisait durer l'attente pour se délecter du moment ?
C'est vrai qu'il y a tous ces détails, mais on ne peut juger de rien. Et c'est là un bien horrible délice à savourer.