Dix huit kilometres a pied et vingt heures plus tard, je suis de retour dans cette ville qui ne peut s'empecher de bien m'aimer et c'est plutot reciproque. Dans le train de nuit j'ai fait quelques cauchemars etranges. Le reveil en sueur, la parano naissante entre les murs peu epais des compartiments a dormeurs, j'envisageais le pire se derouler dans le corridor a l'abris des regards, silencieux et malsains, mais c'est le soleil qui m'attendait pour se lever sur la Piazza Venezia et son monument dedie a Vittorio Emanuele II, nous avons monte les niveaux du Campidoglio et vu les lumieres peu a peu recouvrir le Foro Romano, c'etait magique, un peu comme quand tu decides fort d'etre quelque part et que le lendemain tu y es.

Et parmi tous ces curieux hasards pousses par l'intention, les contradictions du coeur qui se met a parler en une autre langue. J'ecris des cartes postales a des incongrus proches. Je bute sur les mots. Sur le verbe epeler. Un comble, non? Un grenier. Ou j'y engouffre mes souvenirs inavouables, mes pensees malhonnetes envers ces types bien qui resteront mes amis. Je suis ici, ca se fete. Je croyais mon voyage perdu. Rempiler pour une annee sans accent me chantant a l'oreille, gentiment condamnee a errer sur ce segment allant du sud a la capitale. Mais il y a cette chaleur qui penetre le nom des rues a cramer les peaux en pleine nuit. Ces couleurs, partout, entre les fenetres des batiments et celles des ames. Amoureuses. De cette ville, tout du moins. Elle me donne faim. Envie de gouter.

De gouter a.
C'est une fin interactive.