Ecrit le 12.06.11 à 22h25
Je crois que j’ai le blues. Mais ce n’est peut-être que de la fatigue. J’ai un coup au cœur et une jambe de bois. Je boitille gaiement jusqu’à ce que mon sourire se transforme en grimace, ne laisse la place qu’à la douleur, à l’épuisement, à toutes ces choses qui m’attendent demain, et après demain, et encore, et encore. Et dans tout ça je n’ai la place de rien, rien d’autre qu’être déçue par mon amour. Il ne répond pas. Cela fait cinq jours. J’ai envie de pleurer, regarder s’évaporer ma peine lentement. Mais à quoi bon. A quoi bon tout. Je ne sais même pas par quel pied aller de l’avant.

Je lis ses phrases épurées par ci par là et je m’éprends de chacune. Ma dernière chanson lui ressemble. Il aurait pu la faire. S’il avait été moi, sûrement. Surement qu’il aurait pu faire mieux. Je voudrais pouvoir la lui montrer, mais j’ai honte qu’il me démasque, qu’il comprenne qu’elle ne soit pas pour lui mais à lui, du même arbre, des mêmes branches, du même fruit, des mêmes vers. Je voudrais pouvoir les lui fredonner, mais il ne répond pas à mes messages, il laisse mes lignes creusées par le silence, rachitiques, il les laisse dépouillées et sans sens, sans même savoir s’il les a découvertes, s’il les a lues. Je suis obnubilée par l’attente et je ne dors plus. Tout le monde se fout de mon histoire. Quant à l’acteur principal, va savoir. Va savoir s’il ne cherche pas à m’évincer du script, refouler mes ardeurs. J’ai envie de pleurer, délier mes nœuds dans le ventre. C’est comme si je ne mangeais pas. Comme si j’ingurgitais d’une oreille et que ça sortait par l’autre. J’ai bien l’impression que l’amour c’est pareil. Je ne parviens pas à me fixer. Je voudrais qu’on m’enserre, qu’on me dise que ça va passer enfin, qu’on me le prouve. Ce n’est peut-être que la peur de recevoir tout l’amour que je m‘évertue à donner.

C’est incompréhensible pour moi. Quand est-ce que ça va s’arrêter? Vous savez, la transition. Quand est-ce qu’on passe à l’autre tableau? Quand est-ce qu’on sait qu’on y est, bel et bien, en plein dans la toile? Je ne me sens plus l’âme à m’engager pour un rien. Et c’est probablement mieux comme ça. Si les instants n’aboutissent pas c’est qu’ils n’auraient pas été à la hauteur. Si les héros se lassent et s’en vont vers d’autres ailleurs, c’est que la vie s’essoufflait, sans surprises. Je m’ennuie dans mon monde. Même si on me promet de beaux lendemains. Qui pense à aujourd’hui. A mes deux mains qui s’assèchent sans l’humidité d’une paume à saisir, de doigts sur lesquels compter enfin, une confiance à confier, une conscience.


«  E_t_ _t_o_i_,_ _e_s_t_-_c_e_ _q_u_e_ _t_u_ _t_e_n_d_s_ _l_e_s_ _d_o_i_g_t_s
    P_o_u_r_ _m_o_n_t_r_e_r_ _l_e_ _c_h_e_m_i_n
    E_t_ _t_o_i_,_ _e_s_t_-_c_e_ _q_u_e_ _t_u_ _t_e_n_d_s_ _l_a_ _m_a_i_n
    P_a_r_c_e_ _q_u_e_ _t_u_ _t_e_ _n_o_i_e_s  »