Ecrit le 19.06.11 à 01h55
Oh, il ne répondra pas. Il en a eu du temps pour retourner ses silences. Peut-être que ça l’a mis mal à l’aise, peut-être que c’était de trop. Toutes ces chansons extraites de sa plume. Peut-être qu’il n’a pas trouvé cela adéquat. Inadapté. Mal interprété.
Je suis triste évidemment. C’est un peu la rupture d’un couple qui n’a jamais existé.
Je me sens honteuse. Trahie, alors qu’il n’y a jamais eu aucune promesse. Je n’ose pas me montrer à son visage, qu’il me reconnaisse, qu’il se dise cette lourde qui m'envoie tout son amour déplacé à la gueule, qu’il se dise, pourvu qu’elle ne vienne pas me parler. Qu’il m’évite parce qu’il a peur que je lui pose la question fatidique « qu’est-ce que t’en a pensé? » et qu’il se doive de répondre « ben rien, j’en pense rien » ou une vérité plus rude encore. Je me fais des films désagréables, et je me sens rejetée.
Alors pour éviter la déprime j’ai Rom qui vient s’immiscer derrière mes rétines. La hâte de le revoir, partager des soirées sur Paris. Le sentir heureux à l’idée de me retrouver, un bonheur si enfantin qu’il tombe sous le sens. Il a proposé de m’héberger tout en rajoutant « il y a eu pas mal de changements ces derniers temps » alors mon esprit ne peut s’empêcher de dévier les phrases, les interpréter comme bon lui semble. Et s’il était célibataire? Voilà à quoi le cerveau pense. Et si c’était son lit qu’il me proposait? Qu’en ferais-je?
Je me sens bien comme ça. Auprès de cet amour universel…
[pause]
Et, évidemment, il suffit que j’écrive qu’il ne répondra pas pour recevoir un mail de Grand Fou à trois heures du matin.
Après ma déception et mon lâcher prise, ses mots. Toujours touchants. Toujours, emplis de son coeur. Ses phrases, toutes à lui, pliées à ses désirs. Toutes ces lettres débordant de son être. Je ne peux que le reconnaître dans ses quelques lignes. C’est lui. C’est lui qui m’a écrit avec sa gentillesse, qui me remercie mille fois et glisse ses compliments comme on lisse une caresse. Je me sens doucement étreinte, dans toute sa pudeur. Et j’hésite quant à me désister de l’aimer. Encore. C’est à cause des roulements de tambour dans ma poitrine lorsque j’ai attendu que la page s’ouvre. Cet acte simple. Et déjà sur le point d’exploser. Mon corps entier m’incite à ressentir. Est-il le seul destinataire potentiel de ce chamboulement intérieur? Est-il supposé être celui-là? Vous savez….
Commentaires :
MangakaDine
Et comme je n'ai pas eu le temps de développer l'idée à l'époque (mais je le ferai plus tard dans le temps) perturbée par le mail soudain de Grand Fou, je rajoute ceci, piqué du même endroit :
"Bien sûr que je l’aime. Profondément, comme une certitude beaucoup plus lointaine. Comme un ami, un fils, un frère, un père, un amant. Comme quelqu’un de longtemps perdu et puis retrouvé, avec toute la joie et la surprise, avec toute l’épaisseur de nos vies vécues et non vécues.
[...]
Je ne sais pas bien à quoi ça tient, ces rencontres, ces routes que l’on croise et qu’on choisit ou non d’emprunter. J’écris souvent que je suis exactement là où je veux être. J’aperçois certaines réponses."
C'est un article que j'aime beaucoup, ainsi que tous les récents de son Joueb, je m'y retrouve dans plein plein de choses.