Ecrit le 24.06.11 à 14h25
Voilà, c'était le dernier. Le dernier avant, je ne sais pas, l'année prochaine peut-être. Alors, en rentrant seule à l'appartement vers les trois heures du matin le coeur gros sur la patate, j'ai rompu avec mon amour imaginaire. Je lui ai écrit une lettre de démission qui était une proposition en réalité, parce que je fais tout à l'envers, parce que je n'ai pas cessé de fuir et l'ignorer laisser la place à tous ces autres qui ne comptaient pas autant pour moi je m'en veux je m'en veux je ne vais pas droit je ne tourne pas rond je ne parviens pas à concevoir pourquoi autant de réserve lorsqu'il est à mes côtés. Pourquoi je ne mange pas, pourquoi ça me fait décamper, pourquoi c'est ce type que je ne connais même pas et pourquoi ça me prend sans le connaitre, sans rationalité.
-"Ca ressemble fort à de l'amour." que me balance Mule allongé dans sa chambre d'hôtel entre deux macarons.

Mais on s'en fout d'à quoi ça ressemble. C'est juste inapproprié. Ca ne trouve sa place nulle part, nulle part ailleurs que dans mes romans écervelés dont je suis la seule lectrice. Malgré tout, je ne m'ennuie pas. Je pourrais même dire que ça me remplit, que mes nuits se construisent de cet émoi fleur bleue qui me fait rêver à des fins idylliques. Toutes ces promesses d'amour pur faites à moi-même qui ne seront pas tenues. Il faut que je m'y résolve. Je n'ai pas le courage de l'embrasser. Je ne l'ai pas. J'ai beau chercher dans ma garde robe, il n'y a rien qui puisse me donner l'élan, et si je cherche à l'intérieur, il n'y a rien non plus, rien qui ne fasse le poids nécessaire, je n'ai pas les couilles. Je dois l'admettre. C'est comme ça. Pas de ma trempe. Pas au niveau. Plus tard peut-être.
Peut-être pas.

C'était la dernière soirée et je ne lui ai même pas laissé l'occasion de m'aborder, et c'est presque si je ne m'évertuais pas à lui faire comprendre que je n'étais pas disponible. Que voulez-vous. Je me suis suicidée. Et les au revoir. J'aurais voulu lui en faire un digne. Le serrer dans les bras pour la der des der, parce qu'après ce sera loin, lointain, qu'il me fallait un souvenir de son corps contre le mien, de sa peau, savoir si je ne m'agitais pas le coeur dans du vide. Deux jours d'affilée qu'il hante mes rêves. La nuit, Grand F0u, je vis p0ur vous. Le j0ur je suis, s0urde, et mu€tte. C'est bien connu. Ses chansons me vont à ravir. Me collent à la peau. Tellement que je les réalise. J'en deviens cette fille qui ne parle plus et ne fait qu'écrire à un presque inconnu. Je l'aime. Je l'aurais aimé s'il le faut. S'il me l'avait demandé. Et si rien, je l'aurais aimé aussi. Parce que c'est plus fort que moi je crois. J'ai envie de pleurer. Je ne le ferai pas. Mais c'est une rupture, sûrement alors il y a un deuil à faire. Jeter une poignée de terre sur les remords et les regrets. Ca ne s'est pas fait dans le temps nécessaire, c'est tout. Une petite mort, discrète. Maintenant que la vie a repris ses droits et son dû, allons voir ailleurs, si l'herbe est plus verte. Vite, avant que je ne pleure. Montrez-moi vos plus belles couleurs, vos sourires, vos impulsions dynamiques et positives, montrez-moi comment passer le cap avec classe et élégance, me relever avec goût, le prendre à la légère parce qu'après tout, ça n'a jamais pesé bien lourd.

Et pourtant, ce que ça me pèse.