Ecrit le 29.06.11 à 14h15
Je n’avais sûrement pas assez envie de partir pour ne pas rater mon train de quelques minutes. La vie se décale d’un jour. Et je suis plus heureuse qu’hier. Ca me fait comme un soupir, une respiration supplémentaire. Il est temps pour moi de marcher dans la ville, rattraper les kilomètres perdus.
Assis à la table à ma droite, André Manoukian. Et sûrement d’autres hommes au visage inconnu, au passé chargé de notes et d’harmonies en tous genres. Je ressens en ces rues l’infini des possibles, des opportunités. C’est comme s’il suffisait là tout de suite de se lever de sa chaise et bousculer ses chances par un peu d’audace. Je veux dire, c’est à portée de bras. La différence avec les autres espaces, c’est qu’ici les choses se dessinent. Sous nos yeux, et sans nous souvent. Ce n’est que nous qui les laissons filer avant même de les avoir fait glisser d’entre nos doigts. Mais ils sont fous. Ils sont fous ces choix là qui se présentent à nous. Moi qui arrive de ma grande province, j’en viens à discerner l’attrait. Ce que l’on peut avoir, et ce que l’on n’aura pas. Il y a des lieux qui probablement ne nous offriront jamais les mêmes opportunités. C’est important alors, de murir son chez soi. Peut-être qu’on n’a pas le même destin selon sa ville. Mon Dieu, c’est étrange pour moi. Récemment concevable.
C’est errer dans la capitale qui me force à ouvrir les yeux, petit à petit, paupière après paupière. Je dois réfléchir au cadre permissif dans lequel je pénètre lorsque je franchis la porte d'un tel environnement. Et je sais bien que ce cadre là dans lequel je suis née n’est pas adapté au format grandeur nature de mes aspirations. Alors que faire. C’est difficile de se plier à ce genre de logique lorsqu’on reste attachée à un air, une odeur, une lumière, un soleil.
Pourtant, il va falloir s’en donner à cœur joie. Quitter la cambrousse comme on quitte un mari et deux gosses, comme ça, par intermittence, garde partagée, mon cœur qui doit se fendre en des directions opposées, les valeurs d’un côté, et les priorités autres. Ce qui est important. Pour moi en tant qu’adulte, non simplement en tant qu’être, y ai-je vraiment réfléchi? De mon destin tout tracé, en ai-je pris le coche?
Elles sont idiotes hein, ces questions qui s’entassent. Je ne sais pas comment devenir adulte, ni à quoi ça ressemble. J’ai l’impression que c’est loin encore, inatteignable. Mais en ce moment surtout, je me demande, si je suis à l’endroit de mon propre épanouissement.
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