Ecrit le 31.07.11 à 13h35
Je suis bien, là. Je m’endors dans ses bras et je ne perds pas mes rêves. Au contraire, ils sont plus riches, abondants, je me souviens de tous les détails et substances étranges, teneur en bizarre. C’est vrai, les gens se retournent lorsque l’on marche en se tenant la main. On ne se pensait pas si choquant pour les autres. Mais qu’importe. Il n’y a pas de preuves d’amour à donner. C’est ce que j’aime chez lui. On est là, ensemble, sans justification. Sans avoir quotidiennement à mériter sa place. Des questions, on peut s’en poser. A plat, calmement, à aborder les différents angles. J’aime cette liberté d’action là. Mais il faut toujours un mais, n’est-ce pas.

Mais il n’est pas à moi.

Il est surement à une autre, et probablement pas qu’à une seule. Un type simple embarqué dans des histoires compliquées, c’est possible? Si je n’ai pas à me battre pour ma place c’est parce que je n’ai pas de place. C’est peut-être même complet, peut-être qu’il n’y a plus de poste à pourvoir, une pénurie de sièges. Viens, entre chez moi, assieds-toi où tu veux. Tu peux rester debout aussi. Près de la porte de sortie, au cas où. Enfin, ce n’est pas vrai.

C’est juste que ça fait un an. Jusque là, pas vraiment envie de se poser. Et pour une fois, j’entre chez toi, un peu en ton cœur et je m’y sens bien, à l’aise, un peu comme chez moi aussi, ça y ressemble, et j’aimerais bien m’y caler un instant, le temps d’un thé, d’un parcours, de quoi causer, mais t’attends quelqu’un. T’as beau t’ouvrir, me dire toutes ces choses dont tu ne lui fais pas part, t’as beau me donner ton corps entier et ta pudeur, ta maison, tes bouts de vie, de temps qu’il te reste, t’attends qu’elle revienne et une fois qu’elle sera là faudra que je lui fasse de l’espace, que je m’efface, faudra que je me lève vite fait et referme la porte derrière moi, comme si de rien n’était, n’avait pas été là, pour que tu puisses continuer à vivre l’amour vache qui t’enserre.

Je ne crois pas être prête à m’investir dans une relation aussi ouverte. Me pencher jusqu’à tomber amoureuse et nous voir courir sur tous les plans, dans toutes les directions que nous dictera notre cœur parce que je ne veux pas me perdre, je ne veux pas solidifier l’inconstance même si les limites c’est nous qui les fixons, je veux au moins pouvoir être celle qui est réellement invitée dans ton salon, celle que tu veux voir rentrer le soir à qui tu dirais « bonne journée? » sans penser « et si? ». Etre celle à qui tu penses en premier, celle que tu compares aux autres, parce qu’il peut y en avoir d’autres, et il y en aura toujours, mais, sans te demander autant de preuves d’amour j’ai besoin pour une base d’histoire, au moins, que l’on m’ait choisie.

Ce n’est pas si grave dans l’instant présent.