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Le coeur naturiste
--> Expérimenter l'ouverture intégrale

Ecrit le 24.09.11 à 03h00
J’étais postée debout sur le rebord et je n’ai pas pleuré lorsque j’ai aperçu le contour de mes limites. A deux doigts pourtant, mais les larmes n’étaient pas assez lourdes pour s’effondrer sur mes joues. J’ai dit à Sian que ma mine maussade était reliée à nos vies communes, côtes à côtes, singulières, sans pour autant en porter le singulier. Je lui ai dit que ces derniers jours, j’étais sur le point de sauter, mettre un terme aux indécisions et situations embarrassantes. Mais que chaque jour, je faisais marche arrière, pensais que ce n’était pas si douloureux, que ça pourrait aller comme ça quelques temps encore. Encore.

Je lui ai dit que je crevais de trouille à l’idée de me tromper, de ne pas être assez forte, de fuir ayant aperçu un des fameux contours de mes limites, son pourtour, pour courir jusqu’à un centre et la certitude de ne pas trébucher de trop haut. Que j’avais peur. Sans savoir pourquoi. Que ça m’angoissait. L’idée que ça s’arrête. Qu’il ne soit plus là de cette façon particulière. Je lui ai énoncé toutes ces évidences qui me poussaient à douter du sens de notre union même si je sais que contrairement à ses débuts aujourd’hui elle est réelle et je lui ai parlé d’elle. De son caractère à la confrontation. Je ne veux pas me sentir en concurrence et avoir à prouver ma valeur, justifier ma place. Ou user de stratagèmes indirects et jouer à celle qui craquera en premier. Je ne suis pas comme ça. Si on me provoque, j’arrête le jeu net parce que. Ce n’est pas un jeu. Il y a sur le tapis les sentiments de plusieurs personnes et rien à y gagner.

Oh j’ai bien conscience que Sian est dans la position la plus délicate, celle qui fait le plus souffrir tout en infligeant la douleur aux autres. Parce qu’il faut faire un choix. Mais que s’il était simple, on n’en serait pas là. Alors dans la discussion, Sian et moi on a pris le temps d’étaler les facteurs à plat et analyser. Qu’en vertu des nœuds mis en lumière, les choix il n’y en avait pas autant qu’on se l’était imaginé. Qu’il n’y avait en réalité même pas l’alternative d’un choix.

Je suis restée longtemps dans le silence après ça. Il aurait fallu que l’on me console. Puis, avant de lui dire au revoir et quitter sa voiture, Sian m’a avoué qu’il avait peur lui aussi. Que se confier autant à quelqu’un et de cette manière, ça ne lui était pas arrivé depuis très longtemps, trente ans peut-être. Qu’en tenant compte du bagage qu’il portait aujourd’hui, on pouvait bien en déduire que ça ne lui était jamais vraiment arrivé. Que c’était rare, précieux. Que c’était ce qui lui avait manqué jusqu’à présent et qu’il sentait qu’il ne pourrait pas indéfiniment passer à côté de cette vie là. Empreinte d’émotions. Qu’il avait profondément envie de se poser avec quelqu’un mais qu’il ne parvenait pas à être dans cette envie et la matérialiser, parce qu’il avait peur. Parce qu’il lui manquait ce truc qui était l’expression de sa propre émotion. Qu’avec moi, il était amené à ça. Que comparé avec ses échanges habituels tumultueux, combatifs, intenses et passionnés avec les femmes, ce truc ici c’était comme une terre inconnue pour lui, presque hostile. Et en me parlant de lui avec ses mots, peu à peu, Sian s’est mis à réellement me regarder l‘intérieur. Sans détourner les yeux, avec sincérité. Il m’a offert de me connecter un instant à son être et a ainsi pu vivre pour la première fois ce que je conçois être un partage véritable.

Dans un silence absolument pas futile.

J’ai vu ses yeux brumeux dans nos longs soupirs lorsqu’il a ajouté « j’ai envie de te dire merci ». Et c’est marrant, parce qu’après ce genre d’expérience, on ressent souvent le besoin d’exprimer un merci. Je lui ai avoué, « c’est pour ces instants là que je vis », « je ne peux envisager une relation sans ce degré d’osmose », alors, après un temps, Sian a ajouté « maintenant je comprends ».

- « Je garderai une image de ce moment. C’était…. »
- « …de l’amour? »
- « Hmm… »
- « Enfin je veux dire, pas de l’amour "amoureux" juste de l’amour. Pur. »
- « C’est vrai, je me rends compte qu’il y a une distinction entre l’état amoureux et l’amour. »

Et si je devais choisir je choisirais l’Amour, celui qui n’a pas de forme, qui prend toutes les couleurs, se fond dans tous les moules. L’amour universel, indépendant des différents statuts de relations, qui se plait en chaque être qui a le don de soi. Car c’est un don, une véritable chance qu’il faut saisir lorsqu’elle est à notre portée. Se donner, totalement. Expérimenter l’ouverture intégrale, le naturisme du cœur, un partage qui offre la possibilité de s’agrandir, avoir les moyens de ce qu’on a envie d’être. C’est indispensable.


Ecrit par Dine, le Dimanche 1 Janvier 2012, 08:24 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Bloup =)
01-01-12 à 15:00

Il me faudrait des exemples pour être sûre que je comprends bien ce que tu écris. Genre la diff enre être amoureux et l'amour. C'est assez tortueux. Tu veux des choses très fortes, tu aimes les sensations, je te comprends bien. Hier (ou avant hier) Céline m'expliquait que ceux qui sont dans les sciences humaines, les trucs artistiques (l'exemple était "ceux qui font lettres", pour ne pas dire "moi" lol) sont au coeur des émotions. Dans les bouquins on lit le coeur des gens, on lit des pensées, des sensations. Et ceux qui sont dans un enfermement scientifiques (en visant mon homme) était beaucoup plus dans la raison, la logique. Et moi je trouve un certain équilibre à aimer quelqu'un qui n'est pas lunatique, qui n'est pas comme moi. Qui ne passe pas de l'état de joie absolue à une grande tristesse. Pourquoi je parlais de ça ? Oui bon alors toi tu es plutôt comme moi, de ce côté là, à aimer vivre les trucs à fond*, mais je ne sais pas si on trouve son bonheur de cette façon (*quoi que, je ne sais pas, tu as l'air quand même d'une fille qui a la tête sur les épaules et les pieds sur terre). On vit des choses fortes, mais les choses fortes sont souvent lié à des émotions tristes, puissantes. Les romans ne parlent que d'histoires d'amour impossibles, les chansons racontent des ruptures, des abandons. Toi tu aimes des musiciens, des gens artistes aussi, des gens compliqués, qui se compliquent l'existence. Des gens qui ont peur de l'amour aussi souvent non ? C'est peut-être là l'impasse (tu sais je réfléchis depuis hier soir, je me creuse les méninges !) alors tu aimes des gens qui ont en effet des capacités d'amour très grandes, mais qui n'a pas cette capacité au fond de lui ? On est tous humainement capable de donner tout son être, tout son amour. Mais il faut le faire après. Et c'est là que j'ai l'impression que tu choisis ceux qui ne veulent pas réellement le faire. ceux qui comprennent, qui pourraient, mais qui ne le font pas. Ou peut-être qui le font mal (tu disais que pour Blues c'était trop, tous les jours, toutes les heures, pas un moment pour respirer, à s'en déprimer le corps). Je sais pas. T'es vraiment une énigme pour moi, j'ai du mal à comprendre tes choix et tes explications de choix, alors j'ai du mal à trouver des réponses à nos questions. Je me base sur mon parcours, ma propre expérience, je vois que je suis heureuse maintenant aujourd'hui et j'aimerais que tu le sois aussi, mais chacun prend des chemins différents. Et tes émotions sont belles, et puis au fond elles te donnent l'envie d'écrire et de composer. Je pense que les artistes sont comme ça, je ne sais pas s'il en existe beaucoup qui vivent l'amour de façon simple. D'avance, je précise que je ne pense pas avoir raison, c'est simplement quelques réflexions sur l'amour et le bonheur =)
Et pour être un peu plus centrée sur ton commentaire, c'est clair que l'amour à trois c'est nul, devoir se confronter c'est nul, jeu nul. Et j'aimerais que tu trouves un mec qui n'a pas déjà une attache solide ailleurs, quelqu'un qui t'offrira tout son être sans t'étouffer pour autant.

 
MangakaDine
MangakaDine
01-01-12 à 19:31

Re:

Je pense que tu ne parviens à rejoindre les deux bouts de mon cerveau parce que tu omets des détails essentiels. Le plan spirituel. Je suis quelqu'un de spirituel, voire d'ésotérique (que je place en dessous de spirituel). Dans mon mode de pensée, je ne fais jamais sans.

Par exemple je me réfère à ça lorsque je parle de différence entre l'état amoureux et l'amour. Pour moi, l'état amoureux se rapproche encore grandement de l'ego, même s'il peut être un état sincère, généreux, tout ce que tu veux, il a une grande connexion avec l'ego. C'est un sentiment qui dynamise, inspire et peut être bénéfique si tu canalises l'énergie de façon constructive. L'amour pur, ou universel dont je parle dans l'article, c'est, et ce n'est encore que mon point de vue, l'ingrédient de base de toute chose. C'est la vie, ce que tu trouves dans la nature, les arbres, les animaux, la mer, le ciel et dans chaque noyau d'être humain. Expérimenter l'amour véritable avec un humain (et pour l'instant, ce dont je parle, je n'ai pu le vivre qu'en terme de secondes, voire de minutes), c'est se connecter avec la vie, la nature (je te passe l'énumération) mais c'est aussi se connecter au noyau de l'autre et à son propre noyau, à son âme, sans passer par l'intermédiaire de l'égo, sans passer par les failles, les faiblesses, la jalousie, l'intérêt, les blessures, c'est la nudité de l'être dans toute sa splendeur.

C'est plus facile de l'expérimenter avec des personnes qui ont établi cette vérité dans leur parcours et qui la reconnaissent. Parce qu'à partir du moment où tu la visualises, tu as plus de chance d'y avoir accès. Donc, les magiciens, qui peuvent voir le monde d'un oeil plus perçant, ses ficelles, ses couleurs. Mais aussi les artistes, qui ont trouvé une piste de ressenti assez large, ainsi qu'un chemin de résonance avec leur moi profond, ou en tout cas, qui y tentent. Il y a également d'autres personnes, évidemment! Je te donne simplement des exemples que je connais.

Lorsque je dis que j'aime les sensations, je parle de ces sensations là surtout.
Et c'est ce qui pour moi, représente le simple absolu.
En réalité au delà de quelque chose de très fort, je veux de l'essentiel. Mais l'essentiel est d'une force incroyable!

Ensuite, je suis dans le désir d'expérimenter tous les profils. Je ne pense pas m'être concentré au départ sur quelque chose en particulier. Le milieu dans lequel j'évolue fait que j'ai rencontré beaucoup d'artistes. Il y a aussi le fait que je ne crois pas au hasard des rencontres. Dans mon cas, je côtoie énormément de musiciens ce n'est pas un scoop. Mais Blond, Blues, Eden, Sian, même Rom....ont un esprit scientifique avant tout. Blues a fait une license de math, Eden de biochimie (biologie??? pas sure), Blond l'école des Mines, Sian un bac S, Rom polytech.....j'ai également un esprit analytique et de synthèse. J'aurais pas fait musique ou dessin, j'aurais certainement pas fait lettres! J'étais très à l'aise avec les chiffres. Mais en fait, on est un peu à côté de la plaque. Je ne pense pas avoir choisi des musiciens scientifiques. Simplement des gens très curieux. Donc de la science, des arts, mais aussi des lettres, de l'être, du corps, de l'au delà, etc.... Des gens qui se posent des questions. Et, là aussi, je fais une distinction. Se poser des questions, ce n'est pas se compliquer l'existence! C'est évoluer en ayant possibilité de travailler davantage avec toute cette matière que nous offre ce monde. Avoir plus d'outils en main. Les yeux davantage ouverts. Alors certes, ça complexifie les choses. Mais ça ne les rend pas plus compliquées.

On pourrait croire que "tiens, s'ils ont tout compris, pourquoi ne sont-ils pas facilement heureux alors?"
Voir mieux le monde et plus en détails ne résout pas les conflits intérieurs. Pour ça, faut mettre la main à la pâte, et dans l'effort, on serait presque tous égaux. J'ai également remarqué qu'avoir un brillant esprit d'analyse et de réflexion ne va pas forcément de pair avec le bon sens et la remise en question personnelle m'enfin, ça c'est encore un autre sujet....

Si on peut vivre une émotion forte dans la douleur et la tristesse, on peut également la vivre dans la joie et la plénitude, c'est un principe d'équilibre. Pour l'Art, c'est la même chose. Et une intime conviction.

Pour finir de répondre à ton chouette commentaire, je ne pense vraiment pas choisir des gens qui ne sont pas capable d'aimer. Il y a que parfois, je vois clairement l'intérieur de quelqu'un. Je vois ça et je me dis, houla, mais c'est bien, très bien même! Sans penser "et moi, est-ce que je pourrais convenir?". Je vais vers ce que je vois reluire, sans connaître, et je me trompe rarement sur la marchandise. Ensuite, de par mon intérêt pour un homme, j'attise le sien, sans qu'il le sache. C'est une question de ce que je lui envoie. Au final, c'est moi qui les attache. Et je me plains qu'ils ne m'aiment pas. Mais ils ne peuvent pas m'aimer! Leur attirance pour moi n'est que le produit de mon envie de les connaitre! Ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas aimer, mais qu'ils ne peuvent m'aimer. Ca, c'est lorsque je ne souhaite pas laisser faire les choses et que je force le destin, parce que je ne veux pas passer à côté de ce que j'ai vu. Mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Fondamentalement, on pourrait aimer et trouver le bonheur auprès de n'importe qui. Faut juste être conscient de qui on a en face de soi et accepter que cela nous suffise. Ca dépend aussi du niveau dans lequel tu souhaites évoluer. Du nombre d'ingrédients avec lesquels tu veux construire ta vie. Faut pas se leurrer. Viser moins par sécurité, ou trop haut par inconscience. D'où l'importance de se regarder et se voir vraiment tel que l'on est. Et souvent d'ailleurs, c'est plus que ce que l'on croit.

Allez, encore un dernier truc.
On ne s'est pas aimé d'un mauvais amour avec Blues, ou disons, l'amour qui était un soucis. Exemple : tu es à un repas. Tu as un truc simple mais délicieux dans l'assiette. Tu savoures, c'est exquis. On te dit que ce plat là, tu peux en reprendre à volonté, autant que tu veux, autant que tu auras faim. Et là tu te goinfres, tu ne sais pas t'arrêter parce que c'était ce que tu voulais avoir, cette saveur là et aucune autre, dans ton assiette, tu manges jusqu'à n'en plus pouvoir, que ça déborde de tous les côtés, tu manges jusqu'à en vomir, jusqu'à ressentir le goût te remonter l’œsophage, les aliments traverser ta bouche à contresens, mélangés à la bile, à la glaire, à un goût amer dégueulasse, à un goût de trop, d'impatience, alors que tu te pensais insatiable en réalité, c'est ton corps qui a fixé la limite. Ce que j'essaye d'expliquer c'est que, l'amour entre Blues et moi, c'est le plat. Nous sommes le plat. Nous sommes aussi celui qui le mange. Voilà.

J'espère avoir répondu à toutes tes interrogations.
(je me relis pas, c'est trop long hein)

Et je t'embrasse.

 
Perfect-plank
Perfect-plank
04-01-12 à 01:07

Re:

Dine, tu sais quoi, je te lis de plus en plus assidument.

Je sais pas, parfois je me dis que je te rejoins, sur beaucoup. Sur énormément, même. 

Enfin, ça me fait plaisir, tes mots.

Je t'embrasse


 
MangakaDine
MangakaDine
04-01-12 à 04:54

Re:

J'ai pensé à toi lorsque j'ai posté cet article, à tes je t'aime universels qui avaient fait écho à mes ressentis. J'avais même écrit un petit commentaire qui témoignait des similitudes ici. Je ne sais pas si à l'époque tu l'avais lu... Qui aurait cru qu'on finirait avec le temps par se ressembler autant? Pas moi en tout cas.
Enfin, ressembler n'est peut-être pas le mot approprié.

Parfois quand je lis certaines de tes phrases je sens ma tête qui acquiesce toute seule.

Tu as répondu non pas à l'article mais au commentaire, c'est curieux. Tu t'y retrouves aussi? Non parce que là, on touche à des choses particulières.

Bonne année Estelle, qu'elle soit pleine.
Et puis, continue d'écrire.

Je t'embrasse aussi. :)