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Le sommeil n'est-il pas paradoxal?
--> J'existe pour te faire plaisir

Ecrit le 28.09.11 à 21h20
Ils sont marrants ces personnages de rêves. Ils ont une espèce de charisme d’acteurs de cinoche, le film de nos nuits et ils prennent ça à cœur. La dernière fois c’était un beau gosse séducteur qui frimait devant les donzelles, puis en même temps il avait pas vraiment besoin de ça elles bavaient déjà toutes, il était ancien membre d’un groupe à succès devenu chanteur un peu sinistre décidé à vivre de ses propres chansons d’une prose particulière. Il était beau, oui, et toujours la répartie pour lui. Un grand bonhomme maigre et plein de vie avec qui je partais en voyage extraordinaire. Je ne me souviens plus très bien, la journée s’est écoulée sans crier gare et j’aurais dû faire davantage attention à la mémoire. Je me rappelle en revanche avoir lu un jour quelque part à travers la toile un compte rendu où la personne ayant retrouvé sa lucidité au beau milieu d’un songe demandait à un de ces protagonistes d’une aura hors pair « mais pourquoi es-tu ici? », cette femme très belle qui ne cessait de lui sourire en silence avait alors ouvert ses lèvres et prononcé « j’existe pour te faire plaisir ».

« J’existe pour te faire plaisir. »

C’est intriguant, non? Cette pensée que notre cerveau vit pour nous-mêmes. Il envoie des personnes attrayantes comme s’il était amoureux et ne pouvait l’exprimer que par l’imaginaire. A moins qu’il réponde simplement à un besoin. Primaire, ressentir le plaisir à tout moment de l’existence. Même lorsque l’on dort? Est-ce que ça régénère? C’est étrange. Je veux dire, pour ceux qui ne se souviennent pas.

Le matin d’avant-hier, je parcourais des ruines gigantesques en touriste et m’extasiais devant les sculptures et restes de culture d’une époque révolue mais puissante tout en pensant « c’est vrai que c’est beau et que ça peut impressionner mais ça n’a quand même aucune mesure avec la beauté des vestiges de tes rêves à caractère spirituels. Oui, les paysages des rêves spirituels n’ont ni la même ampleur, ni la même valeur. ». Je déduisais cela tout en admirant ces temples et monuments et concluais que le cerveau humain seul est un bon architecte nocturne, sans pour autant parvenir à l’excellence. Je concluais cela à l’intérieur de mon rêve : être dans un rêve normal n’apporte pas la même profondeur de paysage qu’un rêve spirituel. J’avais conscience être en train de visiter un paysage à l’intérieur d’un rêve, mais je n’avais pas conscience être en train de rêver. Le sommeil n’est-il pas paradoxal?

Comment puis-je concevoir des choses si surnaturelles sans avoir de déclic? C’est-ce qui m’épate. Je me savais naviguer dans un rêve sans me savoir rêver. C’est trop fort. C’est intense, le parcours logique, les liens qui n’existent pas au sein d’un autre espace. Fascinant.

En ce moment, je rêve tous les jours. Et c’est vrai, le baromètre du niveau de mes songes se mesure à la beauté des paysages, de la nature, des civilisations, des constructions architecturales, des êtres? Je me méfie souvent des êtres. Ils m’induisent en erreur. Un paysage ne ment jamais. Ou rarement. Quel serait l’intérêt?
Exister pour me faire plaisir?


Ecrit par Dine, le Lundi 2 Janvier 2012, 17:27 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Mnémosyne
02-01-12 à 23:16

Re:

"J'ai rêvé que j'étais un papillon... Ou bien était-ce un papillon qui rêvait qu'il était moi ?"
Le sommeil n'est pas tellement paradoxal si l'on considère qu'il est le reflet d'une réalité différente de ta réalité consciente.
Peut-être est-il bon de considérer le rêve comme la réalité et la réalité comme un rêve ?

 
MangakaDine
MangakaDine
04-01-12 à 05:55

Re:

Tiens, je lisais un truc hier ou avant hier qui donnait ce conseil comme un exercice pour atteindre le rêve lucide. Passer un ou deux mois à imaginer systématiquement notre réalité comme un rêve, inverser les certitudes et l'image que l'on a de la réalité, en quelque sorte. J'ai bien envie d'essayer.

De la même manière, je n'avais jamais pensé à cette possibilité là. Tu sais, nous regardons le monde avec nos yeux, celui qui est en face de nous. Mais je ne m'étais jamais regardé l'intérieur comme je regarde le monde, il suffit pourtant de tourner ses yeux ou d'inverser le regard, à 180° et il y a moi, mon être, que je ne fixe plus dans une glace non, mon être juste qui se laisse entrevoir par mes propre rétines, la forme est tout autre. L'impression aussi.

Mais je m'exprime peut-être mal....

Bienvenue chez moi, Mnémosyne.

 
Mnémosyne
05-01-12 à 10:25

Re:

"Je suis la machine qui vous montre le monde tel qu'elle seule le voit," disait Dziga Vertov à propos de la caméra.

C'est pas très facile de se regarder à l'intérieur comme on regarde le monde et vice versa.
Lorsque je regarde la réalité comme un rêve, je constate étonnamment que ce qui me semble douloureux en étant "conscient", ne l'est pas tant que ça. On ne rattrape pas les rêves, ils se contentent de passer, objectivement, et souvent on ne se souvient pas des rêves, ou pas parfaitement du moins. Alors on les oublie, et ce n'est pas très grave. C'est ce qu'on se dit. Alors imagine la réalité ainsi, et c'est moins violent, on peut mieux apprécier l'instant je trouve.
Et le rêve devenant plus réel que le réel lui-même, on se dit que notre réalité peut être tellement absurde, aussi absurde que le rêve.
Se priver du miroir déformant c'est être lucide, voire sans égo. C'est donc plus ou moins une question d'observation, de point de vue. Si tu retires les filtres du moi pour ne garder que l'être, tu es Toi telle que tu es.

Je dis n'importe quoi ? Est-ce parlant ?

 Merci pour l'accueil !

 
MangakaDine
MangakaDine
09-01-12 à 05:33

Re:

Purééée j'étais en train de valider mon commentaire et j'ai tout perdu! Arrh! En plus j'étais en train de dire que dans la vie, on ne pouvait jamais vraiment tout perdre.....oui ben sauf les commentaires, hein!

Argh.

Bon reprenons. Je disais, lorsque je tente de me regarder l'intérieur c'est étrange, j'ai des frissons qui me parcourent le corps et de grandes secousses d'émotions alors, ça me fait déconnecter.

Je disais aussi que mon rapport réalité/rêve actuellement tend plutôt vers l'inverse. J'ai les rêves trop réalistes. Pas dans le sens de logique ou cohérent, mais plutôt dans celui de tangible, palpable. J'ai vraiment l'impression qu'ils se rapportent à mon vécu, et leurs sensations ont du mal à me prouver le contraire. Je me souviens de mes rêves d'enfants, ils ont grandi avec moi et aujourd'hui, lorsque je colle un souvenir de songe à celui d'un instant réel, je ne fais plus de différence. Ils sonnent tous deux aussi fort en moi, et crédibles. Lorsque les rêves sont relayés à l'état de souvenir et mélangé avec le vécu dans la mémoire, ils ont tout, tout d'un fait réel, c'est juste qu'on se rappelle encore d'où ils viennent, ça nous permet de ne pas faire d'amalgame. Mais il m'est déjà arrivé de m'amouracher de quelqu'un en songe. Le sentiment est si fort, si vrai, qu'il persiste. Qu'il a pris racine, dans un songe certes, mais maintenant il est là, et il continue d'exister les yeux grand ouverts, et parfois, s'en suit une véritable histoire. C'est difficile dans ce genre de contexte justement de cerner ce qui est "véritable".

Il y a quelques jours, j'ai rencontré une personne dans une grosse soirée. On a un peu discuté, et très rapidement, on en est venu à parler de ce qui était important. Une conversation sincère et sage, un peu incongrue en vue du contexte. Cette simplicité nous a mutuellement touchés, et donné envie de se livrer l'un à l'autre, sans se connaître, en quelques phrases. Je lui ai confié ce qui me chagrinait un peu ces derniers temps. Alors, en réponse à mes inquiétudes et comme encouragement, il m'a dit ceci avec un grand sourire : "il n'y a pas d'enjeu".

Il n'y a pas d'enjeu, c'est un peu comme regarder la réalité comme un rêve, non? Ca y ressemble je trouve. Ca rend les choses simples et désuètes. Il n'y a pas d'enjeu, c'est vrai.  Quoi qu'on fasse, immanquablement, arrivera demain. Et après demain. Et cetera.  Alors, ce n'est pas si grave.

"Se priver du miroir déformant c'est être lucide, voire sans égo. C'est donc plus ou moins une question d'observation, de point de vue. Si tu retires les filtres du moi pour ne garder que l'être, tu es Toi telle que tu es." En ce qui concerne ces phrases là, je suis pas mal d'accord. Ce sont des questionnements qui se sont beaucoup retentir ces derniers temps en moi, et dans mon entourage.

Je te remercie pour tes éclairages!

(bon, j'ai essayé de me remémorer le commentaire comme je l'avais écrit, mais je sens que c'est moins bien formulé, ou en tout cas, que les liens entre les idées sont moins bien amenés, évidents, désolée!)