Ecrit le 11.10.11 à 14h50
J’ai quand même le sentiment de pouvoir accomplir un certain dessein dans une ville comme Paris. Les rencontres. Tous les jours que Dieu fait est donnée une de ces performances du fruit du hasard. J’en subis la surprise et m’en émeus un peu. Dans le métro, on m’aborde souvent. La dernière fois, c’était pour causer littérature et musique. Le type avait le flair pour me choisir moi, franchement.
Des hommes charmants m’adressent des sourires, me fixent d’un regard empreint de bienveillance. Des vieilles dames esquissent le souvenir de leurs quartiers préférés, me tendent leur paquet de mouchoir, insistent pour me l’offrir, je récupère des numéros de téléphone à la pelle, croise des lesbiennes rockeuses qui m’invitent à leur tablée, m’ouvrent les portes de leurs univers intimes, se dévoilent de leurs histoires sans ressemblance. Dans Paris les artistes sont partout comme des envahisseurs discrets, mouvants, se reconnaissant à peine mais se sentant venir à des kilomètres. Je mange à m’en donner des nausées, tous les soirs une gastronomie différente, je suis gourmande de ces instants, avide de cette vie à croquer et les gens se demandent « mais que fais-tu? » « quel est le secret de ton ubiquité? » se posent de plus en plus de questions sur le pourquoi de mes visites à la capitale et des moyens dont je dispose.
Je suis riche. Ce dont j’ai besoin ne coûte rien. Mes petits plaisirs ne sont jamais excessifs et à la fin il me reste toujours quelque chose. Des images qui valent tous les trésors et biens précieux, certaines que je ne parviens à saisir, Grand Fou accoudé au comptoir les yeux rivés sur la scène, ses yeux comme des billes que l’on m’aurait confisquées à cause d’une bêtise, je le sens partir, partir comme on oublie une image, une image qu’on n’a jamais vraiment pu mémoriser, qui nous est restée comme ça, floue, délicate, incertaine mais belle dans ses doutes, qu’on a déjà abandonné au profit de l’effet qu’elle a eu sur nous, une impression lointaine de non-lieu, non-vécu, de doux mensonge dit à un aveugle qui n’aura jamais l’occasion de vérifier l’exactitude, une envie de retourner dans le brouillard, dans ces lois, d’une physique quantique, qui nous avancent que c’est mort et vivant à la fois, c’est mort et vivant à la fois, je veux me retrouver dans cet espace là, où j’avais encore une chance de t’intriguer, de te plaire, une chance de tout foutre en l’air, la boite fermée sur tes désirs. Je t’aime à ma manière alors ne me la renvoie pas.
Cette vision nette de mon émoi à côté de la plaque.
Commentaires :
sortie des artistes.
The cat in the hat.
castor