Ecrit le 15.10.11 à 02h30
Monter sur la moto d’un beau blond les cheveux dans le vent et rouler vers l’ouest, je n’osais pas m’approcher, m’accrocher à sa veste. Tâter les pianos droits ou aqueux, visiter de grandes pièces, peu meublées, minimalistes, les micros haut perchés. Je me projetais facilement là dedans. Ca avait l’air agréable. Les soirées au champagne pour les anniversaires et la mamie argentine qui m’invite en after, j’en ai fait des rencontres, elles étaient sensationnelles, riches en couleur. Ce type dans le métro au sourire d’enfer, cet homme dans une autre rame avec ses baguettes et ses harmonicas qui m’aborde pour me parler de Rilke, ils ont tous l’air chouettes avec leurs histoires folles, je me sens retourner à l’école, apprendre tout ce que l’on me tend en pâturage, des récits d’un autre âge, les secrets de mon bistrot préféré, sa gérante thénardière et les serveurs qui me tiennent pour confidente. J’aime toutes ces nuits passées dans la capitale. Ces nuits de solitude où je me sens remplie. Peu à peu je reconstitue le puzzle en découvrant les pièces, grandes, peu meublées, minimalistes et lourdes de sens. Je passe langoureusement mes doigts dans le nez de Rom et l’on reste comme ça, à danser, nez dessus doigts dessous, à rire des absurdes, il m’assoit sur ses genoux et m’écrit qu’il m’adore, tout le monde se méprend en croyant ne pas se tromper, nous ne sommes pas des amoureux mais des âmes heureuses en réalité. Nous nous sommes abonnés aux pâtes vivantes et je ne lui fais faux bond que pour dîner en trois étoiles. J’ouvre mes carnets et me remets à gribouiller des visages aux abords des rues d’automne, je commande quelques thés aux terrasses des cafés, il fait encore chaud. Je garde un peu de mon silence lorsque je croise Grand Fou qui fait mine de ne pas me reconnaitre au moins les premières dizaines de minutes et reste perplexe quant à la chanson qu’il laisse sur son blog rentré de soirée. Je ne discerne pas complètement le charabia de ces entrevues dispersées mais omniprésentes, de ces entrevies trop courtes pour compter. Je marche dans la ville il est souvent minuit passé et je m’étonne de cette lumière intérieure qui fait bronzer les parois de mon cœur. Je prends les trains comme ils viennent et m’endors épuisée contre une vitre peu nette, puis continue le rêve affalée sur un siège de bus. Rentre les clefs dans la serrure inerte de ma porte d’entrée, et je suis de nouveau seule. Véritablement seule.
Commentaires :
Re:
Elles se font rares tes apparitions. Mais je sais que tu lis, alors. Ca me touche que tu fasses cet effort de poser les mots.
T'embrasse.
Re:
Au fond, le problème avec notre propre solitude, c'est le poids que les autres mettent dessus.
Re:
Intérieurs pour l'aspect sentimental et émotionnel, la solitude fait ressortir notre paysage intérieur, j'ai souvent trouvé qu'elle était un terreau très fertile à l'inspiration, la réflexion et le ressenti ...
Extérieurs pour l'isolement social, et c'est sans doute ce poids-là que tu évoques, celui du regard des autres qui s'afflige de notre solitude à notre place ...
J'aime beaucoup la chanson "ma solitude" de Moustaki, qui fait d'elle sa "douce campagne" jusqu'à son dernier jour :)
Re:
Lorsqu'il y a les autres, il y a des connections qui se font automatiquement et ça nous relie, et ça se mélange, et il est difficile de n'être que soi et non la somme d'un bout de tous ces individus. Alors ça nous traverse, le bon comme le mauvais, l'utile comme l'insignifiant, et comment savoir qui et quoi et où et quand, et l'origine, et la finalité, de toutes ces pensées, émotions, états d'être et lesquels nous appartiennent véritablement.
Je t'embrasse.
A partir de là tout est possible. "Je" ne suis pas "seul", "je" suis/est "Tout".
Re:
:)
Art-Orange-2004