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Mesdames et messieurs, atelier pratique
--> Théorie de la boucle

Ecrit le 16.10.11 à 03h40
Je crois que j’ai pas encore bien saisi le sens de l’humour de l’amour. Ca ressemble à du mauvais comique de répétition à cela d’étrange que même si la chute fait pas rire on se laisse toujours berner et prendre par l'histoire jusqu’à la toute fin. Avec Grand Fou, j’ai replongé. C’est que j’ai personne à qui me retenir, faisant office de bouée alors. Il m’a suffit d’un regard.

Je me sens un peu con. Elles sont en bois mes grandes tirades sur les boucles de l’existence, les tourbillons desquels s’extraire, je ne suis pas ce que je prêche auprès de mes congénères. Avec Grand Fou j’ai replongé et ça a été si facile. Peu importe qu’il fasse un geste ou non, de toute manière je me serais trouvé des raisons. Je le sais. Les signes sont partout. Même là où il n’y en a pas. On peut les inventer, les orienter comme bon nous semble, on fait bien ce qui nous chante de notre destin tout tracé. Et puis on dit "c’était inévitable". Mon cul, c’était inévitable.

Je ne cesse de répéter aux personnes qui sollicitent mon aide lors de crises relationnelles que "ce n’est pas tant une question d’individu que de situation". Les protagonistes peuvent défiler, on a l’impression que l’on n’aimera jamais pareil, et puis à nouveau, sans comprendre, le retour des mêmes travers, retranchements, les mêmes prisons qui nous repoussaient les limites. On peut larguer quelqu’un sans justification. Les situations elles, ne se larguent pas. Elles se résolvent.

Il est une erreur dans un premier temps de croire qu’en sauvant l’être aimé l’on sauvera le couple. Que si certaines choses chez lui étaient assimilées, des façons de réagir améliorées, on pourrait vivre ensemble heureux. Si ces tensions là n’existaient pas, il n’y aurait probablement rien eu à vivre avec cette personne, peut-être même qu'on ne se serait jamais rencontrés. L’histoire, elle, se serait bien jouée, mais avec un autre bonhomme. Ce que je retiens en tant que confidente de toutes ces discussions amenées loin avec autant de gens sincèrement épris, c’est que les contextes perdurent et se reproduisent, tant que l’on n’a pas compris et tourné la clef particulière à ce casse-tête intérieur. Alors on peut trouver des excuses sans avoir besoin de les inventer. Elles sont là. Elles alimentent le processus, elles sont le moteur même du système de bouclage, celui qui nous met derrière des barreaux, une cage en perpétuel mouvement.

Le fait d’observer ou d’effectuer soi-même un effort afin de maintenir, prolonger ce statut quo d’attachement mutuel qui ne satisfait globalement personne n’est pas un progrès en soi. Il faut comprendre ça. Lorsque l’on est à l’arrêt, on est en mouvement. La Terre tourne bien sans que l’on n'ait besoin de marcher sur elle. Ce que j’essaie d’exprimer est que les petites modifications de comportement et évolutions que l’on constate par-ci par-là avec le temps ne sont pour la plupart que la manifestation de ce que l’on appelle communément "stagner le nez dans sa propre merde". Alors oui il a changé, forcément il a changé, car s’il n’avait pas fait cet effort là de grandir suffisamment, on aurait fini par partir et alors il se serait passé véritablement quelque chose, enfin. Si on arrêtait de se focaliser sur l’être aimé en pensant qu’avant il était comme-ça, ou plutôt comme-ci et que maintenant c’est différent, maintenant il ne butte plus sur certaines choses, maintenant, et qu’on faisait un peu gaffe à la vie qu’on mène, on finirait bien par voir que les évènements se répètent inlassablement, que les problèmes que l’on croyait résolus se sont simplement représentés sous d'autres formes, peut-être moins violentes, plus abouties, car ils ont grandi avec nous eux aussi et qu’au fond lorsqu’ils surviennent, peu importe la forme, ce qu’ils soulèvent en nous de profond ne s’est jamais vraiment barré. C’est encore là. A coaguler dans nos artères.

Alors ce n’est fondamentalement la faute de personne. Il y a plusieurs types de liens qui peuvent connecter deux âmes et faire surgir certaines blessures. C’est comme des recettes. T’ajoutes des ingrédients et t’obtiens quelque chose. Toi dans le fond t’es qu’un poireau comme un autre, un ingrédient de la liste, on va pas forcément le blâmer d’avoir été mauvais si jamais l’assiette est pas bonne. Et bien sur que si le poireau il donne le meilleur de lui-même le plat aura une autre saveur. C’est basique. Alors faut pas juger les gens. Faut pas leur trouver des défauts plus gros que leur figure parce que souvent, ce n’est qu’à notre approche qu’ils se révèlent, ce n’est qu’à cause du type de lien et des nœuds qu’il met en évidence. En profiter pour se demander ce que nous on peut faire, on est capable de donner pour démêler la pelote. Pour se sortir soi-même d’une situation conflictuelle, on ne demande pas aux autres de changer. Et puis. Rendre les rancœurs impersonnelles permet de pouvoir aimer équitablement chacun sans qu’ils n’aient à porter notre égo en plus du leur. Ca permet de placer son émoi au bon endroit et ne plus gaspiller autant d’énergie à s’acharner sur la façade. Même si c’est dur. Même si au fond, si on se contente de cette situation là, c’est qu’on a peur de changer. C’est qu’on croit qu’on pourra toujours le faire plus tard sans comprendre que le problème n’attend que nous, nous rend visite exprès parce qu’on est prêt, qu’on est capable et qu’il est temps.

Ces mots là qui s’écrivent ce soir sont avant tout des mots que je m’adresse parce que personne ne viendra me les dire à ma place. J’ai bien conscience que je suis un spécimen unique dans le domaine du ramassis de conneries psychocosmiques. Avec André Manoukian. Mais toutes ces théories ne deviennent vérités qu’à partir du moment où on les applique alors. Mesdames et messieurs, atelier pratique.


Ecrit par Dine, le Vendredi 27 Janvier 2012, 17:18 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Art-Orange-2004
Art-Orange-2004
28-01-12 à 20:32

Je te trouve bien courageuse quand je vois que tu n'hésites pas à t'attaquer à cet énorme dossier que sont les relations humaines ! Ce sujet est une source intarissable de questionnement et de remises en cause quant au rapport à l'autre ou à soi et finalement une sorte de puits dans fin quand on se pose trop de questions. Et puis la situation idéale existe-t-elle puisque, comme tu dis, chacun évolue et change inconsciemment tout le long de sa vie ? Je remarque cependant qu'au fil du temps, et à travers tes textes, tu sembles de mieux en mieux te connaître en sachant analyser plus finement ta force et tes faiblesses. Mais bon, il ne faut pas être trop sévère avec soi-même, chacun essaie, je pense, de faire au mieux dans ses histoires d'amour ou ses histoires tout court en répétant, c'est vrai, ce fameux scénario, thème récurrent en psychologie, de façon perpétuelle.
Je crois que le plus compliqué est de savoir quel est le genre de personne que l'on est et celle qui va le mieux nous correspondre, et cela en étant honnête avec soi-même et sans se projeter dans des histoires que l'on aimerait vivre, mais qui ne nous ressemble pas vraiment. Bon je t'accorde que ce n'est pas une chose qui se fait en cinq minutes chrono ;)
Bon je te laisse méditer sur tout ça, jolie Marseillaise, et te souhaite, puisque l'accueil est chaleureux ici, de belles choses à venir. De toute façon nous serons au courant de la suite, à condition d'être attentifs et de bien savoir décrypter ton propos qui restera toujours en décalage horaire et inexorablement ta marque de fabrique !
Biz.


 
MangakaDine
MangakaDine
09-02-12 à 04:43

Re:

Oh, mais cet énorme dossier que sont les relations humaines est totalement fascinant alors si je m'y atèle, c'est avant tout par passion!

C'est marrant, mon mode de pensée ne fonctionnant pas sur une idée de "situation idéale", ça me surprend toujours un peu lorsqu'on me le met devant la figure, comme si j'avais oublié qu'il existait cette notion là, aussi. C'est que je ne pense pas qu'il faille se concentrer sur ça. Une situation idéale comme un but, ou le bonheur comme une finalité. Ou vice versa d'ailleurs.
Je pense que toutes les situations sont par la force des choses idéales. Que nous n'avons aucune idée de ce qu'est cette situation idéale pour notre propre cas de figure et que de ce fait, nous ne voyons pas. Que c'est l'envie de trouver ce truc que l'on a défini d'idéal qui nous aveugle. Parce qu'au fond, pour moi, idéal, ça pourrait se remplacer par "adapté", par la pièce carrée qui va dans le trou carré, et la pièce triangulaire qui va dans le trou triangulaire. Et que pour ça, il suffit de discerner. Quel pièce on tient en main, et dans quel trou on la met. J'en suis venue à rejoindre la fin de ton commentaire, tiens. Pas fait exprès.
Je ne crois vraiment pas que chacun essaie de faire au mieux dans ses histoires, ni avec ce qu'il a.
Déjà, comment tu veux faire au mieux si tu sais pas ni ce que tu es, ni dans quelle situation tu es? C'est à dire, ni la pièce que tu as, ni dans quel trou tu essaies de la mettre? Ce qui m'agace, ce sont ceux qui disent "je fais de mon mieux" en se contentant seulement de continuer à enfoncer la pièce, plus fort, cette force qu'ils mettent à défoncer le jeu sans vouloir définitivement comprendre que c'est pas comme ça qu'on joue, que ce sont juste des efforts balancés dans le néant. Ce n'est pas vraiment ça qui me dérange dans le fond. Non moi, c'est ce "j'essaie de faire au mieux". Parce que je ne crois pas connaître réellement une seule personne qui fasse ici du mieux qu'elle peut. Ni qui en ait envie.
Parce que, et ce n'est encore que mon avis, lorsqu'on veut véritablement faire au mieux, ça implique de devoir changer d'état d'esprit, changer ces choses que l'on ne fait qu'à moitié, ça implique de s'en demander plus sans s'en demander trop et ne plus se satisfaire de ce que l'on sait pas très juste sans pour autant être pour l'instant trop nocif, c'est s'y mettre aujourd'hui et ne plus s'arrêter, c'est être honnête et toujours agir en accord avec ce que l'on est (et pour cela il faut avoir fait au préalable le travail de s'être regardé pardi) et ça, qu'est-ce que c'est dur.... mais toutes ces formulations sont déjà obsolètes parce que, si vraiment on veut faire au mieux, si on en a le désir sincère alors. Il n'y a rien de plus simple. Et beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de tous ces problèmes dont on ne cesse de parler et tenter de trouver des solutions.
De toute façon, si les gens essayaient vraiment de faire au mieux, ça se saurait. Y'aurait pas photo.

Et puis. Je pensais à ça récemment.
J'ai toujours plus ou moins tenté de rattraper mon retard pris au tout début sur Joueb, de recaler petit à petit mes articles dans le présent. Encore maintenant. Je crois que quand j'y serai parvenue, ce sera symbolique, il sera venu l'heure. Je fermerai cet endroit.

Je t'embrasse.