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Averses
--> Tant qu'il respecte

Ecrit le 07.11.11 à 00h50
Quand on veut arrêter l’amour, on fait comment? Je veux dire, pour la cigarette, il y a des patches. Y’a quoi pour arrêter de tomber constamment amoureuse? La vie ne fait que me tenter, la vilaine. J’ai remarqué ça lorsque Rom est venu passer quelques jours à la maison la semaine dernière. Chaque recoin, lieu propice aux rencontres, j’avais laissé ma trace, mes miasmes d’histoires partout. Pas une seule soirée où l’on n’a pas croisé quelqu’un faisant partie de mon passé, ayant partagé ses secrets et mes draps, c’est assez déstabilisant, l’impression d’avoir fouillé tout ce que je pouvais et d’en avoir fait le tour, de ne jamais pouvoir vraiment être à l’abris d’un coup de foudre, d’une attirance, d’un début, quelconque.

Alors je reste cloîtrée chez moi en attendant que ça passe. Je me dis, si je ne vois personne je serai épargnée. L’espace d’un instant. Garder mes pensées, mes envies à portée de main, avoir le sentiment de les contrôler un peu sans qu’elles ne fusent de tous les côtés, ne s’évadent vers quelqu’un croyant que….croyant que quoi? Qu’elles échapperont à mon emprise?

Ecrit le 08.11.11 à 04h15
Il pleut. Mais je n’entends pas trop. Je sens juste la pluie, de loin. Une vieille ambiance de cataclysme frigide qui me fait me sentir tellement confortable assise sur ma moquette, je n’ai plus envie de dormir, je voudrais écouter cette pluie qui se devine seulement. La musique de Katel couvre les clapotis incessants et je remonte bientôt sur Paris.

Je me souviens de ces quelques jours de pause lorsqu’il est descendu de son wagon me rendre visite. Je me souviens que l’on est allé voir Le Poulet aux prunes après s’être pas mal bagarrés pour le choix du film, que je ne suis pas forcément fan de ces salles sombres où il faut garder le silence et beaucoup trop sensible pour me détacher des images. Il y avait un violon et une histoire d’amour, sans trop pouvoir les dissocier. Et plus les minutes défilaient, plus je comprenais que ça allait être pour moi un épisode difficile. Je me suis retenue. Quand il s’est pris un revers de demande, je me suis retenue. Quand il s’est mis à penser à elle à chaque note de musique, je me suis retenue. Je me suis retenue lorsqu’elle a prétendu ne pas le reconnaître dans la rue, retenue encore lors de ses funérailles. Et puis, la musique tirant le rideau du générique, portée par les phrasés, lorsque les lumières de la salle se sont rallumées, les visages redevenant familiers, j’ai engouffré ma tête dans la nuque de Rom, les sanglots me sont montés à la gorge comme des spasmes de tristesse et j’ai dégueulassé son beau pull. J’ai pleuré comme je n’avais plus pleuré depuis Ice, enfouie dans son épaule, jusqu’à ce que la musique s’arrête, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne, à l’abris, cachée dans ses bras et les sièges rouges du cinéma.

Comment pourrait-il m’être possible d’arrêter d’aimer? Me contenter d’une pensée indirecte, imperméable, qui n’atteindrait jamais le destinataire? Me contenter d’écrire, de jouer mes élans, mes sauts dans le vide. Je braille comme une madeleine rien que d’envisager cette vie mienne.

Alors je préfère encore danser avec Rom des soirées entières. M’oublier, frénétique, laisser le corps aller à parler de lui-même, la transe des battements de mon cœur sur le rythme et prendre tout l’espace, cyclique, cyclothymique, en faisant des tours et des tours sur nous-mêmes jusqu’à ne plus pouvoir respirer, harassés, haletants, et s’écrouler l’un contre l’autre inertes sur la banquette, à moitié morts de fatigue, l’autre moitié, de rire et de satisfaction saine, le sentiment d’être remplis, d'avoir donné tout ce qu’on pouvait, peu importe l’endroit. S’accomplir ensemble avec des gestes simples. Savoir que le sommeil sera lourd et profond. Rentrer chez soi heureux et partager un lit à deux, un bout de couverture, sentir son corps entier réchauffer le matelas, sentir cette chaleur qui ne dit rien de particulier à part qu’il est bien, là, dans mon lit, et qu’il a le droit d’y rester autant qu’il veut tant qu’il respecte. Mes larmes sur son épaule, et les averses inaudibles.




Ecrit par Dine, le Dimanche 12 Février 2012, 06:59 dans la rubrique Actualités.