Ecrit le 06.12.11 à 02h20
Je n’ai pas sommeil. Je n’ose plus trop me laisser aller à rêver, si c’est pour qu’il apparaisse sans crier gare dans le profond de mes songes se mettre à me narguer, à m’empoigner la bouche, à me faire fantasmer sur sa peau, la parcourir, embrasser l’ondulation de son corps et me laisser sur ma faim la conscience réanimée non, c’est naze. C’est naze ça.
Je ne dois pas.
Mais je crains. Je crains que ça se passe trop bien. Qu’on vive un mois exquis, à m’en faire tomber amoureuse. Parce que c’est Rom, et que c’est forcément génialissime, qu’on va se marrer comme des tarés, qu’on va se sourire, se prendre par le bras dans la rue et marcher en cadence, comme la dernière fois sur Paris, se donner la tendresse qu’il nous faut, rentrer dans les magasins se moquer des tenues, trouver des slogans accrocheurs et chanter dans les allées, à s’en fendre la poire, toujours. Parce que je peux roter dans le combiné qu’il s’est habitué à la faute de goût et qu’il s’esclaffe à toutes mes blagues, même les mauvaises. Qu’on fait des jeux de mots de débutants et qu’on s’en satisfait. Qu’on imite une chorale d’animaux sur les meilleurs airs beethovéniens pendant trois quarts d’heure sans jamais se lasser du comique de répétition. Parce qu’il suffit qu’on se regarde pour se trouver mutuellement drôles et beaux à la fois. Parce que je connais son corps, pratiquement par cœur, que je lui masse les mains dans le noir des salles de concert, qu’il me masse les épaules devant la bouche de métro, que je lui masse le dos avant de se souhaiter un bon dodo et que l’on s’indique comment faire, que l’on se palpe les muscles et les fesses, que l’on se partage nos petites recettes, que je saurais tellement le faire jouir à force d’en avoir autant parlé, je connais ses complexes, ses penchants, ses gourmandises, ses faiblesses, je connais ses envies et il connait les miennes et le pire c’est qu’on sait. On sait que ce serait un cocktail d’enfer. Qu’on s’allierait à merveille, ou qu’on apprendrait vite, parce qu’on a les mêmes soifs.
Le peu qu’on y a goûté ne nous a pas déçus. Alors. Un mois à son bras à travers une foule d’étrangers. Est-ce que je vais résister? Est-ce qu’on se supportera?
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