Ecrit le 19.12.11 à 02h00
Comme ça repart vite. Incroyable. J’en perds les mots. J’ai toutes ces images, ces foudres auditives qui s’entassent sur le bout des doigts et pas le vocabulaire pour les communiquer. Je me sens. Posée sur le carreau. Ebahie, perplexe, trois ans pour s’apercevoir que rien n’a changé et retomber dans le panneau sitôt dit sitôt fait. J’ai dormi chez Eden et l’émotion est remontée à la surface de mon cœur jaillir comme une fontaine, une blessure par balle, pisser le sang et tâcher les draps qui l’avaient rêvé déjà un millier de fois.

Il m’a dit que dans cette robe j’étais très jolie, plusieurs fois. Mais ça avait l’air sincère et pas racoleur pour un sou alors je ne me suis pas sentie gênée. Ni par ses regards, il n’y avait pas dans leur lueur cette ferveur à me terrasser dans ses jeux de dupes, il n’en est plus à me faire tourner la tête avec des bons mots, il dit juste ce qu’il pense, même si ce n’est pas beau, ni vraiment très correct. J’ai adoré retrouver le chemin de son cerveau et qu’est-ce qu’il m’avait manqué. Eden me grise. Son intelligence est vive, vaste, complète. Et si en plus il commence à vouloir évacuer le gros con de son être, il n’y aura plus d‘entrave, il n’y aura que lui, et moi, et mon envie qui s’accroit.

Alors, il y a bien eu ce moment où il m’a avoué que toutes mes histoires le fascinaient, lui faisaient envie. Qu’il aimerait bien lui aussi avoir quelqu’un pour lui apprendre. Pas à pas, le guider sur la marche à suivre pour trouver le désir, l’art et la manière d’atteindre les différentes phases du plaisir, du toucher, les différents chemins, le coup de main. Qu’il aimerait qu’on se dévoue pour lui montrer comment faire. Une fille avec qui discuter pendant l’amour.

Il me disait tout ça en me fixant moi, à plusieurs reprises, le répéter dans la conversation, comme une requête lancée au courant d’air, et lorsqu’il était couché dans son lit, moi assise à ses côtés sur le parquet, il insistait encore, comme s’il attendait ma réponse. Alors j’ai paniqué, je lui ai annoncé que je pouvais lui présenter Poubelle s’il le souhaitait, qu’elle s’y connaissait bien en la matière. Il a rétorqué qu’il ne la sentait pas, qu’elle n’était pas son genre. Pourtant, Poubelle, je ne connais personne pour qui ce n’est pas le genre, croyez-moi. Je lui évoquais ça et le fait qu’elle lui ressemblait, tant de déclarations d’amour enflammées, de coups de foudre à son égard, et combien d’hommes venus se confesser à moi m’avouer qu’elle était inaccessible qu’ils en étaient gagas et qui par la suite ont essayé par dépit de se rabattre sur moi, la nana sympa, douce et attentionnée, parce que c’est plus facile et consolateur. « Pour moi y’a pas photo, tu es le premier choix » concluais-tu, la voix naïve.
Menteur.

Menteur?