Ecrit le 29.12.11 à 14h55
En fait Eden c’est un peu un mix entre Grand Fou et Blond en moins fou et moins blond, moins timide (quoi que?), moins beau, plus séduisant, aussi intelligent et brillant et misanthrope sauf qu’il se soigne, ou disons qu’il essaie. Tout aussi peu à l’aise avec ses sentiments et ceux des autres enfin, oui. Par succession des faits, c’est peut-être ce vers quoi je suis attirée. Les artistes mi-génies mi-déroutants dans leur façon d’appréhender le monde et les idées mais con-con de la réflexion personnelle.
C’est assez attendrissant de constater qu’Eden fait des efforts avec le téléphone. Après lui avoir craché au visage que c’était ce que j'exécrais au plus haut point, le silence plutôt que le refus, plutôt que les mauvaises excuses la fuite le rien du tout la bouche cousue, et qu’il m’ait avoué détester le téléphone, qu’il avait toujours été comme ça, procédé de cette manière, ne jamais vouloir l’utiliser, ni répondre, puis oublier, parce que de toute façon, s’il pouvait éviter, malgré les remontrances, c’était mieux pour lui. Je me souviens de cela « adresse-toi à mon pote Heguy si tu veux prendre rendez-vous » et d’autres trucs du style « ça y est, j’ai définitivement abandonné le téléphone » et puis c’est vrai que lorsqu’on parle lui et moi à travers un combiné, on comprend à peu près une phrase sur deux, qu’on est obligé de répéter, les blagues auraient pu être drôles si elles avaient été correctement articulées enfin on sent bien que sans visu il est un peu perdu. Je l’ai maudit pour ça. Pour les coups foireux. Pour les heures à attendre qu’il m’appelle, qu’il confirme. Qu’il s’explique. Puis j’ai abandonné.
- « Oui mais, on se voit aujourd’hui, après un temps si long, et rien n’a changé! Comme s’il n’y avait pas eu de coupure et qu’on continuait là où on s’était arrêté. C’est à ça qu’on reconnait pour moi, un lien véritable. »
Sauf que pour moi, il y a eu ce temps au milieu.
Et ce temps là, je n’ai pas oublié.
« Quand les gens ne sont pas là, il n’existent pas. »
C’est ce que tu m’as répété la dernière fois, aussi. Comme un adage. Que tu te sens subir malgré toi, quand même. Avoue. Sur ce point, toi et moi, on ne fonctionne clairement pas pareil. L’absence, je la ressens. Je ressens l’absence comme une présence qui aurait dû être toi. Et j’y pense. Et je me dis, tiens, et si? Et je me demande comment tu vas. Et je me force à ne pas te relancer, sans cesse. Jusqu’à ce que ça devienne moins oppressant, obsédant, impulsif . Jusqu’à ce que je m’habitue. A ton absence. Je me pousse à ne plus te fixer pour flouter tes contours avec le temps et que la peine aussi, se floute, peu à peu, parvenir à ne plus rien distinguer, ni ton visage, ni tes mots, ni le pourquoi du comment. Il n’y a qu’ici que je peux me rappeler. Et c’est mieux comme ça. Parce que pour toi, quand les gens ne sont pas là, ils n’existent pas. Et lorsque les moments ont cessé d’exister, n’ont-il alors jamais existé?
Alors, quand je reçois des petits messages après la bataille qui disent désolé, qui disent que tu n’es pas libre, qui disent à bientôt enfin, juste, qui disent, qui donnent enfin une réponse à mes invitations, je sais que tu fais des efforts. Je sais que pour toi, ces messages n’ont pas de sens. Je sais que ton « merci Dine, je t’embrasse » écrit un jour trop tard à mon texto d’anniversaire est insignifiant et ne veut rien dire, surtout après la bataille, que tu ne comprends pas toujours pourquoi tu dois le faire mais que tu te forces parce que tu sais que pour moi, c’est important. Et ça, c’est presque une forme de respect envers ma personne. Réalises-tu? Que tu te transformes. Que tu te mets à vouloir et que ça fonctionne. Et que si tu souhaites préserver ce lien que tu trouves véritable, même si tu es trop loin, même s’il l’on ne se voit pas, que tu communiques peu, je sentirai. Ta volonté sincère, jusqu’à moi. Je la sentirai plus fort encore que ton absence.
Et ce n’est pas peu dire.
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