Ecrit le 02.01.11 à 00h25
« Ces choses là ne s’oublient pas. »
C’est facile de le sortir quand on a pas vingt ans.

Moi je vois bien aujourd’hui, je galère à recoller tous les morceaux. Même si j’ai la mémoire perçante, cette année et pour la première fois, il y a des moments de vie partagés dont je me sens totalement étrangère lorsqu’on tente de me les rappeler. Ca me fait un peu peur. Que le sac à souvenir ne soit pas infini. Qu’il déborde plus on avance sur le trajet, et qu’il en dépose par ci par là quand on aborde un peu trop brusquement le virage. J’ai peur d’en laisser derrière moi. Alors, j’écris pour sauvegarder les instants.

Tu vois, un peu comme avec Ex et ses mots d’amour. Je ne m’en souviens pas. Mes textes sont ma béquille, grâce à eux, j’ai mes preuves, parfois aussi, ils me remettent en place. Je ne me rappelais plus combien l’on s’était aimé. Apparemment, c’était une question de chiffres.
2 1’4
Qu’il dessinait dans mon dos. Qu’il dessinait dans l’intérieur de mes pochettes raisin à dessin. Qu’il dessinait dans ses lettres de Noël, c’était mon cadeau, le plus beau des cadeaux finalement, des longues déclarations, et des je t’aime partout. Essayer de poser les mots pour décrire à quel point. Oui, combien.
Dans mes cahiers de cours, il entourait les j, puis les e, puis les t, l’apostrophe….partout, partout, il y avait sa trace, partout, il était auprès de moi, et lorsqu’il faisait semblant de ne pas vouloir me parler, de me mépriser, me haïr, il me dessinait. Sur son plan de travail, mon visage, sans me regarder. Nous étions l’un pour l’autre un premier amour. Et nous avons continué à nous vouloir sans le savoir durant toutes nos années lycées. Au lieu de se rendre malades, tellement novices, nous aurions pu partager nos émois, nos incompréhensions, nos rancœurs. Nous nous aimions, nous n’avions cessé de nous aimer, même après la rupture, c’est juste que nous exprimions chacun l’injustice différemment.