Ecrit le 26.02.12 à 02h35
J’écrirais bien ce qui se trame en mon esprit et en mon cœur, mais à quoi bon. Dans la première bouchée d’un émoi naissant, l’arrière goût de la fin programmée. Sans passer par les stades successifs.
Le truc c’est que moi quand je t’embrasse et te serre de tout mon saoul, je suis pas bourrée. Ni sous prod. Quand je danse avec toi, que nos mains se mélangent, que nos ventres s’emmêlent, quand je te vois me soulever d’un seul bras pour me sentir plus près, je te vois, dans ton entier, je vois tous tes gestes de manière bien distincte, parce que je suis claire, moi, clairement sous le charme de la rencontre. Sous la bienveillance de ton regard. Sous cette main que tu me tends pour me relever et ces gens dans le passage que tu fais reculer pour me laisser la place. J’ai envie de ta bouche esquivée pour mieux tomber dessus ensuite. De tes épaules gigantesques, un peu comme tes doigts. Je voudrais t’entendre gémir, comme dans tes rêves.
Alors quoi, quand le jour se lève ça n’existe plus tout ça. Ca ne compte pas. On rejoue les vieux refrains de suis-moi je te fuis que je n’aime pas entonner, les non-dits adolescents qui posent le brouillard sur le déroulement des interactions alors que c’était tout simple pourtant, dans un lit. Si tu n’avais pas spécialement envie, tu n’étais pas obligé. J’ai senti tout le respect qui s’insufflait dans ta tendresse, tes caresses retenues. Et cette autre nuit à parler qui a filé sans crier gare, sans avoir le temps de fermer l’œil trop occupé lui-même à pénétrer le regard d’en face, oreiller contre oreiller, trop réservé pour faire un premier pas et regretter ensuite de s’être laissés en plan la journée durant. Maintenant que ce pas là est fait, ne le retire pas. S’il te plait. J’aime la texture de ta peau.
Mais je n’insisterai pas des masses. Après avoir vécu des situations claires dans les intentions et dans les actes, pas question de revenir au stade de l’incertitude subie juste par manque de courage de prise de position, et si t’as pas envie de te positionner, il suffit de le dire. De dire. Et alors on fait en fonction, ou on fait pas. La différence elle est dans l’attente, et dans les débilités qu’on peut engendrer quand on veut trouver une solution à un problème qui n’a pas d’énoncé.
Je me sens faillir tu entends. Devenir mélancolique de toi en seulement quelques jours. Je ne te connais pas assez. Et puis c’était couru d’avance. Je l’ai sentie venir à des kilomètres cette attirance. Depuis le temps que l’on me parlait de toi, par personnes interposées, je savais que j’allais bien t’aimer, que ça allait être physique, sans t’avoir vu. Je n’ai pas envie de jouer. Je déteste te courir après dans une soirée, d’ailleurs, je déteste les soirées. Me forcer à dire bonjour au monde et claquer des bises, faire la nana marrante, enjouée tout ça pour espérer t’y voir et sauter dans ton regard. M’ennuyer tout du long et devoir tenir pour la carotte, le petit peut-être, peut-être que tu daigneras m’élancer ta main pour rattraper la mienne et que l’on se cache sous des draps pour mieux s’y perdre. J’ai plus le cœur à ça. Le flou artistique des amours de jeunesse. On n’est plus si jeunes. Alors ce serait bien d’être francs envers soi-même et les autres de temps en temps.
Dis moi ce que tu veux. Et si tu sais pas, dis-le moi.
Mais si tu tardes trop à trouver les mots, je ne serai peut-être déjà plus là.