Ecrit le 03.03.12 à 05h00
Marcher la nuit dans Paris, il est quatre heures et demi les oiseaux chantent. Symbiose somptueuse. La courbe des arbres nus enrobe le silence, le claquement de mes talons au sol et ces mélodies lumineuses, d’une clarté flamboyante. A quatre heures et demi les oiseaux chantent dans Paris. Et les hommes dorment.
« C’est qu’il fera beau demain » me dit ce vieil adulte qui marche maintenant à mon rythme, à côté de moi. On discute, les aléas. On parle de rentrer chez soi après une dure journée de travail. Il ajoute « mais vous êtes jeunes, vous avez encore le temps devant vous ». Je réponds « j’espère avoir ce temps là ». Et les chemins se décroisent.
J’aurais eu envie de marcher encore, tout droit. Dépasser ma destination et tailler la route, continuer de tendre l’oreille aux gazouillis de la vie et me sentir ailleurs un instant. Comme, hors d’une ville. Le ciel violet tel que je l’aime. J’aurais voulu marcher, marcher, marcher. Si seulement je n’avais pas été une femme seule à une heure si tardive. Si seulement j’étais invincible, à l’abris des violences inopportunes.
Alors j’écris, mon envie d’avancer, je me projette faire ces pas là en jetant un coup d‘œil par la fenêtre, n’avoir besoin de personne en Harley Davidson recluse sur le sofa et je trouve ça dommage. Se brider pour une simple éventualité. S’empêcher d’agir en conformité avec le présent à cause d’un peut-être, d’un potentiel mauvais endroit au mauvais moment qu’on ne peut réellement maîtriser. J’aimerais que ce soit applicable également à l’inverse. Refreiner le raisonnable au cas où le bonheur nous tomberait sur la gueule, un peu comme la foudre. Se dire, on ne sait jamais, ça peut toujours arriver, personne n’est à l’abris d’un moment d’intense bien-être inespéré.
J’aurais voulu marcher encore. Mais je suis heureuse du trajet accompli. Avoir pu saisir mes pieds se délier sur le bitume. Et si je n’ai pas poursuivi mon chemin, c’est qu’il manquait quelqu’un peut-être, pour me sentir pleine. Je ne sais pas pourquoi ce soir plutôt qu’un autre. Ce n’est qu’un désir de plus noyé dans un brassement de foule.
On s’y perd.
Commentaires :
Re:
gh : bah non pas nouveau (initiales de mes prénoms)
Re:
Oui, tu me parles souvent du violet. Je m'en souviens bien, ne t'inquiète pas.
Le flot de lumière fait des va-et-viens. Il me traverse. Il ne m'appartient pas, il n'appartient à personne. Alors je ne peux lui demander de rester. Mais quand il le fait, c'est comme un grand cadeau.
bonheur...
Il est très agréable ce texte...
Faire corps avec son environnement, prendre le temps en conscience de respirer, une harmonie semblable à celle d'une chanson qu'on a pu composer, quelque chose qui fait frissonner...
Le bonheur, ne serait ce pas apprécier la beauté de l'instant dans toute sa splendeur... Le passé a construit notre personnalité mais a cessé d'exister et l'avenir sera différent de celui qu'on peut imaginer, alors juste l'instant, le présent...Avec cette légèreté, le lien est tout trouvé avec "tends l'oreille, je suis en train de t'appeler... et... continue d'avancer au son de ma voix, je suis indéniablement là"...
Re: bonheur...
Peut-être que le bonheur, c'est être pleinement créateur de son propre présent.
Re: bonheur...
OUI je PENSE PROFONDEMENT que "le bonheur c'est être pleinement créateur de son propre présent"...C'est ainsi que je suis devenu HEUREUX, en harmonie, détaché...
Après, par rapport à l'amour, le niveau s'est nécessairement élevé, "moins de manques à combler" donc l'attente d'une relation qui va profondément apporter, deux intérieurs qui vont pétiller... peut être "une artiste de la vie et de l'amour"...