Et d'un coup le silence. J'ai un bruit désagréable qui siffle encore en mon oreille, comme pour me rappeler que j'y étais. J'y étais pour rien, sans actualité, évènement à promouvoir, projet à mener, j'y étais pour du beurre, et le cul de la crémière par dessus le marché. C'était peut-être pas le bon moment, qui sait. Boire un coup, j'ai osé la tisane, avec ces gens qui ne seront bientôt plus si loin de moi, puisque je serai de l'autre côté. Va un jour falloir que je me l'enfonce dans le crâne. Il y a bien eu des promesses. Des invitations. Mais qu'est-ce que je vais faire. Faut-il que je rentre dans le monde? Alors que j'ai toujours été à côté. A côté de la plaque.

A côté de mes pompes.

J'me suis sentie tellement confiante qu'hier au soir j'écrivais des obsénités à ce chanteur que j'aime, croyant qu'il allait y répondre dans l'heure même, j'me suis grillée toute seule. C'est parce qu'à force, je commence à correspondre, échanger, faire "l'artiste", ou peut-être est-ce seulement le regard des autres qui a changé. Ca me plait. Il y a des limites. Je ne les connais pas. C'est comme dans mes rêves, je dessine de belles choses, je tate la frontière de l'impossible, je meurs, je reprends instantanément vie et l'imagination fertile me disperse, je suis spectatrice. Je voudrais être en état d'hypnose. Apprendre à en connaître les recoins, de l'esprit. Les beaux d'abord, le sale après, pour être en mesure d'affronter le reste. Pour ça il faudrait que je me lève le matin, déjà. Que j'arrête de pleurer à la moindre dispute. Que je m'abaisse davantage. A ne plus employer autant de je.

Je le vis, mon rêve. C'est pas comme je me l'étais imaginé. Parce qu'on ne visualise pas le chemin, y'a juste la destination, en gros, comme un logo d'accroche. Hawaï. San Francisco. Bora bora. Bourrés bourrés.

Blues n'était pas en bas de l'immeuble à m'attendre. Il était en pleine musique à vivre l'instant présent, sans moi. Il n'a pas fait le cavalier, le fidèle destrier non plus. Pas même le chien de chasse. Il a fait comme bon lui semble tout simplement. J'me suis juste sentie un peu con quand je n'avais personne pour me ramener chez moi à une heure si tardive. Parce qu'il l'a dit, il n'est pas à ma botte. Personne ne l'est. D'ailleurs, mes bottes se sentent seules, elles voudraient bien un peu de visite. De temps en temps.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas écrit. Pourtant j'y pense tous les jours. Tous les jours je me résouds à remettre au lendemain, c'est une question de silence. D'isolation. De papier peint. Je me sens muter. Même mon écriture change. Je le sens, petit à petit tout ça va quelque part devant moi. J'ai hâte d'y être.

Même si ça pourrait être naze au final.