Ecrit le 15.09.06 à 02h15
J'ai l'impression que ça fait longtemps que je n'ai rien écrit. Peut-être parce que je n'ai plus rien à raconter. Ou que je ressens un certain échec....Je le sais. Quand j'ai soudain besoin de me tourner vers un Matthew Bellamy de la musique à idolâtrer pour son physique et ses frasques loufoques sur You Tube, c'est pour pallier au manque d'affection à donner dans le concret. Aimer par procuration. Sauf que je sais pas vraiment ce que ça veut dire.

J'ai pas non plus compris pourquoi je l'ai croisé lui tout seul, ce type. C'est bizarre. Il y a des faits et des gens que l'on finit par oublier. Parce que. C'était juste comme ça, juste une fois, trop loin, trop rare pour que l'on s'en rappelle. Et puis d'un coup, on vous le remet au goût du jour. Toujours de manière indirecte, on vous en parle.

Aaah oui, lui, le copain de machine là, As....tu sais qu'elle est plus avec lui? Elle s'est mise avec un certain S., maintenant.

Ah, lui, As, là. C'est vrai. J'ai dû le voir deux fois dans ma vie. La première fois c'était dans la maison folle à lier. Il jouait aux cartes, une bataille Corse, avec Gourou et Poubelle. Je les avais regardé finir leur partie, j'avais bien ri. Puis je l'avais observé, lui. Ca m'avait troublée. Je ne sais pas pourquoi ni comment. Ce n'était pas vraiment dans le visage, ni dans les attitudes, enfin peut-être. Mais il avait ce truc qui se dégageait, un truc pas extraordinaire, juste...
...juste que ça me faisait penser à Maro.
J'avais l'impression de revoir mon ancien amour, alors que cet As n'était en rien similaire à celui de mon coeur. Peut-être ressemblait-il juste à l'image que je m'étais faite de l'homme qui avait la classe, un Maro réarrangé à ma sauce. J'en avais parlé à Poubelle à l'époque. Enfin, j'avais juste posé quelques questions sur lui, comme ça, sur un ton pseudo désintéressé.

Hier encore, on me parlait de sa copine et de S., son nouveau à elle, Gourou devait passer chez lui pour peindre une fresque dans son appartement, je crois. C'est là que je me suis dit tiens, et As alors, qu'est-ce qu'il devient?

Et voilà qu'aujourd'hui, je me réveille encore à deux heures de l'après-midi, dans le lit de Poubelle. Quel jour on est, le 14? C'est le jour où j'avais prévu mon emplette au Virgin, récolter toutes mes petites sorties mangas préférées de septembre. Poubelle habite juste à côté en plus, la coïncidence du programme des journées entremêlées me facilite la tâche. Je file seule dans mon magasin préféré, j'ai quand même hâte de rentrer chez moi lire tout ça : Nana, One Piece, Hot Gimmick, Beck, tous les derniers tomes, plus Dofus le petit nouveau. Je me dirige vers le dernier pan des nouveautés, voir si j'ai rien oublié. Je lève les yeux. Pourquoi?

Pourquoi lui, et juste une fraction de secondes qui ne m'a fait le reconnaître qu'une fois parti? As... Je pensais à toi hier et te voilà aujourd'hui seul, la première fois que je te croise.

Il ne m'a pas vraiment regardé. Il n'a même pas dû me reconnaître. C'est à peine si on s'était déjà adressés la parole, de toute façon. Néanmoins, je comprends pourquoi il me faisait penser à Maro. La prestance. Ils ont dû être fait dans les mêmes matériaux. Et puis la façon de marcher, aussi. Mais ça, je ne l'ai découvert il y a seulement que quelques instants. Je tourne la tête, fait des va et viens dans les rayons, il a disparu. C'était peut-être une hallucination...

Tant pis, je récupère mes articles, me dirige vers les caisses par un escalier secondaire. Non.

Il était là, dos à moi, assis sur les marches d'escaliers pour lire à l'écart de tous. Il ne m'a pas vue. Alors Dine, fais comme si de rien n'était et tout ira bien.
Je descends lentement les escaliers en angle, en silence, pied après pied, tête baissée, je ne me retourne pas, je ne vois que le sol, je ne vais pas le perturber, même si moi, ça me met dans un sale état, pour si peu. Arrivée en bas des marches, je ne peux m'empêcher de lever les yeux dans sa direction, une dernière fois, c'était juste un coup de chance. Oui, ces yeux déjà en train de m'observer, de la simple chance. Depuis combien de temps il? Et s'il n'a pas détourné le regard, s'il est resté comme ça à me fixer sans gène, sans sourire, c'est que...
Je ne voyais que ses yeux, la rambarde me cachait le reste. J'ai continué de descendre les marches, mes yeux dans les siens, j'ai continué à descendre jusqu'à ce que la rambarde efface son visage en entier. C'était tellement insistant que ça m'a mis mal à l'aise. C'était, tellement froid et insistant. Que ça m'en a rappelé Maro.
Mon coeur battait. Pour rien. Et heureusement que mon coeur continue de battre aujourd'hui.

Même si Blond m'a rayé de sa carte. Même s'il s'est résigné à abandonner notre sort, bien trop vite à mon goût. Même s'il m'évite. Même s'il n'a pas le courage de me bloquer sur MSN, mais qu'il se déconnecte dès qu'il me voit en ligne et réapparaît une fois que je me mets hors ligne. Même s'il a dit à Mélie qu'il appellerait Schtroumphette pour lui demander l'emploi du temps des musicos. Sauf que c'était à moi qu'il l'avait demandé, avant, et que Schtroumphette elle a arrêté la fac de musique.
Alors c'est fini, oui, c'est bien fini, il a compris le message. Il a pris au sérieux mes mots et menaces. Il respecte mon engagement, ma colère. Ma connerie.
Plouf. C'est si facile de passer à autre chose.
De démissionner.

Est-ce que j'aurais le courage d'un jour moi aussi démissionner?