Ecrit le 22.09.09 à 01h00
Je suis revenue. Ca fait dix jours déjà. Peut-être suis-je juste une étrangère dans ce nouveau présent. Etrangère à tout ça, et à avant. Je me rappelle ces heures passées à voir défiler les paysages. C’était seulement le but de chacune de mes journées. Juste m’en prendre plein les yeux et les vagues. Blam. Contre les parois de mes tempes venir s’échouer. Je l’aime. Je l’aime à en crever. C’est mon ancre. Là où il s’enfonce, je reste avec lui. C’est comme une constante. Les paysages peuvent aller où bon leur semble, il suffit que je le regarde et rien n’a changé. Il pourra vieillir, se flétrir et s’affaisser, se transformer à ne plus le reconnaître après toutes ces années ensemble il y aura toujours ses yeux pour me faire revenir auprès de lui. Mon Blues, mon très cher Blues.
Si ça pouvait seulement être aussi simple qu’en Italie. Dès que l’envie nous prend de se dévorer la peau, planter la tente. S’isoler du monde qui nous observe d’un air amusé parce que voilà, il n’y a pas de raison. Il n’y a aucune raison. C’est le plus fou peut-être. Tout le monde au départ pensait que c’était voué à l’échec. On était certes deux êtres singuliers, mais certainement pas pour les mêmes raisons. L’amour qui s’est formé de ce mélange hasardeux, c’est un amour de premier né. Naïf, pur, insouciant et fragile, mais doté d’une confiance profonde en la vie et de ce truc dont personne n’a conscience parce qu’à l’époque on était encore trop petit pour accumuler les souvenirs. C’est vrai ça. Personne ne sait ce qu’il se passe. Ni à quel point. Non, vraiment, personne ne sait à quel point.
Et puis après tout, qui ça regarde.
Je l’ai entendu, dans sa phrase, glisser un « toute ma vie ». Mais il n’a pas osé répéter. Il a dit, s’il n’y avait pas eu tous ces machins barbants du quotidien qui nous poussent à mener à bien des projets d’avenir forcés, moi je serais resté là à tes côtés toute ma vie, sans jamais te quitter d’une semelle. Ca peut faire peur sous cet angle. Je ne sais pas pourquoi ces mots là ne m’effraient pas du tout. C’est comme si je les avais attendus de toutes mes forces. Une nuit sans lui c’est l’angoisse. Je l’aime. Si seulement je pouvais me fondre en lui, alors chacun de ses mouvements serait un des miens, et on danserait une de ces danses collés-serrés jusqu’à la fin des temps. Comme dans un de ces rêves un peu trop poétiques.
Un jour, il m’a demandé : qu’est-ce qu’il y a au dessus de "je t’aime" ?
C’est vrai ça, il faudrait inventer un mot.
Commentaires :
Re:
Merci pour ça.
C'est grâce à lui et à ce qu'il m'apporte. Moi je ne sais pas écrire. C'est juste qu'il nourrit tellement mes pensées. J'aime que ce soit intime. J'aime encore plus que ça puisse l'être pour les autres alors. Merci, vraiment.
(Et puis, sans aucun rapport, mais je suis contente! j'ai plein de mots à lire, de joueb à visiter..)
Re:
Et puis moi aussi je suis contente, quand l'hiver approche Joueb reprend du poil de la bête! De nouveaux blogs s'ouvrent, d'autres recommencent à écrire, je suis toute émerveillée par tant de mots à lire! Uiiiii! Du coup j'ai envie d'encourager tout le monde et insciter les autres à s'ouvrir un Joueb sur notre plateforme! Adorée, la plateforme. I'm happy.
Re:
Je ne sais pas si tu as lu "La nuit des temps" de Barjavel.
Il y a une façon de dire je t'aime, au dessus de toutes.
"J'aimerais trouver les mots
Les mots justes, les mots qu'il faut
Mais tous les mots sont démodés
Tu sais
Alors j'écris je cherche encore
Le mot vrai
Le mot plus fort
J'ai l'impression qu'j'trouverais jamais
C'est vrai
Je sèche comme tu vois
Et toi.
(...)
La musique de tes mots
S'impose
S'installe sur ce thème
Je t'aime"
Re:
Et puis M. C'est pas de la grande littérature, mais j'aime bien.
Re:
C'est bouleversant lorsque ça existe.
Je pense hélàs que chacun d'où on est, on en est loin.
Mais ce n'est ni inimaginable, ni irréalisable.
J'y crois fort fort fort.
Bisoudoux.
Et pour le coup je relève une citation de Beigbeder. Je n'aime pas qu'un auteur soit "dans le vent" à la mode. Il reste assez superficiel mais tout de même, quelques passages m'accrochent.
Dont un, juste pour toi.
"Surtout j’ai appris que pour être heureux, il faut avoir été très malheureux. Sans apprentissage de la douleur, le bonheur n’est pas solide. L’amour qui dure trois ans est celui qui n’a pas gravi de montagnes ou fréquenté les bas fonds, celui qui est tombé du ciel tout cuit. L’amour ne dure que si chacun en connait le prix, et il vaut mieux payer d’avance, sinon on risque de régler l’addition a posteriori. Nous n’avons pas été préparés au bonheur parce que nous n’avons pas été habitués au malheur. Nous avons grandi dans la religion du confort. Il faut savoir qui l’on est et qui l’on aime. Il faut être achevé pour vivre une histoire inachevée. »
Et pour terminer :
« Fan Chiang demanda : Qu’est ce que l’amour ?
Le maître dit : Donner plus de prix à l’effort qu’à la récompense, cela s’appelle l’amour »
Confucius.
Ce sont des phrases qui restent en suspens souvent dans mes brouillons, en attente d'un article à illustrer ou juste pour qu'elle me reste de côté. Là ça illustre à merveille je trouve.
Re:
Il est clair que si on se lance dans une relation pour vivre uniquement des jours de paix et de tranquillité, on se trompe! Après, connaître la saveur du bonheur et savoir le reconnaître, c'est une question de sagesse je crois. Il y en a qui l'aprennent en surmontant des difficultés et grands malheurs, d'autres non. Il faudrait d'ailleurs connaître leur secret. ;)
Tes phrases planquées dans tes brouillons me surprennent à chaque fois.
Re:
J'aime bien ce genre de détails petits clins d'oeil de la vie. ;)
Yume66