Ecrit le 21.09.11 à 23h05
C’est dans ces moments là que je regrette de t’avoir crié sur tous les toits parce que je t’aurais bien giclé de ma vie gommé ton image et qu’on reparte sur un train-train banal chacun de notre côté comme si de rien n’était, sauf qu’ils sont tous là maintenant à me rappeler ton nom me demander des nouvelles, ce n’est plus comme si en dehors de moi tu n’existais pas et que t’effacer de mon quotidien voulait dire t’effacer tout court. Je dois vivre avec. Je dois assumer. T’avoir révélé si précocement c’est tellement pas dans mes habitudes.

Mais je peux pas gérer. Tous les jours, je suis sur le rebord de mes limites. Prête à me viander la gueule. Je me dis, c’est une bonne expérience pour apprendre ses propres contours, ce qu’il nous est possible d’accepter, avec quoi l’on pourrait concevoir des journées qui se succèdent. Mais fondamentalement, ça, c’est dur. Ce n’est pas en soi le fait que tu aies quelqu’un d’autre que moi et qu’il faille en tenir compte. C’est le fait que tu me remémores malgré toi que votre "nous" a plus de valeur que le notre. Que je t’attende avec mes petites surprises ramenées d’Italie et que tu ne viennes pas. Que tu me dises que tu es à Toulouse, monté la voir, et que finalement, tu vas rester quelques jours de plus. Que tu empiètes sur nos moments particuliers, et que tu oublies que j’aurais pu peut-être me languir de te revoir.

Alors oui, ça, c’est dur. Lorsque clairement tu fais un choix entre elle et moi, c’est dur. Même si tu n’as aucune intention de me blesser, ou de me mettre à l’écart. Ca me donne envie de prendre toutes ces douceurs romaines, celles que tu préfères, et de les engloutir seule en une fois. Ca me donne envie de ne plus faire de cadeau à personne. Et de pleurer.

Finalement, les larmes ne viennent presque jamais lorsque l’on n’est dépendant de personne. La solitude, elle ne se ressent que face à quelqu’un, ou plusieurs. Face à soi-même, on est tranquille. On n’attend pas. On n’est pas déçu. J’en viens les années passant à souhaiter n’être qu’à moi, à préférer ne pas donner mon cœur parce qu’il est précieux, j’en viens à penser comme ces gens dont l’amour a été égratigné et qui choisissent de ne pas souffrir, plutôt que de s’évertuer à chercher le bonheur. J’en viens à me sentir lâche, effrayée, honteuse de tous ces échecs que j’ai créés de mes mains et reproduits à la chaîne. A me croire tour à tour pas assez méritante, puis trop calibrée pour un amour médiocre, que je vaux mieux qu’un essai mais qu’il faut sans cesse passer par là et voir à moitié surprise que l’on s’est encore trompé d’itinéraire.

Je voudrais arrêter de me poser des problèmes sur la route et la tailler en paix. Alors parfois quand les faits me paraissent trop tordus, se rapprochant surement de l’inextricable, j’aimerais fissurer le présent me débarrasser de tout et recommencer, vite, avant d’être coincée pour de bon dans l’histoire et devoir la finir. Déchirer les livrets, effacer les esquisses, les bribes de relations et me remettre à imaginer autre chose, un nouvel inconnu qui n’a pas encore de visage, qui pourrait me surprendre à être celui pour lequel je me donnerais toute entière.

En attendant, tous les jours j’hésite encore à revenir sur mes pas me barrer en courant de ce truc trop complexe pour moi.