Ecrit le 19.03.12 à 05h00
Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas si je dois fuir. Je n’ai pas l’odorat assez prononcé, d’où je suis ça ne sent pas si mauvais, ça ne sent pas grand-chose à vrai dire, tout ça reste très incertain, flou et vague. Je ne sais pas quoi faire. Et si c’est une bonne chose.

Tu me fais craquer, voilà.
Mais rien ne va. J’ai fait tout le contraire de que j‘avais précédemment énoncé. Au lieu de te transmettre les mots en face, je t’ai suivi. Dans ce genre de soirées dégueulasses où je n’avais déjà pas envie de mettre les pieds quand j’étais lycéenne et paumée, avec du gros son et de gros drogués, une grosse ambiance de néant ambulant, d’inexistant, d’immense comédie ridicule et pathétique. Où il ne se passe jamais rien que l’on retient, qui touche notre âme. Je t’ai suivi là bas jusqu’à sept heures du matin avec tes potes, ce type qui puait le malsain et pas besoin d’avoir de l’odorat, avec ses trips d’amour libéré à deux balles, quelle blague, y’a rien de libéré là dedans, encore moins d’amour, y’a juste du n’importe quoi en barre et du tu sais pas où tu vas, jamais. Quelle illusion. Où est-ce que j’étais?
Perdue, sans doute.

Et puis toi, au milieu de tout ça. Le bonhomme qui rayonne. Annihilé par ces ondes moches et sales, tu n’étais plus un radar pour personne, tu n’étais plus, et je ne comprends pas pourquoi ça te plait tant cette grande mascarade et ce que tu parviens à y extraire. Je ne comprends pas, et pourtant je suis là. A t’avoir suivi.

C’est peut-être ça le plus incompréhensible.

Est-ce que j’ai eu tort? Me laisser aller à confier mon être à l’inconnu qui m’attire.
On était pourtant comme des petits chats dans ce lit une place. Et aucunement à l’étroit. Normal tu me diras, nous étions encastrés. Parfaitement, ton bras dans le creux de ma nuque, ton cœur sur la courbe de mon dos, c’était limpide. C’était ta main qui ne voulait pas lâcher la mienne et exerçait des pressions lorsque tu émergeais. Dormir si proches. Moi ça me touche. Tu vois, ça, c’est important. Ca pour moi, ça veut dire quelque chose. Te parcourir des yeux pendant ton sommeil. Ta douceur, si subtile. Tes attentions, constantes, des nuits entières, rêver à tes côtés c’est juste du pur plaisir qu’il ne me faudrait rien d’autre. Tu m’étonnes qu’elles te courent toutes après. Si tu fais ça à chaque fois. Si c’est dans ta nature.

Tu me désarmes. Avec toi, je me sens démunie. Plus de recharges de phrases, de gestes, d’inspirations soudaines, d’actes désespérés. Je n’ai que ce truc qui m’amène jusqu’à toi, qui me donne envie d’être celle qui te rend heureux. Déjà.
Alors quand tu me fais la bise sans savoir vraiment où la poser et qu’on en rigole, désarçonnés, ça me rend perplexe. Sérieux, à quoi tu joues. Tu me tiens entre tes bras toute la nuit, tu me fais l’amour à trois reprises alors que tu t’étais toujours retenu de me toucher jusque là, tu me portes aux nues, tu me déshabilles, tu passes des heures à découvrir ma chair et mon corps et lorsque tu te lèves le matin, ce n’était qu’un mauvais rêve c‘est ça? Et retour à la vie banale comme tu sais si bien le faire? Pourquoi tu m’as appelée hein? Tu n’avais même pas la jupe que tu devais me rendre sur toi. Pourquoi moi? C’est toi qui a dit à Ryne que j’étais une fille comme ça, avec le pouce levé. Alors pourquoi? Des plans cul t’en as à la pelle, c’était pas la peine de venir me chercher. Surtout quand je m’étais confiée à toi, à t’avouer que j’étais bien moi, tranquille. Sevrée des hommes. Je crois que t’as pas bien saisi ce qu’est me redémarrer. Tu dois pas vraiment savoir à quel point c’est douloureux, à quel point ça dégage de la puissance. Je suis une succube. Et tout ce que tu vas y gagner c’est te faire dévorer par mon désir, tout cru. Putain je voulais pas, ça. Je ne veux pas t’utiliser à mes fins, à ma faim, insatiable. Alors, ne te sers pas de moi. Ne me déclenche pas. Je ne te l’ai pas encore autorisé, ne fais pas l’inconscient avec moi. Ou ça nous retombera dessus à tous les deux, comme des pauvres ignorants qui ont pas su voir dans quelle galère ils embarquaient.

Tu me fais craquer, voilà.
N’en faisons pas n’importe quoi.