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Décoller les pieds du sol
--> Ou ne pas décoller

Ecrit le 14.05.09 à 00h55
J’ai toujours fait des rêves étranges. Assez fascinants et gigantesques. Parfois je me demande si nos nuits ne sont pas à englober dans le poids de notre vécu. Parce que les yeux grand ouvert on a certes pas déplacé des montagnes et la plupart du temps, on a même plutôt deux fois qu’une pas décollé une fesse de notre canapé. Alors on peut prétendre à rien du haut de notre même pas quart de siècle. Et pourtant, combien de chagrins, combien de décès, grossesses, histoires d’amour, déménagements, voyages, exils, crimes et cataclysmes on a dû affronter dans la réalité de notre inconscient. Combien de fois on a pu mourir. Les souvenirs de ces songes eux font partis de nous, encore, ils subsistent. Les sensations aussi. Ca ne vous est jamais arrivé de vous réveiller le matin en ayant l’impression d’avoir pris en une nuit quelques années de plus ?
Moi oui.

Il y a deux soirs, les rêves étaient presque tactiles. Sensitifs. Bien trop immenses pour pouvoir s’imaginer. Alors le vivre. Comment est-ce possible de pouvoir recréer tout ça, toutes ces choses qui ne sont jamais passées par nous auparavant. Et pourtant elles se construisent sous nos yeux nocturnes comme si elles existaient vraiment, comme si elles avaient été pensées et approuvées par la logique de ce monde. Lequel ?
J’ai rêvé cette situation effroyable qui me dépasse.

C’était mon anniversaire. Et avec des amies je faisais le tour des magasins pour m’acheter des petits gâteaux, pour la fête. Il y avait eu des alertes à la télé durant la journée mais bon, l’anniversaire on ne pouvait pas le manquer, il nous fallait sortir. On s’est retrouvées à papoter de tout et de rien dans les transports en commun, le vent commençait à souffler et c’est quand on a commencé à marcher dans les rues du centre que j’ai aperçu ce truc titanesque se diriger vers nous. Il y a ce bruit qui soudain absorbe tous les autres, celui de la vitesse qui se transforme en fouet d’une manière non ponctuelle, c’est un bruit qui nous enveloppe et nous laisse en dehors du temps dans un terrible effroi qui paralyse. Je me suis retournée, ai observé derrière moi comme pour chercher la solution à mes problèmes mais je n’y ai vu que des gens courir en sens inverse, s’éloigner de ma personne. J’ai alors remis ma tête à l’endroit et face à moi ce mur immense qui tourbillonne, cette tornade sans début ni fin qui sans doutes possibles allait s’abattre sur moi d’un instant à l’autre. A quoi bon courir. Il va se passer quelque chose d’atroce, alors autant être préparée. J’ai arrêté de gesticuler, mon cœur aussi, je pouvais presque le sentir battre entre mes tempes, dans ma tête un calme angoissé et une voix qui ne cessait de répéter….si tu dois mourir c’est comme ça tu ne pourras pas luter, si tu ne dois pas mourir, alors tu survivras, si c’est ton destin de rester fais confiance, fais confiance. Je me disais cela, c’est déjà prévu pour toi poulette t’es face à un truc qui te dépasse complètement, suis juste les instructions. J’avais les pieds plus que jamais encrés dans le sol et j’étais super concentrée, si j’avais ne serait-ce qu’une chance de ne pas crever ici, ç’aurait été con de la louper par inadvertance. La tornade s’est avancée vers moi et l’énorme cercle a commencé à me traverser, très lentement. C’était lent, mais le vent tout autour gravitait à une vitesse phénoménale.
D’un coup, le silence. Juste le bruit du vent qui tourne. Mes pieds ne bougeaient pas, j’étais encore debout par miracle, la tornade continuait sa route, j’étais maintenant à l’intérieur du cercle. Elle avance encore, encore ce silence isolant, je n’ai toujours pas décollé du sol je trouve ça anormal. J’arrive en son centre et là le silence isolant se brise, le temps reprend son cours,  toute la force centrifuge des rafales vient soudain se percuter en ma poitrine,  ce qui avait été emmagasiné durant ce long silence se projette avec une violence inouïe contre mon corps qui ne supporte pas un tel choc, j’ai l’impression qu’il va exploser tiraillé de toutes parts, je ne suis pas de taille à affronter les éléments qui se déchaînent. Et pendant que le vent me mitraille de coups la tornade me fait franchir la limite du centre du cercle et c’est comme si tout se renversait. Le choc est multiple, le monde se retourne les couleurs s’inversent. Tout est noir, le ciel est noir, les immeubles sont noirs avec des taches de couleurs fluorescentes, un peu comme si je voyais en négatifs hyper saturé. J’ai soudain la vision d’un monde cauchemardesque qui m’arrive comme une baffe dans la tronche, étourdie l’espace de quelques secondes. Je ne me rappelle plus comment j’ai fait pour me sortir de là. C’est quelqu’un qui m’a aidé je crois. Je me suis ensuite retrouvée dans une maison qui appartenait à une personne qui a une place spéciale dans mon cœur afin de m’abriter et protéger les habitants et le rêve a continué son chemin, je reste pudique là-dessus.
Je n’oublierai jamais cette sensation qui m’a pris au corps lorsque j’ai cru mourir à l’intérieur du cyclone. Je n’espère pas avoir à le revivre dans la vraie vie, mais à quoi doit-on réellement s’attendre par les temps qui courent ?

Un peu avant dans la même nuit, j’ai rêvé qu’on me proposait de me donner un présent. Une pièce unique, une occasion qui ne se présenterait pas deux fois à moi. Je ne savais pas ce que c’était mais il fallait répondre rapidement et saisir sa chance de suite alors j’ai accepté sans avoir idée de ce dont il pouvait s’agir. Aussitôt prononcé le "oui", j’ai senti d’un coup d’un seul mon dos se fissurer en son centre et quelque chose de terriblement lourd s’ajouter à moi. J’ai regardé de part et d’autre de mes épaules. J’avais des ailes. Des ailes lourdes et énormes difficiles à porter, j’avais pas la bonne carrure vous pensez bien. C’étaient des ailes d’oiseau noble, de longues et larges plumes ocre et beige qui me tombaient jusqu’au genou, on aurait presque dit un pelage. On les avait greffées à ma colonne vertébrale mais je n’avais encore aucun contrôle sur elles, comme si elles avaient été anesthésiées. Alors elle tombaient le long de mon corps, recroquevillées sur elles mêmes. Sans connection avec ma volonté. J’ai d’abord pensé, mais que vais-je faire de ce truc qui m’encombre, pourquoi ai-je accepté de recevoir une telle chose ? Ca me gène, obstrue mes mouvements et déplacements, et ça ne se retire pas comme on se déshabille d’un vêtement, c’est à vie. Puis je me suis arrêtée de penser et soudain j’ai eu des images. Des visions de moi en train de décoller du sol et j’ai trouvé ça magique, incroyable. J’ai compris l’ampleur de cet objet rare qui m’avait été confié.
Quelle impression bizarre de sentir des ailes pousser dans son dos. C’est pas ce à quoi je m’imaginais de prime à bord, c’était très palpable et terre à terre, d’avoir des ailes.

J’ai sommeil, il est 02h30 du matin.
A bientôt dans nos rêves alors. 


Ecrit par Dine, le Jeudi 20 Août 2009, 00:28 dans la rubrique Actualités.