Ecrit le l8.06.09 à 01h55
J’arrive pas à écrire ce mois de juin. Je reste posée devant mon écran blanc et j’ai des nausées qui me viennent. Le cœur qui se serre, la tête qui tourne, je me dis c’est la chaleur. C’est la fatigue.  C’est le manque. De temps, évidemment. Et puis je regarde ces couleurs pastel, roses, violettes, pourpres, fuchsias et soudains les nausées me reprennent. Toutes ces couleurs, ça me fout la gerbe. J’ai plus envie d’écrire là-dessus. C’est plus moi. Mais qu’est-ce que c’est finalement, moi.

C’est peut-être pour tout ça.

Aujourd’hui j’ai pleuré. Allongée sur la moquette verte de ma chambre, j’avais les larmes qui me remontaient dans les yeux et la salive dans le nez je me suis bouchée les sinus toute seule.
En ce moment, je pleure quand j’aime. Je me trouve tellement tellement ridicule. Pathétique. Désolée de vouloir à ce point le retenir, le garder, le partager à personne. Il suffit que je m’observe pour me donner moi-même envie de vomir ma connerie, mon dégoût. Tous ces moyens que je mets en œuvre pour quémander un regard, un geste, une minute supplémentaire.  Et toute cette tristesse pour. Pour rien, des caprices de gosse. Pathétique j’ai dit. Se mettre dans ces états et sortir de son corps, impuissant, se regarder faire sans rien n’y pouvoir. Pourquoi être aussi triste.
Alors qu’on aime.

Il y avait cette voiture qui nous suivait sur le chemin du retour, bras dessus bras dessous. C’étaient les mêmes qui nous épiaient sur la plage. Les gars dans la voiture, ils lui ont demandé :
-« C’est ta copine ? »
-« Non, c’est la copine de mon pote ! »
-« Hayaaaah mec, pour de bon, sérieusement ? »
-« Non, j’rigole, c’est ma copine. »
-« On te croit pas ! Embrasse là alors ! »
Il s’est retourné vers moi et m’a soufflé :
-« Embrasse moi ! »
-« Non non ! »
-« Haha, embrassez vous allez ! »
-« Embrasse moi, Dine ! »
-« Non, je peux pas ! »
-« … »
-« C’est pas ta copine, c’est pas ta copine ! »
Il a rit d’un rire gêné à ce moment précis.
-« En fait, c’est vraiment la copine de mon pote… »

On lui avait dit à Blues, tu sais, Fabulous il aime bien Dine. Mais Blues avait répondu que les autres se faisaient des films. A moi il m’avait dit que je m’inquiétais pour rien et que ça le faisait plus rire qu’autre chose. Seulement je l’avais prévenu. Fabulous j’arrive pas à le repousser. Quand il commence à poser ses mains sur moi tout en abordant un nouveau sujet, je fais comme si rien. Je discute avec lui lorsqu’il masse mon dos. Et quand il va trop loin on regarde ailleurs, on sort des blagues, on continue à parler le souffle saccadé.
On nie chacun tout, tout, tout en bloc.

Je n’arrive pas à aborder le sujet. A lui dire, mais on fait quoi là ? Pourquoi on fait ça ? On en a chacun pas besoin. Toi tu me dis sans cesse que tu détestes les relations "comme ça". Moi je te saoule à chaque fois avec mon amour pour Blues. Ca ne devrait logiquement pas se terminer de cette manière. On devrait pouvoir se retenir bordel.
C’est inutile, ce truc.
C’est voué à rien. Fabulous je l’aime bien mais c’est un type auprès duquel inévitablement je m’ennuierai. Il est juste gentil. A part ça on a rien en commun, si ce n’est Blues. Si ce n’est le piano aussi, et mon admiration pour sa façon de jouer. Ce moment à Paris juste lui et moi dans la salle Ravel. A danser.
A part ça, pas grand-chose. Ce n’est pas transcendant. Juste un peu d’affection qu’on sait pas où placer. Fabulous. C’est vraiment pas quelqu’un pour qui je pourrai pleurer, pleurer d’amour.

Alors, à quoi ça sert.