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Dialogue de routine entre collègues
--> Et s'aimer bien quand même

Ecrit le 09.04.11 à 02h15
- « T’aurais pu me le dire que tu étais rentrée de Paris je croyais que tu étais encore là haut…. Bon je te rappelle plus tard, bises. »
Je crois que j’ai bien dû demander à mon répondeur cinq fois de réécouter ce message. Juste. Pour le son de sa voix.

- « Pourquoi tu m’as pas prévenue que tu étais déjà revenue banane! »
- « Bah heuuu… »
- « Je croyais que tu étais partie pour deux semaines moi! »
- « En même temps….ça fait pratiquement deux semaines…. »
- « Non, pas du tout! Deux semaines ça aurait dû mener à… hum…. ….demain…. ….moui, bon… »

Je suis surprise. Je n’aurais pas osé imaginer qu’il se languisse de mon retour. Et qu’il m’engueule de ne pas l’avoir tenu au courant, comme si, bah…on se connaissait. Le dernier au revoir que l’on s’était lancé je lui avais demandé plus ou moins à quand la prochaine, il avait répondu un on verra bien qui était peu convaincant, je m’étais alors persuadée que ça lui avait été suffisant et que ça devait me l’être aussi, de mon côté.
Tout en blaguant, je l’informe que je travaille pour sa boite demain après-midi et il m’enguirlande une nouvelle fois de ne pas l’avoir prévenu à l’avance et que du coup, il est de mission dans une autre salle, puis instantanément, cherche déjà un subterfuge pour se rendre à mon lieu de travail quand même. « J’ai envie de te voir! » qu’il se justifie. Me pose plein de questions sur mon voyage à Paris, sur mes rencontres, sur la fin de soirée après que l’on se soit quittés, et par quels moyens je suis rentrée, écoute, est curieux, rit à mes boutades.

- « Et toi alors, comment ça va? Deux semaines, tu as eu le temps de t’en remettre! »
- « Haha, oui! »
- « ... »
- « En fait, non. Pas vraiment. »
- « Ah. »
- « Et je vais avoir du mal. Il faut dire que c’était plutôt inoubliable, comme moment. »

Moi aussi j’ai envie de lui avouer à quel point j’ai du mal. A quel point mes pensées s’évadent, me piègent et s’attardent sur lui. A quel point ma vue interne se trouble face à son corps de chimères et que sa voix me hante de sa chaleur, surtout la nuit. Et qu’il ne faut pas. Que tout ce désir pour son être se heurte à ma conscience, que le plaisir à prendre est une effraction vis-à-vis de la peine qu’il peut procurer à d’autres, ce à quoi il ajoute « j’avais bien compris que tu étais comme ça ». Je le sens perturbé. Je sens qu’il est à deux doigts de me murmurer des choses. Mais dès que ses phrases s’approchent un peu trop près de ce qui pourrait ressembler à un « tu me manques », il se ravise avec un « je plaisante ». Comme s’il avait peur de moi. Ou de ma réaction.

Il me fait la liste des dates et lieux qui lui sont incombés pour la semaine et m’invite à le rejoindre si l’une des prestations me fait envie. Il y en a bien quelques unes qui m’interpellent, surtout celle du mercredi. Le temps passe à une allure folle quand il est à l’autre bout du fil et lorsque vient le moment des au revoir et que je lui balance un :
- « A une prochaine peut-être. »
Il s’insurge gentiment :
- « Comment ça peut-être? Tu comptes rester vaseuse et me laisser en plan mercredi? »
- « Oui, non, je sais pas, on verra bien…. »

- « On verra bien! »
- « Oh ça va hein. Rappelle-toi. La dernière fois que l’on s’est dit au revoir, on verra bien, c’est toi qui me l’as sorti. »
- « Oh, c’est que tu en as de la mémoire. Ca me plait, dis donc. »
- « En général, ça n’arrange pas les gens, toutes ces choses que j’ai à leur rappeler. »
- « A moi, ça me plait. »
- « Je t’aime bien quand même, tu sais. »
- « Moi aussi, je t’aime bien quand même. Et puis. J’aime bien discuter avec toi. Alors, si tu le sens pas, on n’est pas obligé d’aller aussi loin, le simple fait que tu sois là, c’est bien. »
- « ... »
- « ... »
- « Passe une bonne soirée? »
- « Toi aussi passe une bonne nuit. Je t’embrasse et….
Non. Je t’embrasse. »

- « ... »
- « Fort. »

Je n’ai pas réussi à saisir ce qu’il a voulu dissimuler derrière le je t’embrasse. S’y prendre à deux fois pour n’oser le dire. Non mais. Je me fais mener en bateau, hein. Même si le ton n’est pas à la manigance, je ne vois pas pourquoi il se serait mis à me parler de cette manière si subitement. Qu’il en devienne timide et hésitant. Je ne comprends décidemment pas.


Ecrit par Dine, le Mardi 16 Août 2011, 18:09 dans la rubrique Actualités.