Ecrit le 28.07.05 à 23h30
Mon chez moi me manque.

Quand je dors dans des lieux inconnus, je n'aime pas le faire seule. Il faut toujours qu'il y ai quelqu'un près de moi, pour me rappeler le concret. Il y a des lieux comme ça, qui sont très hospitaliers, où l'on s'y sent tout de suite à la maison. Voilà. Et moi, à quelques centaines de kilomètres de ma terre d'origine, je suis nostalgique. C'est marrant mais plus on est loin, moins on y pense.
Mais là, c'était comme si j'étais tout proche, mais pas assez pour pouvoir l'atteindre. C'est ça, le plus vicieux. Mon chez moi inaccessible. J'ai des sensations, des souvenirs qui me reviennent. Des matins où j'ouvrais les yeux, sereine. Des matins où je pouvais le regarder dormir sans restriction. Oui, je l'avoue. Ce n'est pas à mon domicile que je fais référence. Mais bien à mon véritable chez moi. Là bas, dans cette maison folle à lier. Chez Maro, chez Poubelle, Gourou, Nem. Chez moi quoi. D'ailleurs parfois dans mes articles, j'écrivais que j'allais "à la maison", instinctivement.
Ca me manque, si vous saviez...... Toutes ces petites soirées musicales, ces nuits chaleureuses, ces journées ensoleillées...avec cette baie vitrée où je me régalais de voir passer les nuages. Cette salle de bain sans électricité, ces toilettes sans PQ. Et puis ces petits cafards qui se baladaient par ci par là aux alentours de la cuisine. Des fois, ils aimaient bien nous taquiner en surgissant par surprise du fauteuil où l'on était assis. Mais certains n'avaient pas le sens de l'humour…
Bref, à chaque fois, c'était un régal. Je n'avais pas besoin de bouger pour m'occuper, je pouvais rester là des heures à observer ces gens, ou le ciel, à écouter, chanter, parfois. Je me souviens de la petite voix de Gourou quand il me demandait ça comme une faveur :
-" Allez Dine, chante!"
Oui, là bas, mon cœur chantait avec allégresse. La joie comme la douleur. Peu importe.

Je me sentais bien là bas. Grâce à ces gens.....et son odeur. Sa chambre, c'était comme si elle m'appartenait. J'avais mes repères, mon espace, MON lit. Enfin, le sien..... Mais, depuis qu'il n'y dort plus, pour moi, rien n'a changé. Je ressens toujours autant de choses quand je passe le seuil de cette porte qui n'a pas de poignée. Elle est mienne.
Ici, c'est chez moi.
Allez savoir pourquoi, cette chambre, je l'ai adoptée tout de suite. Comme son propriétaire.
Maro....
Ha là là Maro. Ca fait longtemps que je ne l'ai plus revu. J'essaie de ne plus trop y faire gaffe, de penser à autre chose. Ca marche plus ou moins. Mais je vais mieux, quand même. Ca se sent, non?
Mais j'ai peur que comme notre histoire, cet appartement ne fasse pas long feu. D'abord, Maro qui a quitté les lieux, puis Nem qui est sur le point, et Gourou qui veut partir six mois à l'étranger....Resterait que Poubelle, sans le sou. Je le sens mal, l'avenir.
Ce chez moi s'efface peu à peu. Bientôt, il sera l'acquisition d'un autre. Il faudra alors recommencer à zéro, valser dans la rue, comme des millions d'autres gens à la recherche d'un toit pour y déposer leur cœur fragile. Oui, bientôt, tout cela sera terminé. Il faudra en parler au passé. Alors on dira :

"La bas, c'était chez moi."