Ecrit le 09.11.11 à 03h55
Quand il est quatre heures du matin et que le silence a depuis un moment mis en exergue le timbre de la nuit, je pense à toi. Je pense à toi et je sais que tu es réveillé. Tu pourrais recevoir mes mots dans l’instantané, si j’avais le courage de t’en souffler quelques-uns comme un baiser. Ca me fait sourire. En idiote, j’imagine que nous sommes les seuls conscients de ces bruits là, qui ne font que bercer le sommeil des autres. Mais je triche. Je ne suis pas insomniaque, comme toi. Moi, je suis simplement amoureuse de ces longs moments de solitude.

Tu sais, je commence à aimer les mots. Avant, j’aimais surtout écrire. Epancher l’expression de mon poignet sur le clavier, frénétique, pour ne pas perdre une miette de vécu. Aujourd’hui, j’aime leur musique. J’aime en voir certains côte à côte, en bon termes, j’aime les voir s’influencer, se réfléchir, bondir d’un pied à l’autre, sur le fil de mes pensées, j’aime chacune de leurs lettres et parfois je relis à haute voix, les entendre me parler. Je me sens grandir dans leurs syllabes, la forme que prend ma maturité, mon artisanat lexical, mes virgules, comme des coups d’archet, la cadence des syntaxes. Comme si je les peignais en mon esprit, que les couleurs étaient des hauteurs, de son, les textes des chansons. Synesthète.

C’est à cause de ta poésie. De tes couleurs à toi parsemant ton univers. La mer est bl€ue comme tes l€vres. Le r0uge des métaux qui c0ulent en nos p0itrines. Des images si distinctes, la beauté de ta précision anatomique, de ton corps imaginaire qui me faisait pénétrer ta chair, tactile. Oui, tes mots sont tactiles, je pourrais les serrer fort contre moi toutes ces métaphores, comme si elles existaient, pour de vrai, tu les as fait vivre, à travers chaque tournure de phrase, puis tu les as lâchées dans la nature, livrées à elles-mêmes. Pour qu’elles s’apprennent. C’est magnifique. Elles ont vécu sans toi. Elles ont pris la posture qu’elles désiraient, se sont chevauchées, agencées pour être à l’aise en toutes circonstances, tes lignes. Je les aime. J’aime tes lignes. J’aime qu’elles se coupent. Et se retrouvent plus loin. Après. Un peu comme dans toutes les histoires.

Il ne faut que quelques-uns de tes vers pour raconter beaucoup. A chaque partie du corps son paysage. Je me suis nourrie de tes mondes. Je les ai visités, la balade était revigorante. Et avec elle, la découverte du toucher. Du toucher littéraire. Ton écriture manuscrite. En italique, les lettres allongées, fines, l’encre profonde et l’envie irrésistible de plonger, dans ton poème. Regarder par le tr0u des v0yelles.

Ne t’inquiète pas, je laisse tes inspirations là où je les ai trouvées.
C’est juste que ça m’a donné envie. Mettre la main à la pâte. Façonner mes nuits et faire chanter le silence.
Et d’ici que j’y arrive, peut-être qui sait.
Tu seras encore réveillé.