Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Message personnel
--> Quand on aura compris le sens de l'aléatoire

Ecrit le 10.10.11 à 01h05
Allo bonsoir, comment tu vas ? Il est un peu tard, il faut m’excuser. C’est qu’il faisait si doux cette nuit et que les lumières étaient particulières. Les rues orangées, le ciel d’un sombre violet, une ville imaginaire et endormie mais vibrante. Ce silence, ces couleurs là, je m’y sentais bien, j’avais envie de les partager avec quelqu’un, mais peut-être que je te dérange.

Pourquoi ça tombe sur toi, hein ? C’est vrai qu’on ne se connait pas plus que ça et même qu’on s’éviterait un peu. J’aurais pu en contacter bien d’autres avant toi avec qui je m’entendais mieux. Mais tu vois, j’ai ce ciel au dessus de moi et cette brise qui se fait légère comme une envie de rester là pour une éternité, sur ce rond point moche en travaux, à gazouiller muette, impersonnelle et me sentir exister comme jamais. J’aurais eu envie de le faire avec quelqu’un, voilà tout. Je viens de me séparer d’une personne sans véritable raison prise en compte par le cœur et je lui ai dit de ne plus m’appeler, parce que, mes sentiments ne comprendraient pas la distance, parce qu’il n’a pas fait en sorte d’être de ce genre détestable, plutôt même attendrissant, et qu’il me faudrait si peu pour replonger dans la facilité d’être juste à l'aise à ses côtés. Alors je compense, faut que je trouve un remplaçant. J’aurais pu composer le numéro d’un de ces êtres que j’affectionne, que l’on qualifie couramment d’amis, mais je ne me sens pas apte à faire semblant d’être à la hauteur, alors ça me ferait juste mal. J’ai tellement l’habitude de paraitre flottante que l’on me pense constamment en train de survoler les problèmes et j’ai beau dire « je suis triste » ou « je ne vais pas bien » mon sourire en arrière plan doit être trop convaincant pour que l’on me prenne au sérieux. Alors, me rendre compte que ma détresse passe inaperçue aux yeux de ces gens censés me connaitre par cœur, ça m’attriste davantage. Je préfère encore te parler à toi de tous ces trucs qui te sont sans importance, parce qu’au moins avec toi, je sais pourquoi ils le sont.

Qu’est-ce que tu peux bien répondre à ça ? Quel est le but de mon message? Que tu ramènes tes fesses sur ce rond point pour admirer avec moi les couleurs de l’existence et que tu fermes ta gueule, ce serait pas mal. Et puis, une fois que tu auras pris le temps d’observer, de respirer l’air de la ville rempli de poussière et de charme majestueux, tu pourras parler. On pourra se dire à quel point on n’est pas doués pour rester l’un à côté de l’autre sans paraitre ridicules, sans se sentir coupables, d’un délit de candeur. On pourra s’exprimer sur des sujets banals tout en regardant ailleurs, parce que ce sera beau partout, cette ambiance qui rend les corps chaleureux, qui réconforte et berce l’âme. On pourra faire ça en silence parce qu’on saura le fin mot de l’histoire, la raison qui nous balance, de droite à gauche d’une manière définie, quand on aura compris le sens de l’aléatoire, quand on aura compris alors oui, on pourra se taire sans sentir de malaise, sans se sentir honteux et découragés de ne pas avoir pu extraire l’amour des maladresses, des excès de politesse et des fautes de modestie. Alors, pourquoi est-ce que je t’appelle ? Pourquoi ces films qui se succèdent lorsque je marche dans la rue ? Lorsque je capture un instant de bien-être qui se transforme invariablement en moment de solitude hein, pourquoi ces phrases dans mon oreille interne, ces dialogues qui se jouent dans mon crâne à guichets fermés et résonnent à mes tympans, à ma bouche comme si elle prononçait les mots, à mes doigts comme s’ils articulaient des pressions sur le clavier téléphonique, comme si j’entendais le la d’une tonalité et ta sonnerie sur le coup de minuit, que je décrochais le mobile et prononçais « allo bonsoir, comment tu vas ? ». Il est un peu tard, il faut m’excuser. C’est qu’il faisait si doux cette nuit et que les lumières étaient particulières. Les rues orangées, le ciel d’un sombre violet, une ville imaginaire et endormie mais vibrante. Ce silence, ces couleurs là, je m’y sentais bien, j’avais envie de les partager avec quelqu’un, mais je ne te dérangerai probablement jamais. Pour un prétexte aussi débile.


Ecrit par Dine, le Dimanche 15 Janvier 2012, 15:34 dans la rubrique Actualités.