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Mignardises
--> Délires d'enfants

Ecrit le 12.08.06 à 23h10

J'ai rêvé de mon tout premier amour, cette nuit.
Quelle sensation agréable. Ne pas avoir envie de se sortir de ses douces illusions au point de continuer deux fois de suite le songe après le réveil. Je l'avais connu la dernière année de maternelle. Ce fut le premier amour avoué et le seul pendant près de dix ans. Il s'appelait Bastien. Je me rappelle, il était beau, il avait tout pour lui, et cette espèce d'aura rayonnante qui enveloppait les gens dans le bien-être. Je n’arrêtais pas de l'embrasser. A chaque fois que je le croisais par hasard, je lui faisais un bisou sur la joue et m'en allais en courant. J'étais folle de lui, un sentiment chaud et pur.

Un jour, on était tous les deux debout devant l'étagère de livres, dans notre classe. Il m'avait demandé :
-" Pourquoi tu me fais des bisous?"
-" Parce que je t'aime."
C'est tellement facile, quand on est gosse.

Bon, évidemment, c'était sans compter que Bastien était le leader des garçons et le chouchou des filles. On a commencé à se rapprocher lui et moi, et à rester ensemble. Je me souviens qu'à cette grande table où l'on faisait ces exercices de chiffres croissants et décroissants, un garçon nous avait demandé si l'on souhaitait se marier un jour :
-" Pas encore, on est trop jeune. Il ne faut pas aller trop vite...."
-" Mais tu voudrais te marier avec Dine?"
-" C'est encore trop tôt pour en être sur..."
Il était trop mignon.

Mais toutes les filles le voulaient. Il y avait F., M., S., et J., elles lui tournaient autour.
-" Viens on joue à papa maman! Bastien et moi on fait les parents et toi Dine tu fais le bébé!"
Toujours pareil. Et puis, je savais pas mentir, je faisais pas le poids contre elles.
-" Moi Bastien je te cuisinerai du riz!"
-" Moi des pizzas! " 
-" Moi je sais faire des pâtes et des gâteaux au chocolat!"
-" Et toi Dine, tu me feras quoi à manger?
-" Moi, je sais pas faire la cuisine..."

Et après j'allais partir bouder sur les marches à côté des plantes. J'avais réfléchi. Je m'étais sincèrement dit dans l’instant, « A quoi tu sers, Dine? Pourquoi Bastien il te choisirait toi, alors que t’es même pas capable de lui concocter de bons petits plats bien chauds? Les autres filles savent le faire, elles, du riz, des pâtes, des pizzas, même des gâteaux au chocolat....et toi, qu'est-ce que tu sais faire? Rien. Tu n'es pas assez bien pour lui. »

A partir de ce moment là, j'ai commencé à m'éloigner de lui. Je ne voulais plus faire partie de toutes ces filles à ses ordres. Il était trop dragueur pour moi, alors je lui faisais la tête......en espérant secrètement qu'il vienne m'avouer qu'il n'ait besoin que de moi.
C'était en milieu d'année.
Il n'est pas revenu. J'avais l'impression que mes rêves de petite amie tombaient à l'eau. De mon côté, les gens continuaient toujours à venir me voir quand ils voulaient que j’invente des jeux dont on est le héros et j'avais presque failli trouver un nouveau chouchou en la personne de Peter. Sauf que j'en étais pas vraiment amoureuse. Vous pensez bien…

Il y eut un jour pourtant, où Bastien s'est approché pour jouer avec moi. A la récré du matin, il y avait une grande histoire de maladie, et on ne pouvait s'en protéger que si l'on se donnait la main. C'était très sérieux, si on ne se donnait pas la main, on risquait d'être contaminés pour de bon.
C'était à nos risques et périls.
J'étais trop contente qu'il vienne me reparler. La fin de la récré sonnait, on devait se mettre en rang deux par deux et avancer calmement jusqu'à la classe. On ne s'était pas lâchés la main, on avançait comme ça dans le rang, doigts entrelacés. La maîtresse, Véronique (ma préférée) nous avait même traités d'amoureux devant tout le monde.
-" C'est même pas vrai!" m'étais-je justifiée, toute rouge.

Mais à la récré de l'après-midi, Bastien n'est pas venu jouer avec moi. Il se contentait de parler avec ses copains, devant moi, assise sous le préau toute seule. Je le regardais, mais rien n'y faisait, je suis restée sur le banc l'attendant jusqu'à la sonnerie.
Quand je me suis rangée dans la file pour rejoindre ma classe, je m'en souviens bien, il était venu m'adresser la parole :
-" Pourquoi t'es pas venue pour la maladie? Je t'ai attendu!"
-" Mais t'étais en train de rigoler avec tes copains, j'ai cru que tu avais oublié..."
-" Tu n'as pas vu? J'arrêtais pas de te faire la croix avec mes doigts, le signe de l'hôpital, c'était un message codé!"
Ouais mais s'il me prévient pas avant du code, je peux pas savoir....

Après ça, plus rien. On a continué à entretenir des rapports distants. Jusque cinq jours avant les grandes vacances, où il est venu me parler :
-" Pourquoi tu boudes, qu'est-ce que tu as contre moi?"
-" Tu as trop de filles qui te tournent autour, on dirait un pacha!"
-" Mais il y en a qu'une qui est importante à mes yeux."
-" Ah bon, qui?"
-" Je te le dirais avant la fin, si tu es sage."
J'avais été blasée de la réponse.

Du coup, j'ai fait plein d’efforts, mais il n'a rien dit. J'avais alors pensé que ce n'était pas moi, celle qui comptait à ses yeux. Je rentrais au CP dans une nouvelle école, lui dans une autre, et nos chemins se séparaient. J'ai pensé tous les jours à lui encore un an après qu'il soit parti. Je ne voulais pas changer d'amoureux. Je me rappelle l'avoir croisé un an après à l'anniversaire de S. On s'était cachés tous les deus sous le sommier du lit pour discuter sans que les autres ne nous voient. Puis c'est tout.

C'est quand je suis rentrée au collège, que j'ai eu un choc. Il était là.
On n’était pas dans la même classe, mais réunis dans le même établissement. Je ne savais pas s'il m'avait reconnue. J'étais en 6e1, lui en 6e2. Il n'y avait qu'en sport où nos deux classes étaient rassemblées. Je me rappelle, le premier jour, M. lui avait demandé :
-" Tu te souviens de Dine?"
-" Oui, pourquoi?"
-" Eh bien c'est elle."
M. m'avait désignée du doigt, il avait été tout gêné en me disant bonjour, avant de s'éclipser dans un coin de la pièce avec son acolyte Zorro. Il lui avait déblatéré un tas de choses à l'oreille et je n'en su jamais rien.

Il ne revint pas me parler, on ne devint pas amis. Je me contentais juste de le regarder courir pendant l'endurance, les filles étant au stade du haut, les garçons à celui du bas. Quand il levait la tête et qu'il m'observait, il rougissait. Seulement les premiers temps. Après, on est tous les deux passés à autre chose. Lui, sûrement avant moi.

Il n'y a que 6 mois, 1 an ou 2 ans après (je sais plus très bien), que j'interceptais une conversation entre F. et M. le concernant lorsqu'il était en maternelle.
-" On était toutes amoureuses de lui."
-" Tu t'en souviens, Dine?"
-" Ouais, plutôt bien."
-" On voulait toutes qu'il devienne notre petit copain."
-" Mais à chaque fois il répondait non. Il disait "moi, celle que je préfère, c'est Dine"."
-" Ah bon, pourquoi ça?"
-" Un jour, je le lui avais demandé, il avait répondu : "parce c'est la seule qui joue avec moi"."

J'avais été touchée, tellement touchée par ces mots. Des années après, j'avais eu ma réponse. J'avais finalement été suffisamment sage pour l'entendre. Par la bouche d'autres filles et de leurs souvenirs hors de ma présence, ça complétait un nouveau tableau, ça sonnait encore plus vrai qu'un aveux direct, pour moi.

Et puis voilà.
Cette nuit je rêve de lui. Que l'on se retrouve à un même endroit, par le biais du hasard. Qu'il ne dise rien, qu'il se contente de me faire des signes codés, comme lorsqu'on était en récréation. Que je m'approche de lui et qu'il me serre contre son corps en m'avouant :
-" Pendant toutes ces années, je n'ai pas pu oublier. J'ai continué à t'aimer en espérant te revoir."
Et que l'on reste comme ça, comme des enfants, à se serrer dans les bras sans en demander plus. Il avait changé, Bastien. Il avait grandi. Il était devenu un homme. Beau, resplendissant rayonnant d'ondes positives, toujours. Il avait cette aura qui se dégageait de son être.... Une aura...
...à la Maro.


Ecrit par Dine, le Lundi 21 Mai 2007, 00:48 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

ryne
ryne
22-05-07 à 15:40

Est-ce que tu crois que notre premier amour peut façonner notre façon d'aier pour toujours?

Ca expliquerait bien des choses...

En tout cas, c'est une belle histoire. J'aurais pu la trouver triste parce que ça ressemble à un bout d'inachevé, mais je trouve juste que tout est  a sa place.


 
MangakaDine
MangakaDine
25-05-07 à 00:07

Re:

J'ai l'impression que les gens font la grêve des commentaires...

Moi je la trouve pas triste, cette histoire. Pour moi, c'est comme si la boucle avait été bouclée des années plus tard. La révélation que j'ai attendue pendant de longs instants m'a finalement été révélée une fois que je n'attendais plus. C'est comme dans un roman ou dans un film. Ca se finit bien, en quelques sortes.

"Est-ce que tu crois que notre premier amour peut façonner notre façon d'aimer pour toujours?"
Je ne sais pas. Mais je peux te dire que la façon dont j'ai aimé étant petite ne se diffère pas vraiment de la grande que je suis sensée être. Et les gens que j'ai aimé non plus, d'ailleurs.
Tu penses que j'aime comment maintenant, toi, en ayant lu ce texte? C'est parce que j'ai fait une référence à Maro en fin d'article?

M'enfin.