J'ai pas encore réussi à me réhabituer à mon clavier avec des accents, des alt gr, des m à cotés des l et des a à la place des q. Alors je suis là. A 20h hier soir j'avais déjà entamé ma nuit allongée sur le parquet contre le chauffage. J'ai froid. Toujours ce putain de décalage horaire. La nuit avant d'aller à l'aéroport, j'ai traînassé toute seule au milieu des rues. Je suis allée à Shibuya. J'ai vu des trucs de malades qui m'ont encore donné envie de revenir. C'est presque sur, j'y retournerai, toutes façons.

Les lumières des publicités géantes, les magasins sur des dizaines d'étages en hauteur, en sous-sol. La variété hallucinante de déclinaisons de chaque chose. L'immensité du train de leur vie, et au beau milieu, son contraire. J'ai pas pu m'empêcher d'acheter des CDs d'idoles, comme des reliques, même si la plupart ne savent pas chanter. Et puis, à mon dernier hôtel de 45 étages, je l'ai encore croisé. C'était inévitable, non? 2 fois dans l'hôtel, 3 fois dehors. A la toute dernière je lui ai rappelé "tu 'm'écriras, n'oublie pas". Il a répondu "comment pourrai-je".

Et effectivement, à peine rentrée d'avion, son mail était parvenu du Japon jusqu'à moi.

Ce voyage, je mets du temps à m'en remettre. J'aurais encore des millions de toutes petites anecdotes à narrer sur les situations, la culture, les discussions et rencontres mais j'ai plus envie. En France j'ai plus envie. Je sais que si je l'écris pas, je le perdrai, tout ça. Tant pis, ce que j'ai déjà me suffit probablement.

Alors le premier jour de mon retour j'ai pris une grosse poubelle et j'ai bazardé un tas de truc poussiéreux qui était en train d'empailler les souvenirs de ma jeunesse. Je jette encore aujourd'hui. Il y a deux jours par une succession de fabuleux hasards j'ai croisé sur ma route ou eu des nouvelles de pratiquement toutes les personnes chères à mes yeux. C'est incroyable à quel point ça a pu pousser en mon absence. Je me rends compte que tous chacun de notre côté on a tendance à grandir, je veux dire, bien malgré nous. On prend des directions. On pense qu'elles sont uniques à nous mêmes. Et puis on retrouve des vieilles connaissances et on réalise qu'elles sont toujours là, sur le même chemin. Qu'on s'est pas concertés. Mais qu'on a eu les mêmes prises de consciences. Qu'on a grandi dans le même sens et eu chacun envie de faire de belles choses de notre vie.

Ca me donne du courage alors aujourd'hui je jette.
Une fois que j'aurai tout jeté à ce moment là je prendrai mes bonnes résolutions à deux mains, mes plans, mes projets, mes rêves à bras le corps et appareillée, ayant fait le tri de toutes ces choses auxquelles je tiens, je serai armée pour faire des jours qu'il me reste une réalisation. Celle de mes souhaits profonds et ceux de mes proches. Celle de mon ambition aussi. Ca prend du temps mais maintenant je me sens prête. Je n'ai plus peur, j'ai même envie. Dès à présent là, tout de suite.

Je suis emplie d'espoir.