Finalement, peut-être que ça existe. Peut-être que la fatalité, on peut lui tordre le cou cinq secondes et s'en sortir à peu près indemne. J'ai moins d'égratignure que ce que je croyais mais c'est peut-être parce que tu m'as souri quand tu m'as vue assise sur les marches de ta maison. Et au diable les conseils des bons potes qui pensent à ton bonheur avant tout. Je te courrais après même si tu me disais de ne plus revenir, je m'accrocherais à tes fringues jusqu'à faire craquer les coutures si c'est pour avoir ne serait-ce un peu d'espoir que tu te retournes. Quand on a quelqu'un, quand on a cette chance qui s'offre à nous, qu'il s'offre à nous, on la lâcherait pour rien au monde. Non?

Tes draps m'avaient tellement manqué. Ton odeur sur ma peau. La douceur de la tienne, on pourrait s'y frotter des heures, c'est comme un doudou, j'ai besoin d'être tout contre pour pouvoir m'endormir. Ah, je comprends maintenant. Pourquoi je n'arrivais pas à fermer l'oeil quand tu n'étais pas là. Mais je t'en prie, ne m'en prive plus, ne me punie pas. Je n'ai rien fait qui pourrait te blesser, je tiens trop à ton sourire, je n'avais encore jamais vu tes yeux s'illuminer autant. Tu as dit que ça ne t'avais jamais aussi fait plaisir de me voir, c'est sûrement pour ça. Et ma tête, attirée par ton épaule, qui s'engouffre dans ton sweat, c'est mon chez moi. Mon chez moi, c'est la dedans, dans ton sweat, là où c'est tout douillet, là où je peux sentir que derrière, derrière la matière, il y a toi.

Et marcher dans la rue. Marcher dans la rue, ça n'a jamais réellement existé, avant que tu ne viennes poser ta main dans la mienne. Avant que l'on saute les marches ensemble et que l'on balance nos bras vers le ciel. Avant, il n'y avait qu'un pied devant l'autre, sans envie. Avant toi, il n'y avait que l'amour inachevé dans la négation des sens. Alors ne t'en vas plus. Tu sais que l'hiver, pour toi autant que pour moi, est la saison la plus difficile à traverser.

J'ai des réminescences de nos escapades hautes en couleur. C'est fou le tas de souvenirs que l'on peut entasser en une seule journée. Alors des semaines, des mois, des années, qui dit mieux? On a tous les demains devant nous. J'ai plus vraiment envie de construire autre chose dont tu es écarté, j'aimerais faire avec toi ce que peux vouloir souhaiter réaliser à chaque instant, additionner les vécus et oublier de toujours remettre en cause le passé qui nous dégénère. Mais j'ai confiance. Même si. Arrêtons de projeter un futur qui ne se réalisera probablement jamais. On est pas des devins. On n'arrive déjà pas à correctement prédire quel temps il fera demain, alors savoir si ça sera pour la vie, tu penses. Je dis ça je dis rien, hein. Mais moi, en tout cas, t'aimer...

...je suis juste pas contre.