Ecrit le 04.12.10 à 14h15
« Hey, ça fait un bail.
Il est quatre heures du matin je relis de vieux textes à moi qui me font frétiller l'intérieur et je me demande ce que tu deviens.
Un jour tu m'as dit un truc du genre "oui mais dans dix ans quand je te rappellerai pour aller boire un verre tu seras contente de me revoir", ce serait con d'avoir à attendre si longtemps quand même. Surtout pour aller boire un verre. J'veux dire, c'est pas comme si c'était un projet de vie qui se planifie des années en avance hein. Voilà. Tu me manques. Mais bon ça c'était pas comme si je t'apprenais un scoop j'imagine. Tu fais toujours de la musique? Tu composes? Et tes études prestigieuses machin chouette? Avec ton cursus d'ingénieur, t'as trouvé des vrais prétextes pour légitimer tes airs de con prétentieux maintenant je suppose. Mais peut-être qu'entre temps t'as changé. J'en sais rien vu que j'ai pas de news. Les dernières que j'ai eues venaient de Truc "le fou, il s'est fiancé!" c'était houlà, il y a un an au moins. Qui sait ce que t'es devenu depuis. Peut être que t'es marié! Peut-être que t'as un gosse! Peut-être que c'est une fille et que tu lui as donné mon prénom! Haha!
Quoi...heu...non?
Bon.

J'ai envie d'écrire plein de conneries en souvenir du bon vieux temps. J'espère que tu vas bien et que tu es heureux là où tu es.
Je crois que je ne t'ai jamais avoué avoir acheté la collection complète des Calvin et Hobbes par ta faute. Au départ, c'était pour te comprendre davantage. Puis j'ai fini par me prendre au style, à la narration, aux personnages et devenir totalement fan au point de relire chaque tome un bon nombre de fois. Mais c'était il y a bien longtemps. Désormais ils sont entreposés aux toilettes et ils devraient en être flattés c'est la place d'honneur de toute lecture qui se respecte, aujourd'hui lors de mon caca du matin je me suis surprise à les feuilleter et du coup faire un rab aux water closet de trois quart d'heures mais tu vois, c'est tout con, quand je lis des répliques comme "vas jouer dans le mixer", bah c'est automatique, je pense à toi.

Je t'embrasse.

Dine
(je signe, on sait jamais que tu aurais oublié, t'es tellement craignos de nature) »

J’ai une de ces furieuses envies de partir sans savoir où je vais et laisser à la vie le soin de me faire la surprise. Remonter dans ces trains d’Italie et m’arrêter à une station dont le nom sonnerait juste un peu mieux que les autres. Pouvoir y retourner, j’ai hâte.

Le Japon c’était il y a un an. Là bas, facile de se laisser porter par l’inconnu, l’écriture des destinations est déjà un véritable mystère. J’espère me retrouver à nouveau dans les rues de Tokyo d’ici un an ou deux. Jusque là, il faudra prendre en maturité si je désire traverser mes voyages en solitaire. Je ne sais plus, ce que je préfère. Ni quel parcours initiatique.

C’est un rêve aussi, auprès de quelqu’un autant que dans ses yeux, pouvoir me perdre dans la ville.

C’était pas marqué dans mon horoscope et pourtant cette semaine était propice à renouer les liens paumés par l’absence. Poubelle que je n’avais pas revue depuis des lustres m’annonce qu’elle a croisé Eden dans un bus et Rom dans Paris et qu’ils lui ont demandé enthousiastes chacun de mes nouvelles. Alors j’ai envoyé des messages. J’ai envoyé des messages à ce type qui avait passé la nuit avec moi dehors autour des arènes de Nîmes un soir de vacances d’été, il faudra que je raconte aussi d’ailleurs. J’ai envoyé un mail à Nero pour reprendre la musique, à ce chanteur que j’adore pour le prévenir que je serai dans sa salle trois fois de suite, à Blues aussi parce que ça faisait longtemps. Et puis j’ai envoyé ce mail à Blond.
Parce que rien.

Parce que c’est Blond. Dans une case à part de mon cerveau, pas du tout logé à la même enseigne, qui subit cette injustice d’être celui auprès de qui mon cœur avait prévu de passer l‘intégralité de son existence. Mais mon cœur prévoit mal. De toute manière depuis le temps, ça se serait su s’il faisait les choses correctement. Alors j’ai pris l’initiative de ne pas attendre son anniversaire pour lui envoyer un message tout cramoisi. Et avec l’habitude et l’expérience des années écoulées, je n’ai plus cette pointe à la poitrine d’envisager qu’il ne répondra pas.