Ecrit le 11.12.11 à 03h40
Ce vendredi, je suis rentrée en clinique me faire extraire les dents de sagesse. C’était ma première vraie opération, et anesthésie générale. Allongée sur le bloc opératoire, pendant qu’ils m’installaient la perfusion, je plaisantais avec les infirmiers, leur expliquant que mon état de fatigue était tel qu’il était probable que je m’endorme avant même qu’ils n‘y procèdent. Ils se sont mis à rire, m’ont dit que je faisais le boulot à leur place. En réalité, je ne me souviens de rien. Je ne me souviens pas qu’ils m’aient fait parler, ni même compter, ni même injecté le produit. Je me suis écroulée net.

Pour se faire opérer, il fallait tout ôter. Même les choses qui ne s’enlèvent pas. J’ai donc dû me débarrasser de mes bracelets de chance confiés par l‘Italie, ces babioles à un fil bourrées de microbes qui ne tiennent que par la force du souhait que l’on désire voir se réaliser. Et l’espoir qu’un jour le fil rompe de lui-même. Je peux vous le confier, maintenant que c’est terminé.
J’ai souhaité devenir adulte.

Dans un coin de salle de bain est aussi déposée la bague que m’a confiée ma tante à sa mort. Celle qu’elle a voulu me laisser pour que je n’oublie pas la place que j‘avais dans son coeur. Depuis lors, tous les jours de mon existence elle a orné mon majeur, elle m‘a accompagnée dans toutes mes péripéties, mes chagrins et mes bonheurs, mes rencontres, mes résolutions. Trois ans. Je crois que je vais la laisser là, elle aussi.

Je repars neuve.
J’ai laissé ma sagesse, mes souhaits, mes souvenirs derrière moi.
Je suis nue.

Ca me fait. Très, très bizarre. J’avais des réflexes, tripoter la bague, emmêler les bracelets, faire des tresses avec les vieux fils qui pendaient à mon poignet. Maintenant, je n’ai plus rien à quoi me raccrocher.
Je ne sais pas si mon vœu, dans ces conditions là, s’est réalisé.
Devenir une adulte.
Mais voilà. C’est fait. Je suis nue.

Prête à accueillir.