Ecrit le 22.03.08 à 21h35

Je sais pas pourquoi, vraiment. C’est bizarre quand même.
Qu’est-ce qu’il veut au juste ? Pourquoi il vient me gratter l’amitié à moi ?

J’ai pas bien compris comment dans mes adresses MSN est venue s’ajouter celle de Spark il y a une dizaine de jours de ça. Je l’ai reconnu quand même, parce que son pseudo m’est familier mais…j’ai trouvé ça louche. Le chanteur du groupe à Blond et Truc qui s’auto-entre dans mes contacts. Pourquoi pas, après tout.
Et puis, c’était pas pour la frime, puisque quelques jours après, il est venu me parler sur MSN. Gentil, à me raconter la pluie et le beau temps comme si de rien n’était. Et puis, je ne sais pas d’où est venue cette discussion, mais j’avais besoin de photos pour mon festival, lui de modèles pour son nouveau reflex. Et voilà. Hier, je l’attendais à ce grand rond point avec mes chaussettes carrelées et ces fringues qui ne sont pas à moi. J’avais l’air déguisée, mais jolie à ce qu’il parait.

Il m’a emmenée chez lui, on a fait des clichés un peu partout, en extérieur aussi, il n’arrêtait pas de trembler. Quelle idée aussi de rester en tee-shirt. Je sais pas pourquoi mais j’avais très envie de me balader partout (dans la nature, je vous voir venir !). Alors en prenant quelques silhouettes à contre-jour sur le chemin d’en face, il m’a montré ses souvenirs d’enfant et ses délires d’ados. Je l’imagine bien jeune en train de faire des trucs stupides avec Blond et ses compatriotes aussi cons qu’eux. D’une certaine façon, ça m’attendrit.
J’avais ces chaussures bleu marine à talons avec une grosse fleur toute ouverte sur le dessus, jolies mais pas très pratiques pour affronter les terrains accidentés et autres ronces que peut nous réserver une certaine nature plus ou moins sauvage. Je me tapais un peu la honte, mais il m’attrapait la main, et alors je sentais qu’elle était douce et chaleureuse comme je peux l’aimer. Ca m’a perturbé en quelque sorte.

Quand je me suis présentée à ses parents, mon prénom les a choqués. Boah, c’est pas étonnant. Sa copine depuis deux ans a le même que le mien. Vous savez, celle là (click !) même considérée comme la « meilleure amie » de Blond. J’ai demandé à Spark, pour alimenter la discussion comment elle allait. Il a hoché les épaules en me répondant qu’il n’en avait aucune idée. Pas besoin d’avoir un grand cerveau pour rapidement percuter. Il m’a dit que ça faisait deux semaines qu’il n’était plus avec elle. Qu’il y pensait depuis un moment, entre un jour avec et un jour sans, mais que c’est parti tout seul et qu’elle s’y attendait pas. J’imagine.
Elle était très jalouse. D’ailleurs, mais je sais pas vraiment si y’a un rapport, elle me déteste. Elle me fait la bise avec mépris quand c’est moi qui lui force à me la faire. Ca doit être à cause de tous les trucs salaces qui se racontent sur moi. D’ailleurs, Rat (l’ex de Blond) avec qui elle est très proche, aussi. Je crois que j’ai pas intérêt à les croiser prochainement. Surtout si elles savent que je suis allée chez Spark.

A se mettre de la salade sur la bouche, au détour d’un Mac Do, il m’a pourtant affirmé qu’il était bien comme ça. Que la routine ça peut effrayer des gens, mais que lui ça le rendait heureux. Qu’il n’avait pas envie de chercher, qu’il n’en ressentait même pas le besoin. Que le cul, il pouvait bien faire sans pendant un temps indéterminé. Je ne sais pas s’il a dit ça pour me rassurer, compte tenu de la réputation que certains se sont amusés (à raison ?) à me façonner. Mais. Il est bizarre. Pas dans son être, ni même ses actes. Mais, dans le fait qu’il vienne vers moi alors que je suis à d’autres, alors que j’habite loin qu’il me parle tous les jours, qu’il m’adresse la parole une fois seul comme s’il était enfin libre de parler à qui il voulait. Et qu’il voulait me parler à moi.

J’ai du mal à m’en remettre.
Et puis, pourquoi son ex était jalouse de moi ? Je n’ai rien tenté de houleux ni même de douteux avec Spark, c’est pas vrai, je n’aime pas casser des couples.

Vers 10h du soir, j’ai eu envie d’aller voir la mer. On savait pas quoi faire de nos corps alors j’ai décidé à sa place. Dans la voiture, je me disais que c’était étrange, mais que j’étais plutôt bien, là. A voir les paysages défiler, seule avec lui. On s’est calés dans un coin de route et on a emprunté un chemin dans la montagne. On voyait les lumières de la ville, à moitié cachée par l’angle mort du versant. Mais c’était pas grave, on se pelait à deux, on avait froid et c’était presque cool d’être ensemble, finalement. On n’a pas parlé de choses extraordinaires, mais on a ri un peu, à chanter la chanson de Disneyland quand les phares des voitures alignées faisaient des guirlandes électriques en slalomant. Spark possède les mêmes vannes et quelques attitudes du groupe, mais il ne leur ressemble pas vraiment. Je crois qu’il grandit et se sent à part. Que ses attentes, il ne sait plus trop bien. Ou peut-être qu’il sait ce qu’il ne veut pas. Sait-il pourquoi il a voulu qu’on se rencontre ?

Il faudrait m’expliquer.

Arrivée à destination je reçois un texto de lui sur le retour.
« Oh tu m’as laissé un souvenir, je suis très touché (regarde ton  pied). Je vais dormir avec J, bisous. »
Ma chaussure droite avait été cueillie, et la fleur se retrouvait dans la voiture de Spark. J’espère qu’il en prend bien soin, j’aimerais la récupérer un jour. Peut-être même la semaine prochaine, pour son concert.

Il m’a écrit que la prochaine fois, il viendrait chez moi, qu’il gaspillerait moins d’essence.
Il parle déjà en prochaine fois alors que je ne sais toujours pas ce qu’il attend de moi. S’il ne veut pas juste fuir sa réalité, celle-ci même qui semblerait selon ses propos tout à fait lui convenir. Je n’en sais rien.

Je ne sais pas non plus pourquoi j’ai fait ce truc méga stupide ce soir là. A aller toquer à la porte de sa chambre universitaire alors que je n’avais aucune idée de quelle chambre il pouvait réellement s’agir. A demander son nom à des inconnus dans les couloirs. A emmener Spark avec moi dans cette connerie qui n’aurait pas dû le concerner. J’avais pourtant réussi à retrouver le bâtiment et même l’étage. J’avais réussi à ce qu’on m’ouvre la porte principale et j’aurais presque pu entrer dans sa chambre si je n’avais pas hésité entre deux. Mais il n’était pas là, de toute façon. A force d’acharnement et d’aller-retour dans les escaliers, j’ai fini par l’admettre. Je mourrais d’envie de revoir Eden.
Je brûlais d’impatience de retrouver ses yeux rire à nouveau et sa main agripper mon épaule quand je traverse imprudemment la route. Il me manque. Je commence à faire des gestes fous pour pousser mon chemin vers le sien. Ce soir là, je l’ai cherché dans les rues, dans les fêtes, dans les recoins musicaux et les claquements de doigts. Je l’ai cherché jusqu’à fermer mes yeux et sombrer dans la nuit. Et j’ai rêvé de lui jusqu’au petit matin.
Quand je me suis connectée sur le net, je me suis rendue compte qu’Eden était en concert pour le week-end dans une autre ville. Je crois que j’aurais continué à chercher, sinon.

Je suis mal barrée. J’ai même pas son numéro.

Et Eden, il en pense quoi de cette attirance ? Maintenant qu’il m’a trouvée, va-t-il se mettre à faire semblant ? Au pire, on se revoit le 29, pour les ateliers. C’est trop loin, je tiendrai pas jusque là. Et pourquoi lui il fait pas des trucs fous comme moi ? Est-ce qu’il l’a envisagé…
Par pitié, qu’il revienne vite. Que je puisse remettre mon cœur au clair. Ou le chambouler d’avantage, mais faire quelque chose, ne pas rester les bras croisés, je serre si fort que ça m’oppresse. Le creux de ma poitrine a une pointe d’inachevé, comme la saveur dans ma bouche et les sensations trop incertaines pour crier à la revanche ou non. Narguer la vie et se plaire à lui balancer que je l’ai trouvé finalement, celui qui allait me redonner le goût des autres.

Vite, quelque chose.