Ecrit le 03.02.09 à 00h45
Sur ta moto les gouttes de pluie m’arrivent en pleine face et me griffent comme des bouts de glace bien aiguisés. En fait, je crois que tu me manques déjà.

Je ne sais pas trop, c’est un peu flou. A chaque fois je me demande, pourquoi me suis-je mise là dedans ? Je ne voulais pas d’un petit copain et pourtant c’est moi qui ai fait le premier pas. Je ne voulais pas d’une moitié de sentiment et pourtant je ne suis pas amoureuse. Ni emballée. Je suis posée, et de temps en temps j’ai des sursauts d’adrénaline. Plus jeune, j’aimais dire que je voulais épouser un motard. Je comprends pourquoi. Sur une moto on se sent libre. Sur une moto y’a tout qui défile. Le temps, les paysages et le vent sur la peau. Sur une moto on peut chanter sans honte parce qu’on est déjà loin. Sans arrêt on avance.

Avec Blues, c’est comme sur une moto, mais tout le temps. Je peux m’agripper à sa veste quand j’ai peur. Et quand je ne me sens pas bien, je peux m’endormir sur son ventre, il attend. Ah c’est vrai, on ne peut pas faire ça sur une moto. On ne peut pas se regarder dans les yeux sans dévier la trajectoire et perdre l’équilibre. Je ne suis pas uniquement derrière lui à le suivre. Je suis avec lui. Il faut bien que ça rentre en mon crâne. C’est peut-être sérieux après tout.

Il y a quelques jours, j’ai rencontré Eden et son ami Heguy lors d’un concert de la Casa Bancale. J’ai d’abord aperçu Heguy et quand celui-ci a tapé dans le dos d’Eden pour le prévenir de ma présence, ce dernier s’est retourné a fait une sorte de grimace moitié étonné moitié blasé, puis un signe de dédain avant de se replonger dans le concert. C’était pas une blague. Ca m’a fait un électrochoc. Je me suis dit, alors ça y est, c’est terminé, il ne veut vraiment plus m’adresser la parole. C’est moi qui aurait dû lui en vouloir mais c’est lui qui me fait la gueule. Mais je n’ai pas abandonné. Je suis retournée les voir un peu plus tard, leur parler amicalement et ça s’est transformé en conversation des plus normales. Même s’il y avait quelques sous-entendus. Il n’est plus avec sa copine, définitivement cette fois-ci. Il a remballé toutes celles qui lui tournaient autour. Et il a décidé d’abandonner l’usage du téléphone. J’ai réussi à les traîner ensuite dans une soirée folle où mes potes m’attendaient. Petit à petit, je reprenais confiance, Eden aussi. Finalement, ça n’avait pas tellement changé.

Y’a juste eu quand Blues est arrivé dans la discussion et qu’il m’a tendrement enlacé, un moment de silence. Et puis Eden et Heguy qui partent soudain en long et éclatant fou rire.
C’était malsain.
Je ne sais pas si c’était un rire nerveux, un rire moqueur ou de malaise. Qu’est-ce qu’ils croyaient ? A quoi ils s’attendaient, hein ? Que si j’étais venue leur parler c’était parce que j’avais des idées derrière la tête ? Et pas juste parce que je les aime bien.

Ca m’a fait plaisir de les voir, sincèrement, alors.
Je ne comprends pas vraiment.

Je ne cherche plus à comprendre.