Ecrit le 09.08.10 à 02h00

Je suis peut-être en train de tomber amoureuse. Et puis j’ai peur que ce soit toi. Parce que tu ne me pardonneras jamais vraiment. Que je ne t’ai pas tout dit. Que tu te méprends sur beaucoup de sujets. Et que tu es déjà loin.

J’ai peur de ne pas me faire à tes abandons. Tes blackouts. J’ai peur d’avoir à toujours douter, ne pas savoir si tu seras encore là demain, si tu comptes rester, si j’ai fini par t’ennuyer pour de bon ou te mettre une fois de trop en colère. J’ai peur de ne pas pouvoir t’être utile, ne pas être celle qui saura t’épauler dans les moments moroses, d’assister impuissante à tes balbutiements internes sans jamais parvenir à trouver une issue à ton cœur, j’ai peur que tu te rendes compte que tu n’arriveras pas à m’aimer, même avec le temps. Que tu ne nous donnes pas réellement de chance parce que tu n’as pas envie de nous réussir.

Mais au fond quoi qu’on en dise, tu es encore là.

Je me souviens d’une fois chez ton père, au milieu de la fête, des cris, des verres, de la musique, tu m’avais dit que j’avais raison depuis le début, que l’on n'était effectivement pas compatibles. Et c’est bien vrai. On fonctionne sur des plans différents. Ca avait l’air de te chagriner outre mesure or ce n’est pas si grave. Ce ne sont que des paramètres qui s’ajoutent, qui rendent l’histoire plus dense. Quand la surface n’est pas limpide, plonger effraie, on ne sait pas ce qu’il y a au fond, si l’on va se briser le crâne directement sur les rocher. Mais souvent lorsque l’eau est claire c’est qu’il y a peu de profondeur. Moi j’ai confiance en toi. Tu vas t’en sortir.

Et puis je commence à le sentir de nouveau, ce lien si étroit qui nous traversait à nos débuts. Il ne s’est pas barré à cause de la rancœur. Tu as beau faire comme si je n’existais pas, dans tes yeux lorsque je parle à un autre c’est comme si c’est moi qui te quittais. Tu as beau ne pas me toucher, ne pas me parler, ne pas penser à moi. C’est là, à l’intérieur de toi. Je l’ai compris quand tu as enfin décroché des mots sur ta déprime le visage dans l’ombre de la terrasse. Tu étais comme un enfant qui avoue sa bêtise. La tête et le regard baissés, la voix qui flanche, les excuses au creux de la bouche. Je t’ai aimé lors de ce moment. Je t’ai vu fragile et j’ai eu envie de te serrer dans mes bras. Te serrer fort, t’entendre pleurer. Parce que c’est toi tu comprends.
Toi et pas un autre.

Tu vas t’en sortir. Je suis derrière toi, je veille sur ta marche. Tu n’as pas besoin de te retourner.