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Un passeport pour la fuite
--> Un passespoir

Ecrit le 13.12.09 à 00h20

Je repense au Japon. A ces rues défilant sous mes yeux le dernier soir. J’étais tombée sur mon ami brésiliao dans un des halls de l’hôtel, je lui avais seulement parlé cinq minutes avant de me faire embarquer par un autre brésilien à errer dans Shinjuku. Je ne sais pas dire non quand il faut. Il m’a emmené dans un restau mais j’avais déjà mangé alors il m’a emmené dans sa chambre. Toujours très poliment, j’ai refusé chacune de ses avances, parce que quand même il avait quelque chose. Un air de ressemblance avec Rom mon petit danseur de Grenoble. Il m’a émue aux larmes lorsqu’avant de me dire adieu il s’est confié à moi. Seulement quelques phrases et beaucoup de pudeur contenue. Il existe des millions d’histoires que nous ne commencerons jamais, à n’importe quel endroit du monde, et ce, même si aucun des protagonistes n’appartient à ce même endroit.

J’étais un peu mal à l’aise avec ce type lorsque j’ai recroisé mon bresiliao à travers les rangées à étages multiples de commerces fluorescents en tous genres. Ils ne venaient pas de la même ville mais ils se connaissaient du voyage, mon bresiliao cherchait un restaurant très particulier et j’ai alors proposé qu’on y aille tous ensemble mais l’autre m’a pris par le bras et a taillé la route. C’est pas grave, on se recroisera deux fois encore dans ces mêmes rues labyrinthiques. A chaque fois j’ai voulu lui parler, j’ai voulu lui dire. Le cadeau que tu m’a laissé avant de partir, tu sais pas à quel point il a pu me toucher, tu sais pas à quel point je ne t’oublierai pas, non tu sais pas. Mais pas moyen de prendre la parole sur un ton moins léger. Et il y avait toujours ce gars qui veillait à ce qu’il soit le seul. A celui là, je répétais. Mais tu n’abandonneras donc jamais ? Tu t’acharnes, tu vois bien que ça ne me fait rien et que tu n’auras pas ce que tu attends de moi. Et il me répondait qu’il savait et qu’il continuerait jusqu’à ce que je cède, parce que c’était aujourd’hui surement la seule chance de sa vie qu’il aurait de faire ce pas vers moi. Lorsqu’il a commandé son bol de ramen, je me suis éclipsée quelques instants cherchant de quoi joindre une amie à moi. Je déambulais seule à travers les lumières. Je me rappelle très bien cet instant. Ca me faisait un bien fou. Toutes ces couleurs, cette agitation, cet infini calme en moi qui se répandait dans tout mon corps et le sourire, je suis au Japon, je suis dans ses rues, avec ses habitants qui parlent un langage incompréhensible, je me sentais chez moi, à la recherche de quelque chose, je trainais des pieds le rencontrant sans cesse, comme si je marchais derrière lui assistant à ses faits et gestes et pourtant, je ne voulais pas le suivre, puisque je voulais l’avoir en face, il aurait fallu pour cela que l’on parte chacun d’un point opposé qui nous relie mais il n’y avait que moi, liée à lui, indéfinissable, ce sentiment d’appartenance et ces palpitations de collégienne qui rêve en secret, comme si je l’aimais, alors que pas vraiment, je voulais juste, qu’il me regarde, me propose de m’asseoir à sa table. Mais je ne faisais que passer devant sa fenêtre. A trois reprises peut-être même quatre, j’ai dû avoir l’air tellement idiote, tant mieux s’il ne m’a pas remarquée. Je suis revenue au restaurant de ramen, cet autre m’attendait le regard inquiet. Comment lui expliquer ? Ca ne sert à rien, tu vois bien que je suis obnubilée par tout sauf toi. Il n’écoutait pas et en un sens, c’était émouvant et désespéré. A une de nos rencontres presque fortuites, mon bresiliao lui avait demandé de prendre soin de moi, et j’ai pas eu besoin de comprendre le portugais pour saisir qu’il s’attachait fermement à remplir cette responsabilité du mieux qu’il pouvait.

Finalement je me suis retrouvée seule une dernière fois. J’attendais cette amie qui ne venait pas, assise sur les grandes marches du hall principal. Il y avait un énorme bouquet de fleurs jaunes, aussi gros que le lustre en cristal et j’étais fatiguée de n’avoir rien rempli. Lorsque mon bresiliao a passé la porte d’entrée pour une énième coïncidence des faits, c’était comme dans un film. Cette impression. Le ralenti, tout ça, l’espoir des cinq dernières minutes avant le générique de fin. Ouais, je savais bien que c’était l’ultime coïncidence et que je venais d’épuiser mon stock pour les cinquante années à venir. Alors quand il s’est avancé vers moi je lui ai balancé un peu suppliante "tu m’écriras hein, n’oublie pas". J’ai littéralement fondu quand instantanément il a rétorqué "comment pourrais-je". Ecran noir, c’était la fin de mon film.

Depuis il m’a écrit. Il n’a même pas attendu de revenir au Brésil pour le faire. Et puis lorsque je lui ai envoyé une invitation Maïspeyce, il s’est créé un compte sur le site dès le lendemain. Avec une photo. Garçon, Rio de Janeiro, verseau, célibataire.
N’était-il pas marié ?
Des craquements dans ma poitrine. D’où ai-je pu m’en persuader ? Quelles ont été ses phrases, il m’a parlé de ses enfants. De sa femme ? Et sa bague ? Est-ce que j’ai ne serait-ce qu’une fois pris le temps de regarder ? Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que ça voulait dire, alors c’était quoi ces rendez-vous pris et sans cesse manqués, et ses phrases, et ses regards, sont-ils toujours autant protecteurs et bienveillants dans mes souvenirs maintenant que je sais ? Mais peut-être est-ce une erreur de frappe, une inattention, une inadvertance, un manque de connaissances dans le domaine. Du célibat ? Non d’internet, du site, des manières de procéder. Je me sens toute bizarre.

Et le besoin constant de parler de quelqu’un d’autre, de vivre à travers des alternatives, admirer un inaccessible amour au sens hypothétique, une idole, un passeport pour la fuite, comme si je donnais l’air de pas être bien là où j’étais. Mais en fait je suis juste une mauvaise copine. Une mauvaise aimante. Une fille frivole dans ses rêves. Je me demande si c’est dans mes gênes ou encré dans mes expériences et si ça disparaitra avec le temps. Je ne désire pas cela. Succomber à l’imaginaire. Je voudrais n’être qu’à un seul homme et l’aimer de manière authentique. Honnête et reposée. Je voudrais plaire mais n’être belle que pour lui. Parce que ce serait inévitable le bonheur que l’on s’apporte. Je l’aime et je ne comprends pas pourquoi je m’égare. Pourquoi je pense encore.
Au lieu de foncer le rejoindre.


Ecrit par Dine, le Jeudi 4 Mars 2010, 18:44 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
04-03-10 à 18:40

Dès lors qu'on parle de Japon, et surtout d'une jeune femme seule au Japon, j'ai l'imagination toute déformée et tu as de la chance d'avoir les cheveux noirs sinon je te confondrais vraiment avec Scarlett Johansson dans Lost in Translation.
Et je connais le tourbillon de questionnements lorsqu'on voit un "célibataire" virtuel s'affichait sur l'écran. Et les doutes lorsqu'on sait bien ou qu'on pense que ce n'est pas tout à fait la vérité.
J'aime bien déambuler seule, et encore plus dans une ville étrangère. Ca me rappelle lorsque Kiss est parti un matin, et que je me suis baladée et perdue dans Berlin. Mais même à Paris, j'ai l'impression d'être agréablement perdue...
Enfin, on ne peut pas aimer seulement un homme, non ? Je ne parle pas d'être nympho, mais je peux tomber amoureuse d'un inconnu à peu près une fois par jour donc cette exclusivité me semble difficile.

 
MangakaDine
MangakaDine
04-03-10 à 19:19

Re:

Faudrait décidemment que je le regarde, ce Lost in Translation, depuis le temps qu'on m'en parle.
J'aime bien me perdre, mais à deux je préfère. Ca fait des souvenirs communs. Je me perds encore dans ma ville ou plutôt, je cherche à me perdre. Souvent je propose à des gens que l'on aille là où on a jamais cherché à aller, tu sais j'ai tellement envie de dénicher un trésor, il y en a plein cachés dans les ruelles étroites ou au fond des vieux entrepots, des ruines ouvertes sur la nature et au milieu un cour d'eau, que sais-je. J'aime cette sensation là de découvrir quelque chose.
Peut-on aimer un seul homme? Je ne pense pas. Pour ça, il faudrait pouvoir vaincre le temps et le faire renaitre en nouveau présent à chaque seconde, si à chaque fois on recommencait une histoire en ayant fait un total reset sur les précédentes alors oui, peut-être. Après, je pense que lorsque l'on aime quelqu'un, on aime que lui, ne serait ce que pour une seconde. La suivante appartient à un autre, et alors? En fait tout dépend des priorités. Peut-être finalement qu'il y a aimer et être ensemble. 

Bisous Ninou.

 
ninoutita
ninoutita
05-03-10 à 02:06

Re:

Marseille est une ville qui m'attire depuis que j'ai lu Blaise Cendrars. J'y suis déjà allée une fois, il y a quatre ans je crois mais je ne l'avais pas encore lu. J'avais néanmoins été séduite, comme je le suis dans pratiquement toutes les villes où la mer est là.
Je me perds peu à Strasbourg, j'y suis habituée. Enfin, je ne m'y perds pas physiquement, mais mon regard se perd souvent dans l'architecture d'une maison que je n'avais pas remarquée ou la bizarrerie d'un arbre sur un quai.  A paris, c'est différent. Je me perds tout le temps et même lorsque je n'en ai pas envie ;)
C'est vrai qu'à deux, c'est encore plus agréable. Ca enlève le côté un peu triste de la balade en solitaire. Il y a un mois, j'ai arpenté une ancienne voie de chemin de fer avec un amant-ami, on a fait tout le tour de Paris dans ce terrain abandonné.
Je crois que tu as raison pour "il y a aimé et être ensemble". Quand j'étais amoureuse de June, je n'avais pas vraiment envie d'être avec lui. Le regarder de loin, sur scène, me contentait. Enfin, pas tout le temps, bien sûr... Souvent aussi, l'amour vient avec l'envie irrépressible d'être aux côtés de la personne aimée.

 
MangakaDine
MangakaDine
10-03-10 à 03:16

Re:

Oui, je crois que nous avons la même notion de "se perdre" en ville. Et pour ce qui est de la mer, je suis d'accord, c'est très attirant. En fait, ayant vécu près de la mer depuis que je suis née, ce n'est plus un plus indéniable, c'est une évidence, j'aurais du mal à me projeter loin d'elle sur du long terme. Je dois surement pas mal le dire ici, mais tu es la bienvenue chez moi tu sais, en terme de confort le lit est du premier prix mais y'a le reste, y'a l'eau, l'accueil, la chaleur, les soirées, etc.

Le commentaire sur ton June m'a fait penser à mon Maro. Ralala, que de souvenirs.

Je t'embrasse.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
06-03-10 à 01:27

Le premier paragraphe était un essentiel. Surtout sa dernière phrase, non vraiment.
Pour ce qui est de la mauvaise copine, je croi que c'est comme tout, ca peut s'apprendre. A etre une copine digne de lui, des retours. Je crois qu'il faut se poser les questions, indéniablement, et c'est inévitable. Mais quand on commence à s'en poser alors...

 
LiliLou
LiliLou
06-03-10 à 18:48

Re:

Vivre a travers des alternatives. C'est marrant comme je retiens toujours une phrase par ci par la. Je l'ai lu deux fois cet article déjà et je savais pas trop quoi répondre, et peut être aussi, même surement la flemme de répondre de ce nouveau téléphone qui me mets les accents une fois sur deux c'est rigolo et je sais pas sauter des lignes et tout ça. Ça fait des commentaires hypra condenses mais j'ai pas l'habitude de ne pas commenter c'est plus fort que moi. Surtout ici, et surtout toi. Elles sont jolies les couleurs de ton article et les personnages, ce personnage plus que cette personne. Ça laisse un goût de fiesta, de soleil, d'exotisme. Et puis oui, regarde donc ce film il est lent, sensuel, tendre. Mais je ne suis pas objective car je suis amoureuse de Scarlett.. Bon j'ai encore perdu le fil du commentaire, pas évident. Alors des bizous brunette enfiévrée (oui tu as un peu de fièvre et de température non? Mais ça c'est tôt le temps! =)

 
MangakaDine
MangakaDine
10-03-10 à 03:58

Re:

Haha! Quand je lis les articles de mon portable je ne commente JAMAIS! C'est trop chiant, ça met un temps interminable et quand t'appuies sur valider ça plante 4 fois sur 5 alors franchement, je te fais la olà et je te vénère, t'as bien du courage!
Ah et puis je suis une enfièvrée maintenant, c'est une première! Enfin, par les temps qui courent, tu as plus que raison, on est deux enfiévrés Blues et moi, mouchoirs en poche, polaires et couettes, gersures aux lèvres et aux nez la parure complète quoi! Il dort à côté de moi avec ses narines bouchées il fait plus de bruit que le marteau piqueur des ouvriers en bas de ma rue. M'enfin bon, tu sais que j'aime tes commentaires toi, hein. Tu me cites sur des phrases que je croyais moi même ne pas avoir écrites.
Mais c'est peut-être la fièvre qui veut ça....

 
MangakaDine
MangakaDine
10-03-10 à 03:46

Re: Passionnée

Merci pour le commentaire sur mon premier paragraphe, il t'en est très reconnaissant! ;)
Oui, être une bonne copine tu as raison, ça peut sûrement s'apprendre, faut juste aimer la matière tu sais, ça botte pas forcément au premier abord d'être quelqu'un de bien. Le problème qui se pose dans tout ça finalement c'est pas tellement la motivation, c'est les récidives.