Plus que tout, Maro est un enfant capricieux qui a pris l'habitude de recevoir ce qu'il ordonne. Surtout en matière de filles. C'est Poubelle qui m'en parlait. A Pag, sa ville natale, elles sont toutes babas devant lui, à exécuter ses moindres désirs, pulsions, où il veut et quand il veut, sans un seul scrupule. Et il les prend jeunes et naïves, c'est plus facile à manier, ça a moins de répartie.…
... Il est intelligent. Il fait le gars simple d'esprit, nature, spontané avec les nanas.....il est très intelligent. Il ne dit pas de phrases qui pourraient lui porter préjudice, il ne promet rien, il manipule à sa guise car il est bon comédien qui sait que quand on veut, on peut.

Oui mais alors s'il arrivait que la scène ne se déroule pas comme il l'avait prévu, justement ?

Il nous est possible de comprendre dans ces moments là, l'homme incroyablement sûr de lui qu'il est. Je m'explique.

Hier soir il était encore question de musique chez Poubelle. Nous revenions de chez PomPote où on avait déjà pas mal entamé les percus, il devait être aux alentours de 2h30 du matin et j'avais un petit coup de barre. Je demandais donc courageusement à une âme bienveillante de me réveiller dans 20 minutes histoire de ne pas rater le retour de la vengeance de la session zik. Puis, j'entrais dans la chambre de Maro qui s'était couché depuis déjà belle lurette, me coinçais à l'extrémité droite du lit, contre le mur, et fermais les yeux. Maro, depuis tout ce temps, faisait semblant de dormir et dès lors mes yeux clos, je le sentis me prendre la main pour m'amener à lui. Je me laissai faire. Mais il se précipitait.

-" Je suis venue faire une petite sieste de vingt minutes, après je retourne avec les autres....laisse moi dormir mes vingt minutes please..."
-" Non!" s'exclama-t-il en me caressant le ventre.
-"Ah ouais ? T'es un type comme ça, toi!" le taquinai-je.
C'est vrai qu'au creux de ses bras, on oublie un peu toutes nos bonnes résolutions...on devient plus indulgent, si docile.... qu'il en arrive à nous modeler, avec ses mains, nos positions, faits et gestes. Ca en devient frustrant et agaçant. Bon, ça suffit maintenant ! lui dit-on. Et ça l'amuse. Alors on se met à rire nerveusement de la situation :

-" J'aurais pas dû venir dans cette chambre, quelle conne! Je suis en train de me faire avoir comme une débutante."

Mais il continue à me faire fléchir, à agir comme bon lui semble. Alors je veux me lever de ce lit.....mais il m'attrape, me retient, et ça recommence.

-"Mais laisse-moi y aller !"
-"Non, tu restes là !" me défie-t-il du regard. Je le fixe avec un mélange de scandalité et de provocation dans les yeux. Il réagit :

-" Quoi ? T'es pas bien ici, c'est ça ? Qu'est ce qu'il y a, t'es pas bien avec moi, hein ?"

Et là, c'était très bien joué de sa part.
Car en temps normal je lui aurais évidemment répondu un attendri "mais noooon, pas du tout...." et il aurait alors rétorqué le fatidique "ben reste....". Mais j'étais un peu remontée contre sa façon de faire :

-" C'est pas une question de bien où pas, si je te dis que je dois y retourner, j'y vais, c'est tout."
-" Pourquoi ?"

Question stupide.
-"Bah parce que je le leur ai dit et que je respecte ma parole..."
Logique. Mais ça me turlupine:
-" Et toi, hein ? Pourquoi !" Pourquoi tu me retiens alors que tu te joues de moi ?

Il esquive. M'embrasse partout en disant :
-" Pour ça..."

Désolé, cette explication ne me convient pas franchement mais je sombre sous ses caresses enivrantes.
-" Hmmmm...toi t'as mangé du chèvre, non ?" plaisanté-je.
-" Oui."

Mouahaha..... Mon odorat est infaillible! (...sauf lorsqu'il se trompe).
Bizarrement, cette saveur me ramena à la réalité. Je me détachai alors de Maro pour respecter mon choix mais impossible de faire ça en douceur, à chaque tentative de fuite, il me rattrapait et me serrait plus fort et plus fougueusement contre lui. C'était comme si.....plus je voulais m'échapper, et plus je lui devenais précieuse.

-" Allez....laisse moi dormir.."
-" T'auras tout le temps de dormir tout à l'heure."
-" Mais tu pourras me faire autant de gâtés que tu veux après la session musique..."
-" Mais.....peut-être que quand tu reviendras, le lit sera pris par d'autres gens....alors profite!"

Profite ! Ha! Il n'a pas dit "Profitons!", non.....c'est moi qui ai l'honneur de pouvoir "profiter" de sa personne, c'est pour ça qu'il utilise le singulier. Mais je ne me démonte pas :
-" Bah réserve-moi la place alors..."
-" Aaaah...j'en sais rien moi....p't'être que je vais m'endormir, et alors dormira près de moi qui veut...."

Il savait très bien, tout comme moi, que personne d'autre ne viendrait dormir dans cette chambre, puisque la seule autre personne potentiellement apte à passer la nuit ici le ferait sûrement dans la chambre à Nem. Oui, il le savait...c'était juste de la provocation. Un moyen de sous-entendre que rien n'était acquis, pas même ma place dans ce lit. Que c'était maintenant......ou peut-être jamais. Et moi, à l'entente de sa dernière phrase, vit mon brouillard amoureux s'estomper. Ma lucidité revenue, je lançai un mega-défiant :

-" Ah ouais ?"
...et m'écartai à toute allure de sa chair.

Mais il réussit en dernière limite à choper ma jambe. Ca devenait vraiment irréel de n'importe quoi. J'avais jamais eu affaire à ce cas là de ma vie. C'était un jeu de force. Certes, un jeu....mais jusqu'à quel point ? Il me tirait vers lui, et moi je m'agrippais au pied du lit pour tenter de me dégager. C'était au final une situation très cocasse et je ne pus m'empêcher d'ironiser :

-" Et beh.....ici il faut se battre pour sortir d'un lit, ouaouh!"
-"Ouais.....tu peux toujours essayer." me nargua-t-il.
-"Tu vas pas faire ton mariole longtemps."

Lui dis-je en échappant ma jambe de ses mains, ma chaussette encore entre ses doigts en guise de consolation. Je me levai enfin, enlevai mon autre chaussette, ouvris la porte et sortis un sarcastique :

-"A tout à l'heure!"

Lui, avec rage, se retourna contre le mur et recouvrit sa tête avec la couette, à la manière d'un : "enfant gâté...(...)....un gosse qui fait un caprice pour récupérer son jouet" .
Je l'avais dit. J'avais déjà deviné.