Ecrit le 17.07.06 à 22h30
Je lui ai encore écrit un roman par mail.
Je sais pas, ce doit être ma manière à moi de culpabiliser de faire ma fille froide au téléphone. Merde. C’est moi qui l’appelle et au final c’est moi qui lui dis que j’ai pas besoin de lui. Je fais n’importe quoi. Il y a les paroles qui se fourchent dans ma bouche. Elles se déforment et disent l’inverse de ce que je ressens. Des trucs du style : « t’as pas envie de venir ? te force pas j’appelle quelqu’un d’autre, il me faut juste un gars avec une voiture, c’est tout, peu importe qui…. » Sur le coup Blond a bondi avec un « Quoiii ? Coooomment ? » et j’ai renchéri, renchéri, parce que j’ai vu qu’il suivait. Mais bon, il m’avait agacé. Il faisait le gars occupé à parler avec son pote sans écouter ce que j’avais à lui proposer au téléphone. Genre, « j’m’en fous que tu appelles, j’fais le gars blasé ». Normal qu’après je fasse la fille « j’m’en fous que tu viennes ou pas, d’ailleurs viens pas ça m’arrange ». Quelle conne.
Ca c’est parce que je vois que je m’attache trop à blanc. Que je m’enflamme sur MSN dès que je le vois connecté et qu’il prend même pas le temps de me répondre. Et qu’après lui il m’envoie des textos du genre « ça y est je t’ai écrit la partition connecte toi tout de suite ! ». Y’a pas égalité des pouvoirs. Je lui cours trop derrière. Je lui écris des pavés et je lui fais lire mes textes sur Maro. Je me dévoile trop, trop, trop. Il faut que je lui dise non, non et non. Il n’a pas le droit de me rendre accro comme ça. Surtout si je peux pas le voir tous les jours….
Alors à la place, je joue sa partition.
Qu’il a écrite pour moi, rien que pour moi. En soi, c’est une jolie marque d’affection. C’était la première fois qu’il prenait la peine de faire ce genre de chose. Je suis sa première fois ?
Comme c’est touchant.
Peut-être tient-il un tant soit peu à moi alors. Peut-être que lui aussi il y pense, même quand on est loin l’un de l’autre. Puis je ne vois dans ses pseudonymes que des noms de partitions pour piano. Il doit y penser, obligé.
« Dis moi, tu écris encore en ce moment ?
Parce que je me demandais si j’y faisais des apparitions et ce qu’elles donnaient.
J’ai (un peu) vécu ce bout de ta vie. Je voulais savoir comment tu l’écrivais, c’est tout.»
Ouais ouais.
En fait, y’a peut être un minimum égalité des pouvoirs.
C’est juste que je suis longue à la détente.
Comme la dernière fois au concert de Gojira et des Têtes Raides (aucun rapport entre les deux groupes, on est d’accord). Il était avec ses potes calés loin de la scène et des gens, et moi je lui ai dit « viens, j’ai envie de me rapprocher pour danser dans la foule, viens avec moi ». Et il se mettait loin, toujours, il n'entrait jamais au milieu du peuple. Je le poussais à avancer de quelques rangs, mais il cachait sa réticence, prétextant qu’on y voyait mieux de l’angle où il était. Je ne me suis rappelée qu’en fin de soirée qu’il était agoraphobe.
Et pourtant. Il a fait l’effort, pour moi, sans me le montrer. Il a affronté la fosse, devant la scène. Pas longtemps, ok, le temps d’une chanson. Mais qu’est-ce que j’ai été émue, en me rendant compte de cela.
Et quand ses potes sont partis, il est resté. Tout seul, à bavarder sur rien. A traîner avec des gens qu’il ne connaît pas, et moi. Et à me regarder avec les yeux qui pétillent, jusqu’à ce que des gens extérieurs à la bande nous traitent d’amoureux. Le bisou, le bisou ! Qu’ils crient. Et je suis toute rouge, et je sais pas où me mettre. Lui ne bronche pas, stoïque. Toutes ces choses qu’il doit renfermer, là dedans. C’est lui-même qui m’a annoncé d’ailleurs :
-« Pour Truc, laisse tomber. Il a fait le gros connard. T’étais là et il en a juste profité, c’est tout. »
Il m’avait dit ça en début de soirée, le bougre, alors que je m’apprétais à revoir Truc toute happy et tout. La tronche que j’ai tiré sur l’instant.
-« Tant pis, c’est lui le con. Mais faut pas que tu t’en fasses, c’est juste qu’il n'est pas sensible à ton charme…. »
Il n'est pas sensible à ton charme.
Il me l’a répété au moins vingt fois dans la soirée. Pour après me demander un massage, en plein concert de Gojira. Qui a duré jusqu’à la fin du dit concert, d’ailleurs. J’étais trop bien. J’étais devant tous ses amis, mais je m’en foutais. Il n’y avait que lui devant moi et je pouvais lui faire toutes les caresses tendres que je voulais. Lui attrapper les cheveux, l’enlacer, lui agripper le ventre qu’il en redemandait. Sait-il au moins que ce ne sont pas vraiment des choses qui se font, entre amis ?
A la fin des deux prestations, on était là, côte à côte, et on flottait. On n’attendait qu’une chose, s’éclipser ailleurs, à l’abris du monde, et parler. Mais ils ne nous ont pas laissés faire. Alors on s’est construits une bulle au milieu des conversations, et on s’y est glissés tous les deux, en faisant bien attention à ne rien dire de brusque qui puisse l’éclater. Et on se regardait, comme ça. Et on s’envoyait de gentilles vannes grinçantes :
-« Pffff franchement Dine, en vrai t’es insupportable, on ne devrait correspondre que par mail, là où tu me fais plein de compliments ! »
-« Ok, si c’est ça que tu veux, on ne se voit plus. »
-« Bon…t’as un physique pas dégoutant, non négligeable, alors reste. »
-« Ouais...je préfère. »
-« Mais du coup, si tu abandonnes Truc, tu m’avais dit que t’avais d’autres gars en vue, sur lequel vas-tu poser ton dédain, ou te rabattre? »
-« Boah…sur personne. »
-« Tu laisses tomber? »
-« Non ! C’est que…..pfffff….c’est trop compliqué pour en parler. »
C’est de toi qu’on cause, couillon ! Comment veux-tu que je te l’avoue en face ?
-« Tant mieux, tu vas pouvoir te consacrer à moi alors ! »
-« Hein ? De suite, t’as cru que j’étais à ta disposition ! »
-« Bah…tu ne m’avais pas dit que tu voulais me garder en numéro un ? » (click !)
Là, ma salive s’est lentement ravalée avant d’ouvrir grand la bouche de stupeur. Mes joues ont dû virer à l’écarlate….je ne pensais pas qu’il aurait eu le cran de me ressortir une phrase de mon mail…..surtout cette phrase là.
-« Numéro un, ouais….enfin c’était vite dit, hein ! »
Il a haussé les sourcils, s’est détourné en mettant les mains sur son visage, dépité :
-« Quoi ? Nooon fallait pas me casser dans un moment pareil, pas là… »
Il ne s’attendait peut-être pas à entendre cette réponse, en fait.
Huhu.
Mais je me demande quand même….ce à quoi il s’attendait.
On s’est quitté, on avait du mal à partir. On était là, tous les deux :
-« Bon, alors au revoir. »
-« Au revoir. »
-« Ouais, au revoir… »
-« Ouep. »
-« … »
-« … »
Fameux.
Nos chemins se sont séparés avec pleins de projets en tête. Il veut que je l’héberge lorsqu’il sera en studio dans ma ville à côté de la sienne. Chuis pas sûre que sa copine soit vraiment d’accord….m’enfin, il sait ce qu’il fait. Le sait-il ? Il serait temps de foncer. Ce que me disait mon ami Alex pas plus tard qu’hier.
"Il n’attend que ça. Embrasse-le et puis voilà !"
Et puis voilà.
Commentaires :
Re:
"Soit ce type est vraiment un être formidable fou amoureux de ta personne mais très délicat avec sa copine, soit un fieffé fourbe (pour faire une petite allitération en "f", huhu) qui fait joujou avec ton coeur et son ego..." Tu sais, Blond, c'est quelqu'un qui voit l'amour de la manière la plus romantique qui soit. Genre, soit la femme de sa vie, soit rien du tout. Qui respecte l'acte d'aimer autant que l'acte de faire l'amour. Et paradoxalement, sur la surface, c'est quand même un vrai salaud qui s'en fout des gens et qui secrètement, a besoin d'être admiré. Même s'il ne leur veut aucun mal.
M'enfin, tu as le droit de tirer des plans sur la comète, surtout que tu n'as pas fini de fabuler avant de trouver un certain dénouement. Et encore, on ne peut pas parler de dénouement puisque aujourd'hui, je continue d'écrire son pseudonyme dans mes articles et qui sait....qui sait ce qui a bien pu se passer...
BiZOo!
Re:
Toujours est-il que le prochain article que je posterai aujourd'hui ne dévoilera aucun suspense, puisque qu'il ne parlera pas de Blond, mais d'un homme déjà connu sur ce blog....
Feu
Dine, tu nous fais baver d'impatience, avec ton histoire...
J'ai envie de crier à la fin de chaque article : "La SUITE! LA SUITE!"
Soit ce type est vraiment un être formidable fou amoureux de ta personne mais très délicat avec sa copine, soit un fieffé fourbe (pour faire une petite allitération en "f", huhu) qui fait joujou avec ton coeur et son ego...
Ohlala, voilà que j'en viens à tirer des plans sur la comète, ça ne va pas du tout... Bon, j'arrête là, j'attendrai patiemment le prochain épisode, la suite, la suiiiiiiiteeeuhhhh.
Bzu!