Ecrit le 12.03.05 à 12h30
J'ai encore et encore son odeur encrée dans ma peau.
Et je l'aime. Lui et son odeur...
Je ne sais pas si je dois m'en réjouir mais....
....
Je suis heureuse ! si heureuse...
Rien n'a pourtant changé. Quelques petits détails par ci par là suffisent à trouver l'histoire plus belle. S'extasier pour des choses qui en temps normal paraîtraient un minimum. Mais on s'en fout, c'est l'extase!
Aaaaah....je n'arrive toujours pas à m'en remettre.
Je me dois de vous raconter ce récit depuis son début.
C'était hier après midi, en plein salon des métiers, je représentais avec d'autres gars de ma classe mon lycée sur le stand. Pour cela, j'avais en ma possession un chevalet, une feuille demi-raisin marron foncé et un espèce de petit homme des forets en pâte FIMO à reproduire sous tous ses angles. J'étais en démonstration direct live de mes talents de dessinatrice. Je me la pétais grave avec mon air super inspiré, le pinceau dans la bouche, la palette à la main... Les gens venaient observer ma feuille tout content, y'a au moins trois personnes dans la journée qui m'ont demandé de faire leur portrait, derrière y'avait ma prof qui me zieutait méchamment pour me dire : "travaille sur ta planche, je vais noter ton boulot ! ! !" nianiania....Y'en a même un qui m'a sorti : " demain j'ai un sujet d'art plastique à rendre.....tu voudrais pas me le faire ?"
Hmmoui.....moyennant finances...
Enfin c'était une journée bien organisée, j'avais rencontré Rox, un pote à PomPote qui était sur le stand des ébénistes juste derrière nous, j'étais contente qu'il se rappelle de moi (parce que moi je ne me souvenais pas de lui....lol la honte) et en voulant repasser pour lui faire un petit coucou, de loin, j'ai aperçu une silhouette à ses côtés. Trop familière. J'étais encore trop loin, mais je savais déjà. C'était le choc psychologique qui me guettait....
Je l'avais reconnu.
Et plus j'avançais vers lui, plus ma bouche s'ouvrait grand d'étonnement. J'en étais persuadée. J'étais persuadée qu'on se reverrait dans de telles circonstances. Mon cœur battait à cent à l'heure, l'excitation s'emparait de mon être et pendant qu'il discutait avec Rox (le pote à qui j'avais dit bonjour tout à l'heure), je me suis postée derrière lui comme si de rien n'était. Il s'est arrêté de parler, s'est tourné vers moi, j'ai regardé en l'air et ai siffloté, feignant de passer là par hasard, puis on s'est observé complicement, dès le premier regard. Lui aussi m'avait reconnu. On en avait tous deux le méga sourire aux lèvres.
Durant toute l'après midi, je me suis passée en boucle ce flash-back de sourires, cette exaltation, et cette image de moi au loin qui, au fur et à mesure que mes pas se rapprochaient de son être, distinguais de mieux en mieux son visage, ses traits d'expression. Et puis ma mémoire remontait le temps. A l'époque où il se la jouait racaille et moi victime. Il y a cinq ans de cela......avant qu'il ne déménage. Et cette envie la première fois d'aller le voir pour lui parler. Parce qu'il me faisait rire. Mais cette gène de faire le premier pas par rapport à son statut, réputation collégienne. Moi, la petite fille que tout le monde lynchait parce qu'elle réussissait en classe et lui, qui lynchait plus particulièrement le genre de fille que j'étais. Mais malgré tout cela, une énorme envie de le connaître.
Et puis un jour, ça s'est fait tout seul.
Je m'en rappelle encore. Il parlait avec Pripri des codes de Age Of Empire, Pripri lui racontait les scénarios qu'on inventait elle et moi afin de faire tourner le jeu en bourrique, et je me suis naturellement mêlée à la conversation. Pripri le connaissait depuis l'école primaire. Moi, je venais de le connaître à l'instant, et déjà, c'était comme si on s'était côtoyé tous les jours depuis des années. Il arrêtait tout pour venir me voir, et vice versa. Tout le monde se demandait ce qu'on pouvait faire tous les deux, certaines de mes connaissances ne comprenaient pas comment je pouvais le trouver intéressant, ne remarquant que ses défauts....et je suis sûre que de son côté, il avait droit aux mêmes réflexions. On courrait ensemble en sport en se parlant sans cesse de jeux vidéos pendant la séance, et du coup, on était toujours les derniers fatigués à l'épreuve d'endurance. En fait, on n'avait pas vraiment de grandes choses à se dire....mais on ne pouvait se résigner à se séparer l'un de l'autre. Rooky et moi.
Pourtant, il a du déménager. En plein milieu d'année scolaire. On s'est quitté sans vraiment se dire ce qu'on avait vraiment à se dire. Et mon cœur empli de regrets se serrait plus fort à chaque fois que j'avais le malheur de repenser à ces temps là....et à notre séparation.
Mais il est ici, devant moi.
Et je l'ai toujours su, qu'il serait à nouveau là devant moi, un jour. D'une manière ou d'une autre, cela devait se produire. Mais le revoir subitement, comme ça, entouré de pleins de gens, quel choc! Je ne m'y étais pas franchement préparée. J'aurais dû ? Peut-être....enfin à ce moment là de l'histoire, ma seule pensée s'orientait vers :
"Argh ! Je l'ai, je le garde."
Je ne le laisserai plus repartir de sitôt, je veux profiter un maximum de sa présence avant qu'il ne s'envole encore vers d'autres cieux beaucoup trop lointains pour la petite Dine. Et d'un coup me sont poussées des ailes entreprenantes qui m'ont entraînées à péter plus haut que mon cul :
-"Bon, ce soir, on fait la fête ?"
-"Ah....y'a quelque chose de prévu au programme ?" m’a-t-il répondu.
-"Non. Mais je ne te laisserai pas t'en aller. Alors on va faire la fête."
Et le pire, c'est que ça a marché. Ils se sont tous les deux regardés, puis ils m'ont tous les deux regardée :
-"Baaah.....pourquoi pas, hein ?!"
Ils voulaient partir tout de suite, mais moi j'étais clouée ici jusqu'à 17h, fin des cours. Alors j'ai choppé Rooky de force. Rooky que je ne voulais plus quitter d'une semelle, ça faisait si longtemps. On a fait le tour des stands, on a résumé notre vie en quelques phrases. J'avais l'impression d'être en plein rêve. Parce que je rêvais souvent que l'on se retrouvait tous les deux, à nouveau ensemble. Il n'avait pas changé. Toujours autant bavard. Les mêmes mimiques, le même humour, la même étincelle dans le regard.
-" Je pensais ne plus jamais te revoir." m'avoue-t-il.
Moi je savais qu'on n'en resterait pas à de simples adieux, il y a 5 ans de cela.
17h, on squatte chez la copine à Rox, le pote de Rooky, qui était au stand juste à côté du mien.
On matte Bénabar. Rooky parle de son groupe de zik, évoque avec Rox des souvenirs de classe dont je ne fais pas partie, me narre de long en large toutes les conneries qu'il a pu faire quand il étudiait encore l’ébenisterie. Me parle de son oncle trompettiste ou saxophoniste qui a fait la musique des Shadocs ( maintenant il joue pour la bande son du dernier album de Lorie mais il se garde bien de mettre son vrai nom sur la pochette ). On sert du thé au jasmin. Je pense à Maro. Envie d'aller le rejoindre. Envie qui dépasse toutes les autres. Même celle de rester auprès de Rooky, mon ami perdu. Je propose d'aller faire une big session musique chez Poubelle. Tout le monde est vachement emballé par l'idée. En réalité, ce n'est qu'un prétexte de plus pour retrouver Maro.
Je quitte donc les lieux, vais chez Poubelle seule, pour lui expliquer calmement que débarquera ce soir 3 personnes de plus dans son appartement. Manque de pot, la big soirée se fait chez une copine des Beaux Arts et y'a pas beaucoup de place. Pas grave, ils viendront quand même et se feront tout petit. Foi de Dine.
En attendant, c'est l'heure de la bouffe, on est 6 à vouloir grignoter quelque chose. Nem nous montre qu'il assure le découpage de betterave. Moi la cuisine, vraiment pas mon fort. Vaut mieux m'écarter des couteaux, pour le bien de tous. Pod dessine sur la table. Maro coupe les oignons et n'arrête pas de répéter : "c'est vachement triste. C'est vachement triste c'qui m'arrive là." Humour humour quand tu nous tiens. Moi, par terre, je reste assise à contempler le vague du mur. Je me mets à penser que j'aimerais bien être un oignon. Non pas pour me faire découper crue et en rondelle, mais pour moi aussi arriver à soutirer quelques larmes à Maro. Pod me balance discretoss un bout de papier :
"Bon pour 1 massage.
Fait par un professionnel
Sous réserve d'un massage en retour (si tu veux)"
Je le regarde, dubitative. C'est une blague, hein?
-" T'as l'air de t'ennuyer toute seule dans ton coin, c'est pour ça...."
Pfff....et c'est vrai en plus.
Il me regarde, suppliant. J'accepte. Mais j'ajoute que pour le massage en retour, il pourra se le mettre où je pense. Il acquiesce (il a pas trop le choix de toutes façons). Non parce que je sais comment ça se termine les séances massage. Je connais. On me la déjà faite.
...
En plus j'ai mal au sacrum (oué la feinte). Je demande où est-ce qu'il faut que je m'installe. Il m'indique la chambre à Maro. Aïe. J'en connais un qui va pas être très content dis donc.
Je m'allonge, me détends. C'est vrai que c'est agréable. Mais je veille. A chaque fois que Pod commence à prendre confiance je pousse ma gueulante : "Hé ho, surveille tes mains un peu!". Mais ça va, il n'a pas abusé de ma gentillesse. Poubelle débarque en trombe dans la pièce, se fait dégager cash par Pod.
Pod n'aime pas qu'on vienne déranger ses patient(e)s. Je suis bien. Me perds dans mes pensées. Dans mon dos, je sens Maro qui s'approche à pas de loup. Il va pour me faire des guilis mais se fait remballer aussi sec par Pod qui décidément, ne supporte pas qu'on vienne le perturber dans son travail :
-"Putain, mais qu'est ce que tu fais, tu vois pas qu'elle est détendue là, qu'est ce que tu viens la faire chier pendant qu'elle se repose ?!"
Ouaouh Pod a la classe, Maro se fait tout petit :
-" Oui mais c'était juste pour rigoler mec, c'est pas grave.....c'était pour de r...."
-" Oui ben dégage là...."
-" Mais j'voulais juste....."
-" Dégage."
-" …"
Et il s'en va, tête baissée, la queue entre les jambes (c'est le cas de le dire). Moi, totalement écroulée de rire intérieurement de part le comique de situation, jubile. Je suis sadique, oh oui j'aime ça. Ha là là.....ce remmetage en place de Pod était divin, pour ça, je lui en serai reconnaissante à vie ! Non mais le pauvre, il pouvait pas savoir que Maro et moi....
Bonjour les quiproquos....
Arrivent Nayouk et Dave, deux gars de ma classe. Ils entrent dans la chambre et là !!!!!!! c'est le drame...
-" Mais qu'est ce que tu fous là ? Et qu'est ce que tu....enfin.....là quoi....tu......"
Me fait Nayouk la lueur emplie de vice.
Tous les mêmes....
...
C'est qu'un massage quoi, borbel ! Vous en voulez un vous aussi ? Pod va s'occuper de vous, il fait ça très bien.
21h. Arrivée chez miss Beaux Arts avec notre bongo sous le bras à Poubelle et moi. Je fais la bise à PomPote, toute excitée à l'idée de lui parler de ma rencontre avec Rooky, qu'il connaît bien. Etonné de voir qu'il était mon meilleur ami à l'époque. Ce que le monde est petit. Je file le nouveau number de Rooky à PomPote qui l'appelle et lui dit de se manier les fesses. Celui-ci a tout de suite capté le coup :
-"Tu l'aimes bien Rooky hein? T'as hâte que ton p'tit Rooky vienne te retrouver coquine...."
...
Qu'est ce qu'ils ont tous ce soir?
Maro est tout seul sur un lit en train de rouler une cig'. Je m'assieds à côté de lui silencieusement. Poubelle nous rejoint, entame la discussion :
-" Hey Dine, comment je me suis faite jeter par Pod tout à l'heure ! C'était quoi ce plan, là ?"
Aïe...en parler devant Maro....je redoute sa réaction....ou sa non-réaction, justement.
-" Bah en fait.....pffff tu vas rire...il m'a refilé un bon pour un massage....!"
-"Non juuuure ! Un bout de papier ? N'importe quoi !" (quand on s'y met, on est de vraies midinettes)
-" Attends ! Et dessus y'avait marqué : fais par un professionnel! Tention, c'est pas un massage à deux balles !"
On rit. Maro roule sa clope. Je renchéris :
-" Enfin....j'espère juste qu'il va pas croire que....."
Pod entre dans la pièce. Il cherche du feu.
Je me mets à sourire malgré moi. Juste quand on parlait de lui....quel timing. Pod m'adresse la parole mais je ne l'écoute pas, trop occupée à me retenir de sourire d'avantage. Mais Maro a tout vu. Et pendant que Pod parle dans le vent, il me fixe, et se met à sourire lui aussi, mais d'une façon plus maligne. Il me regarde et fait des discrets hochements de tête vers Pod, puis il lève les yeux en l'air, exaspéré. Il les plonge ensuite à nouveau dans les miens et je le sens très indiscrètement proche. Nous partageons tous deux le même secret. C'est comme s'il compatissait avec moi en me faisant signe que Pod était lourd. A moins plutôt qu'il essayait de me dire...."et voilà où ça te mène, Dine".
En tous cas, quel que soit le message, ce regard complice échangé avec Maro, je l'ai savouré. J'aime qu'il se confie à moi par pupille interposée. Tout au long de la soirée, il a continué à me parler à travers ses yeux, j'aurais aimé que ces moments là durent une éternité. J’aurais voulu que ça ne s’arrête jamais.
Rooky et sa bande sonnent à la porte. Se mêlent à la session musique. Gourou(le petit copain de Poubelle) essaye d'imposer à Maro un rythme à reproduire sur le djembe. Mais Maro, dès que l'on parle d' "imposer", se bloque :
-" J'aime pas quand on me dit ce que je dois faire marraud, laisse moi trouver par moi-même..."
-" Mais c'est pour te simplifier la vie, commence par reproduire ça je te dis...."
-" Non, non......bah non! Tu me dis rien, tu me laisses faire ce que j'ai envie c'est tout."
Et là, flash back :
-" Je veux un câlin..."
D'un coup, tout parait plus clair et concis.
Maro, frustré dans son atteinte à la liberté, lâche le djembe pour une guitare. Rooky, poussé par moi, se retrouve la deuxième guitare en main. Je m'assois alors par-terre et admire le spectacle. Les deux gars de my life en duel musical. Maro qui d'habitude mène la danse s'arrête de jouer. Rooky gêné, demande :
-" Tu veux peut-être ma guitare ?"
-" Non non c'était très bien, continue..."
Maro qui fait un compliment, c'est vachement flatteur, j'étais contente pour Rooky. C'est vrai qu'il se débrouillait pas mal, le petiot....très bien, même...
1h sur les montres.
Maro se lève, prend son manteau.
-" Tu fais quoi là ?"
S'offusque le peuple de l'herbe.
-" J'y vais mec. Chuis trop fatigué, je tiens plus debout. En plus demain je dois prendre le train vachement tôt...."
Je bloque.
Dine a un bug. Aucuns sons ne parviennent à sortir de sa bouche grande ouverte. Elle est happée par l'effet de surprise que vient de créer Maro. L'élément perturbateur, comme on dirait dans je sais plus quelle matière scolaire....
"J'y vais"
A l'entente de ces mots, mon cœur a fait un tour sur lui même, et comme il n'est pas très doué pour les acrobaties, il est resté la tête en bas (la tête du cœur, ressituez vous!), comme un couillon. Je suis couillonne. J'y vais.... Cette phrase résonne encore dans mon corps comme les pin-pon d'un camion de pompier.
ji-vé-ji-vé-ji-vé.....etc.....
Je fixe Maro suppliant, criant au fond de moi le plus fort des : "reste....ne me laisse pas...." Mais il ne daigne pas poser son regard sur ma personne afin de recevoir mon message. Il m'évite. Peut être a-t-il déjà compris. Il dit aurevoir à tout le monde, sourit, se dirige vers la porte de sortie où moi, assise sur le divan, l'attends. Il me passe devant, baisse les yeux et disparaît dans le noir du couloir. Je ne sourirai plus comme avant.
Il y a des gens que l'on cerne au premier coup d’œil.
Il y a des gens que l'on croit cerner, aveuglément.
Toi Maro, ça fait trois mois.
Trois mois où je ne cesse de me poser des questions. Je me lance des hypothèses, mais elles tombent toutes à l'eau, je ne te comprends plus. T-ai je déjà compris, un jour ?
Qui es-tu ?
Dis le moi, je n'en peux plus d'attendre.
Je veux te connaître par cœur.
Je t'aime....
....mais tu fuis.
-" Hey petite Didine, t'as l'air toute patraque..." me fait Poubelle.
-" Quand est-ce qu'on rentre à la maison..." lancé-je, lasse.
-" Ho hé ho ! Tu vas pas commencer, hein ? C'est la fête, on rentre tard ce soir !!! Allez, motive-toi un peu, arrête d'y penser, tu t’enfonces toute seule..."
-" Oui mais j'ai envie d'aller le rejoindre, là.....tout de suite....."
-" Pffff.....bah vas-y alors..."
-" Mais....il faut pas......il faut pas que je reste pendue à son cou.......entièrement dévolue, à ses ordres.....non, il ne faut pas."
-" Tu sais pas c'que tu veux...."
....Si je sais. Etre près le lui. Dans ses bras.
Je sais aussi que je ne dois le faire.
Je sais très bien......trop de choses. Je voudrais ne savoir qu'une chose à la fois.
Que je l'aime.
Ou que ça ne se fera pas.
Mais je ne veux pas l'aimer tout en sachant que ça ne se fera pas....
....vous me comprenez, n'est ce pas ?
Il y avait beau roucouler une musique entraînante, je ne m'amusais plus. Je n'avais hâte que d'une chose : que les gens s'épuisent et rentrent tous chez eux. Je comptais les minutes qui me séparaient de sa peau, je comptais tout en pensant......vite, vite, que la fête se termine, que j'aille le retrouver. J'aurais pu partir toute seule, tout de suite, mais j'avais peur.
Débarquer comme ça chez lui, sans alibi crédible, c'était trop flagrant, c'était me jeter dans la gueule du loup et puis......peut-être que le loup en question n'avait même pas envie de faire de moi son repas nocturne. Je n'aurais pas pu supporter qu'il me demande d'aller dormir ailleurs, là où il y aurait eu encore de la place....alors j'ai préféré arriver à la maison avec tout le monde, pour être sûre que le lit de Maro soit le dernier endroit de libre où poser mes fesses.
Je me suis déshabillée. Ai enfilé un tee-shirt trop grand pour moi, fais quelques pas dans sa chambre. Il dormait. J'étais déçue qu'il ne m'aie pas attendu mais après tout, c'était normal, j'avais trop tardé.....il était 2h du matin....
Maro avait oublié de baisser les stores.
Je m'agenouille à présent sur le lit, me penche près du bonhomme inanimé afin d'appuyer sur le bouton de fermeture automatique. Les lumières des lampadaires s'effacent peu à peu, lentement la pièce s'obscurcit.....
......Maro ouvre les yeux.
Les plonge dans les miens, et la pièce soudain s'éclaire de son sourire. Il m'a souri....
....comme jamais auparavant.
Il m'a souri comme s'il m'avait attendu aussi éperdument que toutes les fois où je pensais à lui.
Il m'a souri comme si me voir à cet instant précis avait enchanté sa vie.
Il m'a souri puis s'est levé pour me serrer dans ses bras.
J'ai alors pensé que je l'aimais, de toute sa force. Indéniablement.
Puis je me suis abandonnée.
Je me suis prise au jeu. On a enfin joué ensemble.....que c'était agréable. Agréable de pouvoir tirer sur les limites parce qu'on sait qu'elles ne vont désormais pas lâcher.....tout du moins pour cette nuit. Une nuit qui n'a pas de fin. Non, il ne s'est pas endormi tout de suite, en prenant toute la place. Bien qu'il faille se lever tôt le lendemain.
Nous avions une pêche d'enfer. Car nous nous somme partagés notre énergie à tour de rôle....je ne voulais plus que ça s'arrête. Non, plus jamais! Je veux rester ainsi toute ma vie. A partager son énergie.
Je n'ai pas eu à me plaindre. Ni à mendier de la tendresse. Et puis, quand le rythme de nos souffles s'est modéré, il s'est levé du lit, solitaire, pour aller faire un tour à l'air frai, sous la nuit étoilée. Je me suis soudain sentie au plus profond de mon être vide et abandonnée....jusqu'à ce qu'il glisse sa tête dans l'entrebâillement de la porte :
-" Hey....je reviens, hein...."
Comme s'il m'avait chuchotté au creux de l'oreille : "Je reviendrai toujours....quelles qu'en soient les épreuves." Ce petit enfant gâté prénommé Maro se souciait de me prévenir qu'il allait revenir. Il n'aurait jamais fait cela auparavant. Il aurait sûrement pensé au fait qu'il avait besoin de sortir, et pas à la réaction de la fille qui l'attendait dans son lit. Il aurait jugé que ça ne la concernait pas. Et serait parti, seul.
La, c'était comme s'il m'avait emportée avec lui dans sa promenade nocturne, dans un petit coin de sa tête.
Rien qu'à l'imaginer.....et mes désirs s'envolent.
Je ne veux plus que ça s'arrête. Je veux pouvoir apprécier ce moment de confiance à jamais.
Le réveil a sonné, il était 6h du matin.
C'est moi qui m'étais endormie la première, un fait plutôt rare. Pas de cogitation lunaire, ce n'était plus la peine, j'avais déjà trouvé toutes mes réponses en lui.
Maro s'étire, se tourne de mon côté et se rendort, me serrant fort contre son corps. Se contente de rester comme cela, près de moi, à se rendormir en toute confiance, malgré le réveil qui avait sonné depuis belle lurette. Ces attitudes....cette réaction....ça ne lui ressemble vraiment pas. D'habitude il met la couverture sur sa tête et se retourne violemment à l'extrémité du lit, bien loin de moi et du monde. Là, je croyais n'avoir pas encore émergé de mon rêve....ce n'était pas plausible, une telle éventualité. Que dès le matin, il veuille rester près de ma personne, qu'il souhaite s'endormir contre mon épaule, et me sentir de tout son être, la nuit finie. Vous savez, le matin, quand il n'a plus besoin de moi. Quand il fait comme si les événements passés lui étaient totalement indifférents. Oui, ces matins là.
On est quel jour déjà ?
Peut importe...... parce que je suis auprès de lui et qu'il l'accepte. Alors la nuit, le jour, l'été ou l'hiver.......qu'est ce qu'on en a à foutre. Il est là. On est ensemble.
Et je ne voudrais plus que ça s'arrête.
Jamais.
Commentaires :
MangakaDine
MDR!
Je viens de me rendre compte qu'en fait, je voulais marquer en titre "un peu de lecture pour les insomniaques" et pas somnambules.....
(la honte...)
Mais je laisse le titre comme ça, parce que je le trouve bien ridicule pour le coup! (pfff...la fille qui rigole de sa propre connerie en solo)
Nan mais j'ai une excuse quand même, j'ai posté cet article à 1h du matin....j'avais plus toutes mes neurones...;)