Ecrit le 05.01.09 à 16h20
J’ai tout de suite su, quand il a placé ses deux mains sur mes épaules pour me dire bonjour, que ce ne serait pas comme je me l’étais imaginé. J’aurais pensé qu’on se serait juste fait la bise, comme ça, de loin, jusqu’à la fin du séjour. Je suis naïve, c’est ça ?
Mais ses mains, elles ont certaines facultés extrasensorielles sur ma peau. Je ne me rappelais pas que c’était à ce point. Pourtant, j’en ai écrit des couches et des tonnes, des preuves, des descriptions qui portaient ça sur un piédestal, un truc fabuleux. J’aurais dû me relire, m’écouter. Au fond, j’y croyais pas. Je me disais que j’avais exagéré, comme à chaque fois.
J’avais l’impression de danser.
Encore, refaire un tour. On danse en couple alors ? Mais on est pas un couple. Tu veux pas de moi. Tu veux juste couler tes doigts le long de mes courbes pour faire passer le temps un peu plus vite. Je le sais.
-« Je suis attachée, mais c’est pas pour autant que je me fais des films. »
Néanmoins, quand tu m’as agrippée dans tes bras lorsque j’ai tendu les miens pour te souhaiter bonne nuit, j’ai eu un trou noir, quelques secondes, une grande chute libre, oui, comme les attractions géantes des fêtes foraines (click). J’ai buggé très fort, comme si on me demandait d’un seul coup de multiplier par zéro et qu’on attendait de pied ferme ma réponse. C’était inconcevable. Ce n’était pas une possibilité envisageable Rom et moi à nouveau dans mon esprit. Même si j’en tremblais d’envie. Même si nos corps resserrés, c’était comme se nouer très fort et finir un, comme ce numéro avec les cordes qu’ont les magiciens. Il m’a abattu en me couvrant de caresses et dans mon cerveau j’ai dû sauter du 17e étage une bonne dizaine de fois et remonter en courant par la cage d’escaliers. J’étais tellement abasourdie par ses mains, sa bouche, son torse qui se dessine comme un moule contre ma poitrine que je n’ai rien pu faire, juste, m’empêcher d’oublier de respirer, sait-on jamais. J’étais traînée, entraînée par ses gestes, sa façon de me porter et me modeler à notre image, l’espace d’un instant, de son désir incalculable, incompréhensible, incohérent vis-à-vis du contexte et du reste. Je tournais, on tournait, en rythme encore, l’inspiration qui vient, m’exprimer en mouvement, régie par sa paume collée à ma peau, comme un aimant ou plutôt. De l’électricité statique. On bouge, on se suit, qui suit l’autre ? Incapable de penser. Incapable de faire autre chose que ressentir et d’emmagasiner. Les chocs. Les sensations. Les écarts de vie. Lui.
Je l’aime.
J’ai envie. Ca ne se fera pas.
J’ai compris qu’il fallait me préserver de l’amour. Des un peu ou à moitié.
J’ai compris qu’en pensant que j’allais regretter, je regrettais déjà. Alors. En sachant après avoir discuté franchement avec Rom qu’il ne pouvait envisager toutes ces choses qui se trémoussaient en moi, que la portée d’une nuit n’avait pas la même ampleur de chacun des côtés, qu’on ne savait même pas consciemment pourquoi on en était arrivé à tous les deux ici, j’ai choisi. Je lui ai aussi affirmé que s’il n’arrivait pas à accepter mon choix, supporter la frustration, je pouvais aussi le laisser, m’en aller, que je ne lui en voudrais pas de ne pas me vouloir à ses côtés, que ça n’entacherait en rien nos rapports que je trouve formidables et enrichissants, si c’était ce qu’il voulait. Il a bien réfléchi.
J’ai doucement refermé la porte derrière moi.
Commentaires :
Re:
Tant pis, je retire ma question.
Bonne soirée à toi.
Re:
Donc, l'histoire du décalage depuis son début.
En mars 2006:
"A la base, c'est dû à un concours de circonstance, l'année dernière. J'écris tous mes textes sur un PalmOne Zire72, qui est un PDA, équivalent du PocketPC, bref. J'écris le soir dans mon lit, ou aux toilettes, enfin, des endroits où on a pas trop l'habitude de voir un PC. Je transfère tous ces textes sur mon ordi. Puis un jour, l'ordi a un peu déconné, et je n'ai pas pu me connecter pour poster. Néanmoins, je continuais d'écrire, chaque jour. J'ai pris du retard sur les faits réel et les faits postés, deux semaines, au début. Puis petit à petit, le retard s'est accumulé, l'écart s'est agrandit. Aujourd'hui, j'ai presque six mois de retard, la honte! Mais bon, je travaille à rattraper le temps, petit à petit.... Voilà pour l'explication.
Y'a des avantages à faire cela, bien que cette pratique n'a pas été un choix pour moi. Il y a le recul sur les faits. Puis il y a la redecouverte du texte, aussi. Et puis les gens qui me jugent sur internet, ne peuvent pas juger la "moi" au présent. Donc ça m'atteint moins, et ça ne m'influence pas quant à mes actes..."
En février 2008 :
"La Dine du passé est-elle si différente de celle de maintenant?
Peut-être que pour la comprendre, il faut lire par où elle est passée. Peut-être que c'est ce qu'elle veut au fond. Qu'on la comprenne.
Je crois que j'ai du mal à parler de ce qu'il m'arrive en temps voulu. Les choses qui me tombent dessus, il faut un minimum que je les digère. Et celles qui sont vraiment trop lourdes, celles qui me font du mal, je ne les sors pas. Je ne veux pas admettre. Peut-être que j'ai envie de parler aux gens d'ici que quand je vais bien. Ou pas, j'en sais rien. J'extrapole.
Et puis poster en décalé, ça me permet de prendre du recul sur les évènements."
Et enfin :
"Pour moi, même s'ils datent ou s'ils sont pas tous bien écrits, ils restent très pertinents (ndlr : je parle des articles au passé et de pourquoi je garde pas les meilleurs seulement à poster pour rattraper mon retard). Parce qu'ils sont tout simplement les témoins de mon vécu. Parce qu'ils sont moi. Je peux pas me séparer de certaines parties de moi moins bien que d'autres. Bien sur que j'ai un jugement dessus, mais ma vie elle est telle qu'elle est. Et s'il y a quelque chose à refaire, ce sera le futur. Pas le reste.
Mon blog est tel qu'il est lui aussi. Ecrit au passé. J'en fais pas commerce, il reste avant tout personnel."
Re:
Se comprendre avec le recul, apprivoiser son temps pour éclairer demain.
Bonne journée Dine.
Art-Orange-2004
question, pourquoi toujours ce décalage du temps dans tes écrits ?
+++