Ecrit le 21.03.09 à 01h05

Certes, c’est pas dans ses habitudes de s’attacher. Il est plutôt du genre à flâner un peu partout et à prendre ce qui vient à lui, les gens comme les opportunités. Il en a pas eu des masses, de nanas. C’est pas son intérêt premier. Il préfère la musique, il préfère être libre, s’amuser. Il n’est pas du genre à retenir. Ou à imposer quoi que ce soit. Il n’est pas jaloux. Il ne veut pas infliger à quelqu’un la privation qu’il ne pourrait lui-même supporter. Il est là, mais ça lui passe dessus ou au travers. Comme le vent dans les cheveux. Les moments, qu’ils soient bons ou mauvais, c’est tant mieux ou tant pis. Blues est insaisissable.

Mais ce qui nous relie l’un à l’autre. C’est hors propos. Hors contexte et habitudes. C’est ce qui ne devrait pas être là mais qui est. Qui grandit. Qui s’embellit au fil des jours et des nuits. C’est ce qu’on ne serait pas d’ordinaire. Si heureux d’être noués. Serrés l’un contre l’autre. Il m’appelle sans savoir, sans trouver les mots pour dire. Il est si innocent et pudique. Je fonds sous la chaleur de son cœur. Ca m’emplit d’une telle clarté. Y’a pas besoin de se poser de questions. Y’a pas de sentiments qui tiennent. Il y a ce qui est, c’est tout. Basta.

Et oui, à un moment donné, il partira sûrement. Dans un mois ou peut-être cent ans. Il s’étonne lui-même de ne pas en avoir eu envie. De se retrouver dans ces soirées qu’il connaît si bien et de penser qu’il manque quelqu’un. Quand je n’y suis pas.

Hier soir, j’ai compris ce qu’était le réel désir. Ce truc altruiste qu’est l’amour sous toutes ses formes. Je l’expliquerai sûrement un jour.

Je me rappelle, j’ai toujours voulu visiter ces paysages. (cf : De toute manière il fait trop froid)
"J’ai envie de me casser. Emmener mes pas sur des sentiers qui depuis longtemps ne sont plus foulés par personne. J’en croise de temps à autre lorsque mes yeux se perdent à travers la vitre des voitures. Il existe de nombreux paysages qui m’attirent dans les alentours. J’aimerais pouvoir un jour dépasser l’imaginaire pour prendre mon courage à deux mains et mes jambes à mon cou. Et courir. Sur tous ces beaux chemins pratiquement vierges que j’ai repérés jusque là. Dans tous mes rêves d’escapade, je visualise une main. Elle se mélange à la mienne. Les souhaits aussi. Je crois que dans ce genre de lubies, je ne m’y suis jamais projetée seule. Y’a toujours eu l’image de la main et quelques mots lancés avec énergie. Oh, tu as vu ça ! Et ça ! Regarde comme c’est beau ! Mais qui est-ce qui m’écoute ? Qui m’accompagne ?"
C’est lui.
C’est lui qui tient ma main dorénavant.
C’est lui qui me dit "et maintenant, dans quelle rue on tourne ?".
C’est lui qui se perd et s’exclame avec moi des phrases d’ahuris lorsque l’on trouve ce qu’on n’avait pas osé chercher. Des petits chemins fleuris longeant le cours d’eau en plein milieu de la ville. Entourés de chantiers et grandes constructions abandonnés par la nuit. Le bruit du courant qui se fracasse contre les caillasses et le silence, désert, nous sommes seuls. Nous sommes largement suffisant. Le bonheur, juste. D’être dans ses bras. De marcher à la même allure. De réaliser des images à l’époque plus qu’idéalistes. Ce n’est plus un rêve. C’est bien présent dans mon quotidien. C’est un trop gros cadeau.
Blues, la vache.
Ai-je le droit de mériter tout ça ?