Ecrit le 03.08.10 à 05h05
Ils ont pas besoin de moi. Non, quand tout va bien ça devient superflu. Quand j’ai fini de sécher les larmes ils peuvent aller voir ailleurs, maintenant qu’ils ont la force. Seulement quand ça ne va pas il faut tout arrêter, il faut se plier en quatre pour répondre aux désirs égoïstes. Or pour la personne que l’on aime, on veut bien tout arrêter si jamais ça lui redonne quelques pétillements dans les yeux. Sauf que.
Devant le piano on attend. Il ne viendra jamais. Il nous a jeté un foutu lapin au rendez-vous de son propre caprice.
Finalement, qu’est-ce qu’on était bien tout seul. On chantait la musique qui nous animait, on dansait avec soi-même, on nettoyait l’appartement en s'enthousiasmant « comme ça quand ils rentreront ça sentira le bonheur », c’est bien qu’on ne peut malgré tout s’empêcher de penser à eux. On nous dit merci passé le seuil de l’entrée, merci pour la bonne humeur et pour le jazz alors on partage l’entente. Lui il est en haut il est tout seul à ruminer ses souvenirs gravés sur un CD. « Au moins, viens danser! » On le fait tourner, on l’agrippe, on le caresse, on s’abandonne au sourire, on lui transmet des mains qui réconfortent et sans avoir vu la limite se franchir on se retrouve de l’autre côté. De celui qui ne va pas bien. On a absorbé comme une éponge on a pas appris à jeter. On se sent soudain seul au milieu de tous ceux là. On a besoin de bras. Mais ils sont désormais ailleurs. Ils sont là où frémisse et se trémousse l’ambiance. On n’est plus que le miroir de l’autre sauf qu’on a plus de reflet, plus de consolateur, pas de reconnaissance.
Alors on regarde en arrière, quelques heures auparavant. Quelques heures auparavant on était encore heureux quand on n’avait qu’à se gérer soi-même. Est-ce de l’égoïsme?
Non, c’est du trop bon trop con. C’est se plier pour l’autre dans son entier et se retrouver cassée en deux tout en se sermonnant, on ne m’y reprendra plus, c’était bel et bien la dernière fois. A chaque fois. A chaque foutue fois. Ne pas pouvoir retenir les élans. Penser, cette fois-ci c’est différent. Pressentir l’échange. Le penser désintéressé.
Or, quand le profit qu’il procure ne va que dans un sens, on s’en pose des questions. Qu’est-ce que l’on a foiré? Quel est l’élément manquant? On a fait tout comme il fallait en prenant soin de vérifier les étapes alors? Qu’est-ce que c’est? Un simple déficit d’aptitude?
Le pire dans tout ça c’est qu’il ne fait sûrement pas exprès. Qu’il n’y a pas matière à réfléchir sur le sujet. Il n’y a pas de sujet. Il n’y a que le hasard, et laisser le résultat entre les mains du destin en faisant du mieux qu’on peut pour résoudre chacun des énoncés Attendre, juste. La liste des reçus.
Admis à l’être aimé.
Commentaires :
Re:
Tu peux y aller tu sais, je veux dire, franchement.
Tu sais, ça ne m'empêche pas d'écrire à chaque fois au présent, dans l'instant, dans l'urgence. J'écris quand ça me démange trop et que j'ai assez souffert de m'être grattée. Si j'attends un instant avant de poser mon coeur sur la table, j'en perds l'envie. Je trouve l'effort trop grand. Alors je n'écris pratiquement que dans l'immédiat. Ensuite, je le poste en différé. Mais la raison, je te l'ai déjà expliquée ici.
Dans le fond, je ne vois pas vraiment ce que ça change puisque je respecte la chronologie. Finalement, il suffirait simplement que j'enlève les dates pour permettre aux gens de s'identifier à un présent. M'enfin. Pour tout dire, fonctionner de la sorte me permet d'être moi même une lectrice et prendre conscience de mon propre vécu. De mes erreurs de jugement. Et parfois, le passé m'enseigne, est une alarme. A seulement quelques mois d'intervalle il me permet d'éviter certain des ronds points inlassables que je prends. Bon alors c'est sur, c'est limite frustrant quand je parle de bains de minuit et bringues de vacances à danser sous le ciel étoilé alors qu'on est en train de se taper le mistral la pluie et moins quarante degré au soleil, mis à part ce point légèrement délicat, ce retard dans les publications, ce n'est pas si grave, non?
Au fond, ce n'est juste qu'une question de pudeur.
Le décalage permet de pouvoir me dévoiler librement, en étant sure que cela ne regardera que moi pour encore un moment. C'est un jardin secret fugace. J'ai besoin de ce petit temps d'assimilation des faits pour m'ouvrir aux autres je crois.
Et puis, je n'aime pas que l'on s'inquiète pour moi.
Art-Orange-2004
Tu incarnes pour moi la jeunesse et je m'étonne toujours de ton étrange façon de nous conter tes arcanes à rebours. Ton style est déstabilisant dans cette distance temporelle alors que beaucoup de personnes, j'imagine, aimeraient être plus près des sentiments que tu exprimes au temps présent. Je sais que l'exigence est toujours plus forte envers les gens que l'on estime, c'est pourquoi je te laisse ce témoignage. Rien n'est grave rassure-toi ! Passe une bonne soirée en tout cas ;)