Ecrit le 06.07.11 à 04h10
Encore d’étranges histoires, et je n’ai pourtant pas encore parlé de mes rencontres parisiennes. Mais voilà, je suis peut-être en pleine expérimentation du prisme relationnel. Plus je l’observe, moins j’en discerne les limites, les contours. Jusqu’où m’est-il permis d’aller?
Je n’arrive plus à mettre un âge sur un visage. Mais c’est que ça doit m’arranger, que je ne veux pas réellement voir ce qu’il en est d’une limite, justement. D’une forme de modération. Pour quoi faire? Rien ne tourne rond. Ne veut correctement s’emboîter. Faut bien essayer de s’assembler avec ce qui reste, les combinaisons marginales.
Je me souviens de cette première entrevue. J’avais pensé, « ah finalement, ça va » un peu soulagée lorsque je découvris son apparence extérieure. Je devrais savoir depuis le temps que c’est mauvais signe chez moi il a ce genre de réflexions. C’est de là que commencent la plupart de mes histoires, par une phrase banale de soulagement vis-à-vis de l’image que je m’en étais faite. Puis il a branché sa basse électrique et a commencé à jouer, c’était la dernière personne du groupe à être arrivée et je découvrais son son, éberluée par cette aisance à se fondre dans un monde qui n’était pas le sien. Les toutes premières fois je n’osais pas vraiment le regarder dans les yeux, sans savoir pourquoi.
C’était un bel homme dans la force de l’âge, avec de ces yeux bleus que je trouve habituellement fades et peu communicants sauf qu’il les avait félins, perçants, profonds, éveillés. Les traits élégants, de longues dreadlocks brun-châtain tirées en queue de cheval qui lui descendaient à la taille et à sa racine, le cheveu blanc. Il avait un truc. Je ne sais pas. Une espèce de mojo développé. Lorsque dans la musique fondu entre les notes ses paupières se faisaient closes il dégageait une aura sexuelle assez irrésistible et j’eus compris alors pourquoi je ne pouvais pas plonger mes rétines en les siennes car dès lors que je soutenais un tant soit peu le regard, j’avais ce désir incontrôlable de me lever de mon siège pour m’assoir sur lui me frotter à son odeur.
C’était le jour fatidique de la représentation et la veille j’avais avoué à Poubelle mon envie folle de le plaquer contre un mur. Il faisait chaud comme une après-midi de juillet, chacun s’empressait de décharger le matériel commencer rapidement les balances. Pratiquement tout le monde était affairé au son sur la scène lorsque je le questionne mi crédule, mi inquiète :
- « Personne ne surveille le camion. Les portières de devant sont ouvertes, les portes coulissantes sont ouvertes, le coffre est grand ouvert, tout est ouvert! »
- « Bah…tu sais, ce n’est pas très grave. Il n’y a personne ici. » me rassure-t-il.
- « M’enfin, il reste du matériel dans le coffre, c’est une incitation, ça crie quand même un minimum « rentre-moi dedans! » »
Là dans la demi fraction de seconde de silence je me rends compte du sous-entendu foireux que je viens de lancer à mon interlocuteur et un petit sourire de gêne se met à chatouiller le coin de ma bouche. « rentre-moi dedans » franchement, c’était mal formulé… Mais à vrai dire je n’ai pas le temps de réfléchir davantage qu’il s’est déjà avancé vers moi et ne me lâche plus des pupilles lorsqu’il rétorque du tac-o-tac :
- « Oui. »
Oui?
Je crois bien qu’il ne parle plus de la voiture... Il a pris mes yeux en otage et n’est qu’à quelques centimètres de moi, je me sens décontenancée je n’ai pas l’habitude qu’il me fasse ce genre de taquineries.
- « Ah. T’es sur? »
- « Oui. »
Mes zygomatiques ont lâché j’ai un sourire béat de nana prise au piège par la situation.
- « T’es sur, hein? »
- « Oui. »
Au cas où. Et à chaque oui, il se rapproche.
- « Bon ben….on prend rendez-vous et on en reparle, n’est-ce pas! » ai-je lâché sur un ton légèrement grinçant.
- « On fait ça. »
Je suis repartie le sourire frénétique mais ce n’était pas de la gaîté ou de la joie, c’est surement mon intérieur qui devait être en train de rougir. J’ai fini les balances étourdie et maladroite, je n’arrivais plus à me concentrer. Ce type me plaisait. Et avant de me décider à jauger son intérêt pour moi il m’avait mis le grappin dessus en une seule syllabe. Oui. Mais je me faisais peut-être des films. Mais il m’avait regardée si fort en me disant cela. J’avais du mal à imaginer avoir pu me tromper.
Lui et moi tous deux gros mangeurs on aimait bien parler bouffe. Sauf que ces phrases là n’avaient plus vraiment le sens habituel. Ce n’était plus qu’histoire de sensation, goût, toucher, textures, c’était du sexe sous forme de snickers et comment la discussion avait pu dériver ainsi, si radicalement et si vite. Or là pareil, il n’y a peut-être que moi qui comprenais de travers. J’en doute. Au final, je ne pouvais plus détourner mes yeux de lui. Il m’avait démarrée. En un mot voire plusieurs, il m’avait prise de court. Moi qui faisais ma maligne la veille avec Poubelle, j’ai trouvé ça puissant. Sans fioritures.
A table nos coudes se touchaient et nous nous passions les divers assaisonnements avant d’avoir à ouvrir la bouche pour les demander. C’était devenu quelque chose de naturel. Depuis ce Oui. Comme une sorte de promesse partie d’une plaisanterie, l’attention discrète portée l’un à l’autre.
[sans suite...]
Commentaires :
Re:
d'ailleurs megaup a comblé quelques trous dans ma collec.
Re:
combinaisons marginales (genre stats --> martingale (combinaison gagnante) céleste (comme ciel de lit
ou septième étage sans ascenseur) my skin your skin etc...
je vais finir par crier si ça continue
OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Re:
Re:
Non mais c'était ni un jeu de mot ni le contenu qui prenait sens, la bd m'a induite en erreur, je me demandais bien quel était le lien avec l'histoire 'fin bref, c'est pas jojo.....
Re:
Je préfère quand même Far Cry faut dire.
SW
VdL T17