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Tu n'es qu'un chanteur
--> Ce que me rabâche cette vie là

Ecrit le 09.08.11 à 20h15
J’étais rentrée chez moi parce que je devais impérativement passer ce coup de fil à la maison et, dans le hall de l’entrée, il était là. Ton disque, celui de mon rêve. Enfin parvenu à destination. Je me suis empressée de l’insérer dans la chaîne hi-fi et pendant que ta voix rajeunie de quinze ans chantait mal tes mots maladroits je notais les informations que me donnait mon interlocuteur sur un papier brouillon.
Et au dos, en lettres d’imprimeries, la date de ton anniversaire.

J’y vois toujours des signes, mais ils me font chier. Parce que c’est non en mon esprit. Non. Il n’y a plus d’espoir en ta direction. Grand Fou. Je n’attendrai plus les coups du sort, je n’entendrai pas les paroles du destin. Parce que sinon, je ne m’en sortirai pas. Je ne te sortirai pas. Et qu’il le faut. Tu n’es qu’un chanteur. Et même si ton cœur résonne en mon cerveau, tes notes en mon âme, tes yeux à ma bouche, tu n’es qu’un chanteur. Rien de plus.

Sian me disait, laisse couler un moment. Mais je regrette. Il n’y a plus de moment. Plus de place à l’éventualité. Il n’y a pas d’éventualité. Je t’oublie. Toi et ces idées qu’un jour peut-être on aurait trouvé en nous plus qu’une simple curiosité. Que les coïncidences de dates avaient prédit. Elles se sont trompées. Voilà tout.

Et si je suis dans une relation libre ce n’est pas pour patienter jusqu’à ton retour, ni même pour te laisser de la place. Dans relation libre il faut entendre relation, parce que libre je ne l’ai pas choisi. Je n’ai pas choisi d’être libre. C’est arrivé comme ça. Moi, pour une fois, j’aurais peut-être voulu me laisser embarquer par la dynamique, par les vents qui m’amènent contre le cœur de Sian et donner libre court à la vie. Bah la vie, elle a dit pas encore. Elle a dit, reste sur le fil et fait attention à maintenir l’équilibre. Ne t’attache pas à ton ombrelle, ce n’est pas elle qui ne te fait pas tomber, ce n’est pas elle qui amortira ta chute car le sol, lui, c’est le sol, et il ne se fera pas moins dur pour ton beau postérieur qui craquera sur les dalles de béton.

Alors j’écoute, d’une oreille distraite, ce que me rabâche cette vie là. Comme une leçon à l’école. Je visualise le fil et même si j’ai hâte de me lancer, je pose prudemment le pied et vois comme il flanche sous mes pas. C’est bête. J’aurais voulu qu’il soit à moi. Je sens les palpitations à ses balancements et comme une perspective de bien être à frôler l’air qu’il frôle aussi. Or, à tout moment, je dois m’y faire. Il peut céder. Il peut m’abandonner au vide et à la gravité. Il peut me demander de partir. Pour que revienne une autre équilibriste. Qui connait bien, elle, toutes ces histoires de fil tendu.


Ecrit par Dine, le Mercredi 7 Décembre 2011, 17:30 dans la rubrique Actualités.