Ecrit le 26.10.11 à 01h50
Un de ces quatre il faudra que je me désintoxique. Mes venues sur Paris sont imprégnées d’affect. Un peu comme un traumatisme dû à la première rencontre. Lorsque je me suis prise à deux mains monter seule à la capitale, c’était pour Grand Fou, me faire une overdose de ses mots par trois fois en huit jours. J’y allais sans à priori, juste pour entendre, me donner une idée de la personne qui motivait mes sursauts d’inspiration. C’est lors de la deuxième impression que j’ai eu un coup de chaud dans la salle, irrespirable. Les coups de foudre ne sont pas électriques. Ils ont cette qualité d’un ordre nostalgique, d’être l’une de ces déceptions prénaissantes. Ce truc qui rend triste et malade sans bien comprendre par où ça nous a été transmis, qui s’immisce sans contact, dans le corps une boule et un vide de le savoir un jour parti, sans savoir, l’espace d’une seconde, le poids de l’émoi qui n’est pas un cadeau. Une mélancolie épaisse d’origine encore inconnue.
J’ai cet espoir inamovible de croiser Grand Fou dans le hasard des boulevards. Et souvent, il a pris forme, les destinations se sont rejointes, les pieds dits bonjour. Je prends cet aller pour Paris et mes pensées ont cet homme pour fondamentale, une constante x à penchants platoniques. Je ne peux pas le quitter, il est comme un point fixe sur mon trajet, il faudrait changer de ville. Les paysages, les lieux qui chatouillent mes envies sont reliés à lui, les souvenirs, les gens, tâchés par sa musique. Et quand il n’est pas là, il y a toujours un étranger pour me rappeler les coïncidences, me dire, quand même, il se passe quelque chose qui dépasse de simples circonstances. Je ne peux pas. Faire le voyage comme si de rien n’était. Sans y penser. Sans que ça ne m’obnubile. Même si je repousse l’idée et la mets dans un coin, elle me poursuit. Elle attend de pied ferme sa résolution.
Un de ces quatre il faudra que je me désintoxique. Une bonne fois pour toutes, me récurer le cerveau. Me laver l’esprit et faire peau neuve, quitte à forcer la renaissance proposer un produit fini. Il faudrait que j’en aie d’abord envie. Me décrocher de toutes mes illusions et laisser se résorber les petites cicatrices. Mon désir de vivre la belle histoire parisienne. J’ai fait ce que j’ai pu, je crois. Même si je n’y ai pas pu grand-chose.
Alors je vais laisser les relations telles qu’elles sont, ne plus trop me fixer sur les regards. C’est toujours la même chanson, mais il me faut vivre pour moi. Moi en mode autosuffisance. Prendre ce temps pour décharger la batterie et subsister un moment sans désir de me nouer à l’être.
Et une fois que les compteurs se seront remis à zéro, en pleine possession de mes moyens, mon cœur tout entier rechargé à bloc, je n’aurai plus besoin de me trouver des amours de substitution, pour patienter. Ce sera mon tour.
Le plus naturellement du monde.
Commentaires :
Re:
Je croyais que tu avais disparu....
En tout cas, ça fait toujours plaisir quand quelqu'un laisse une trace.
Merci pour tes encouragements. :)