Inachevé le 28.07.05 à 01h00
Je me souviens, tout avait commencé par cette phrase, celle qui dit que si ça n'avait pas été impossible, si....
C'était en septembre 2003, je rentrais en première. Et je m'apercevais que l'amour de mon présent refaisait le sien avec une autre. Et qu'il me détestait. Ex, toujours. Toujours cet homme sournois et lâche, que j'avais éperdument aimé, jusqu'à faire abstraction. Fermer les yeux sur toutes ces flèches qui me transperçaient le cœur, et puis cette envie incessante et quotidienne d'aller vers lui pour lui crier :
" Je t'aime encore, je n'aime que toi!"
A l'époque, j'étais vraiment omnubilée par cet être. Sans arrêt je ramenais la conversation à lui, et puis le voir en classe tous les jours ne m'aidait pas franchement.... Les gens qui voulaient me connaître étaient obligés de se taper la séance "Ex et son histoire" avant de ne pouvoir connaître mon prénom, d'ailleurs, à force, j'effrayais tout le monde. Et je crois que c'était fait exprès. Je n'avais vraiment envie de rencontrer personne. Et à par Ray, j'avais l'impression que quoi que je dise, quoi que je fasse, on allait se méprendre. Même Minouch commençait à me regarder d'un oeil accusateur alors qu'elle avait toujours été mon soutien. Je n'étais alors pas au courant de toute la machination qui se tramait derrière moi. Ex, les uns après les autres, s'était mis en tête de convaincre les gens de mon entourage que j'étais quelqu'un de détestable. Ca a marché, il avait les arguments pour lui.
Moi, je faisais abstraction, toujours. Je riais comme d'habitude avec Ray, et plus les coups étaient bas, plus nos liens se renforçaient. D'ailleurs, tout le monde était persuadé que l'on sortait ensemble, tellement nous rayonnions de bonheur. Mais en fait, je m'accrochais à Ray plus que je ne riais, il était le seul à savoir, le seul à me croire. Lui seul était au courant qu'à mes yeux, il n'y avait qu'Ex. Et que je souffrais de ne pas arriver à tirer un trait alors que depuis longtemps, le mister avait tourné la page avec celle qui n'était pas moi.
C'est là qu'un soir, à la sortie des cours, ce type, il s'est avancé vers moi pour m’annoncer:
" Tu prends le même bus que moi il me semble.....ça te dis qu'on rentre ensemble?"
Il était là, posé devant moi, comme une fleur. Il m'avait sorti ça nature-peinture, on voyait que la timidité, il ne connaissait pas. Il était en Arts Appliqués, en Terminale, dans la section voisine, mais on ne s'était jamais parlé, juste côtoyé de loin. On le surnommait Rouge, parce qu'il était comme ça. Rouge.
Ma foi, j'ai pas vraiment compris, mais je me suis retrouvée assise à côté de lui, dans le bus du retour. Il était vrai que l'année précédente, je l'avais quelquefois croisé sur mon trajet, mais jamais au retour. Parce qu'avant je rentrais avec Ex, de ce bus qui me rallongeait d'une demi-heure. Avant.
Rouge était toujours très jovial, à plaisanter à tout va, et remonter le moral de son prochain. C'était quelqu'un qui pensait beaucoup aux autres, jusqu'à les faire passer avant lui même. Il était attentionné, serviable, à l'écoute. Car le bonheur d’autrui était son propre bonheur, disait-il. Quelqu'un qui aime aller chercher la petite perle en chaque être. En fait, à défaut d'être parfait, c'était surtout quelqu'un de pris. Laetitia, l'heureuse élue.
Elle, effacée, gentille, au sourire discret, elle avait surtout le visage d'une sculpture antique romaine. Et si on ne connaissait pas ces personnes distinctement, on ne pouvait échapper au couple Rouge-Laeticia. A leur amour paisible, sincère et durable, réputé pour être garanti au moins un an.
Dans ce bus, qui tous les soirs me ramenait à la maison, je n'étais plus toute seule. Et malgré ma timidité, Rouge m'a facilement mise à l'aise, et très vite, j'avais hâte de finir les cours pour pouvoir le retrouver, discuter. Parler d'Ex. Oui, c'est vrai, je n'avais que ce nom à la bouche, il fallait que j'évacue cette douleur en moi. Rouge m'écoutait attentivement, à chaque fois, me faisait part de ses conseils. Il s'était mis en tête de me faire une cure antiEx, et de me trouver quelqu'un d'autre. Et je me rappelle sa colère quand une fois je lui avais montré un garçon qui me plaisait depuis longtemps et que j'avais ajouté :
" …mais laisse tomber celui là, de toutes façons il est trop bien pour moi."
Il s'était énervé parce qu'il n'aimait pas croire qu'un tel était mieux qu'un autre, que j'étais en train de me rabaisser. Je n'avais pas confiance en moi. Ex, la personne avec qui, pendant une année, j'avais tout partagé, avait une opinion de moi des plus basses. Comment pouvais-je me sentir à l'égal des autres? Au yeux d'Ex, je n'étais plus rien. Sans Ex, je n'étais plus rien.
Et ce Rouge, qui me faisait la morale, qu'était-il?
Qui était-il? Il s'occupait toujours des autres mais lui, qui s'occupait de lui? Il pouvait parler pendant des heures des bêtises kamikazes qu'il réalisait étant jeune, de ses débuts prometteurs à la guitare avec son groupe, ou encore des blagues qu'ils se faisaient entre potes de classe. En fait, il était très bavard, mais pas sur ses sentiments. Il avait cette espèce…de froideur envers lui même. On voyait que son cœur, aussi gros pouvait-il être, était éteint.
Alors c'est moi qui ai creusé.
Cette fois-ci, je me suis confiée à lui pour qu'il ait envie de se confier à moi. Je voulais doucement qu'il sache qu'il n'était pas le seul à savoir écouter, mais aussi, qu'il avait le droit, parfois, de se reposer sur autrui. Le rôle du soutien, c'est dur.
Alors, petit à petit, il s'est ouvert à moi. Il m'a fait part de ses problèmes. Il n'a jamais su pleurer pour évacuer sa peine et quand il souffre, rien à faire, elles peuvent monter jusqu'aux yeux, mais elles ne sortiront pas, les larmes. Comme son fardeau. Cette homme, il souffrira toujours en silence. Il ne sait pas ce qu'est le soulagement. Ou un ami, pour t'aider dans tes épreuves. C'est pas qu'il n'ait pas d'amis, c'est juste qu'il ne veut plus....être déçu, peut-être. Son fardeau à lui, c'est de ne pas savoir compter sur les autres. Et puis…ces trous noir, quand il se bat contre un homme. Quand il tape, jusqu'à ce qu'on vienne l'arrêter, sans restreindre sa force, sans restrictions ni pitié. En sang, sans limites. Rouge.
Lui c'était ça. Un sourire qui cache l'obscurité. Et en fait, on était un peu pareil. J'étais comme ça, moi aussi. Renfermée sur moi même, mais pas aux yeux des autres. Rouge l'avait compris. De toutes façons, pour lui, c'était un jeu d'enfant de lire en chaque être...Il voyait tout de suite quand ça n'allait pas. Avec lui comme avec Ray, je n'avais plus besoin de me cacher.
Je me retrouvais en Rouge.
C'est vrai, on avait plein de points communs, le même fond, les mêmes attentes, et la même vision du bonheur. La même motivation de vie, les mêmes inspirations et aspirations. Et un soir, alors qu'il était assis nonchalamment sur mon lit, en train de dire toutes ces choses que j’aurais voulu entendre, j'ai réalisé. Il était tout ce que j'espérais d'un homme, vraiment tout. Il était celui que j'attendais, enfin.....il aurait pu l'être....
Et ce soir là, comme s'il lisait vraiment en moi d'une facilité aberrante et déroutante, c'est là qu'il l’a dite. Cette phrase qui vous fend le cœur :
" Tu sais, si je n'étais pas amoureux de Laetitia, je crois que tu m'aurais vraiment plu. J'aurais essayé quelque chose."
Oui, c'est à chaque fois le même refrain.
Je ne suis que la numéro deux.
Laetitia, parlons en d'ailleurs. Elle était vraiment charmante, dans le sens, adorable. Elle avait confiance en lui, et elle pouvait, c'était quelqu'un d'intègre. Elle avait un peu peur de moi par contre. Un jour, elle lui avait annoncé :
"Cette Dine, elle est plutôt jolie hein?"
C'est lui qui me l'avait raconté. En tout cas bien qu'il me trouvait mignonne, il était bien clair que je n'étais qu'une simple amie. Et puis d'abord, on ne faisait que parler. Parfois, Laetitia rentrait avec nous en bus, et il n'y avait aucun malaise. Les amis de mes amis sont mes amis. Même qu'au final, je m'étais liée de sympathie pour elle, et on mangeait ensemble à la cantine.
Mais la réalité n'était pas si plaisante.
Rouge, pour qui j'étais devenue une confidente intime, me racontait tout. Comment, par exemple, pour la première fois ils s'étaient rencontrés Laetitia et lui. Durant une fête, elle était assise sur le divan, seule. Il avait demandé à une copine qui elle était, et celle ci l'avait mise en garde : "Ne t'amuse pas avec elle, sa dernière relation l'a beaucoup fragilisée" et il était allé la voir, et malgré ses airs distants et timides, il avait voulu découvrir ce qu'elle cachait au fond d'elle. Il avait été intrigué. Et voilà. Ce premier pas vers elle avait été décisif, tout comme il pourrait être fatal. Car quand il m'en parlait, il était plutôt désemparé de toujours devoir faire ce pas vers elle. Sans cesse devoir décider à sa place, deviner ce qui lui ferait plaisir. Il avait l'impression qu'elle ne donnait jamais vraiment son opinion, se contentant de toujours acquiescer aux évènements. Pour lui, c'était un poids. Surtout que les parents de Laetitia étaient plutôt strict et ne lui permettaient pas souvent d'écarts, il fallait qu'il se démène à chaque fois pour la voir. Elle, elle se laissait porter, ne montrant pas de mécontentement à l'affaire, mais pas de franche satisfaction pour autant. Il l'aimait, et réciproquement, c'était sur, mais elle le rendait perplexe.
Moi de mon côté, j'essayais de soutenir le parti féminin du mieux que je pouvais, parce qu'en certains points, j'avais l'impression de revivre mon histoire avec Ex. Notamment pour ce qui est d'être ok pour toutes choses :
" Bah tu sais, peut être que son seul bonheur, c'est d'être avec toi, peu importe ce que vous ferez ensemble de vos journées...."
Disais-je.
En réalité, je n'avais pas envie que le couple de Rouge baisse de régime, parce que je voulais encore croire en l'amour relativement durable entre deux êtres. Ca faisait environ dix mois qu'il était avec Laetitia, comme moi pour Ex, et je ne souhaitais vraiment pas qu'ils aient le même sort. Je voulais tout faire pour que celui-ci résiste au temps.
Jamais je n'aurais pensé que ça serait moi, l'élément perturbateur de l'histoire.
J'ai commencé à m'en rendre compte un soir où on discutait chez moi. Laetitia l'avait appelé durant notre conversation. Ca arrivait souvent, d'ordinaire, mais sans tentions, elle savait qu'il était là et elle avait confiance. Or à cette soirée, où il l'avait au téléphone, Rouge lui a menti. Quand il a mis fin à l'appel, j'ai vu dans son regard qu'il était perdu et apeuré. Il se répétait sans cesse :
" J'ai menti, je lui ai menti....
… Pourquoi?"
Pour se donner lui même tout de suite après la réponse :
" Mais si elle avait su que j'étais encore chez toi, elle se serait inquiétée...."
Il se l'est reproché. De toutes façons, s'il n'avait pas eu un problème au niveau de sa conscience, il n'aurait pas dit qu'il était resté chez lui pour faire ses devoirs à sa petite amie. Le lendemain, dans le bus, il se l'est encore reproché. Il n'en revenait pas d'avoir pu faire une telle chose. Pour lui, c'était le début de la perdition, et à l'avenir, il voulait que tout redevienne normal, et sincère. Enfin, c'est ce qu'il souhaitait vraiment.
Cet article s’arrête ici.
J’ai stoppé l’écriture, mais l’histoire, elle, va plus loin que ces quelques phrases.
Si un jour j’ai le temps, et le courage, je continuerai. Parce que ce sont des souvenirs qui ont besoin d’être imprégnés quelque part. Ici, peut-être.
Commentaires :
Re:
Le problème avec les deuxièmes choix, c'est qu'ils tombent souvent après la fille dont le mec est éperduement amoureux....style on a pas trop le choix en fait, quoi. Mais pour, pour ton cas Ryne, tu l'as été, la numéro un, il y a longtemps. Tu l'as vraiment été. Et ça, ce passage là, il t'appartient, à lui et à toi.
Merci Mounette, merci pour tes gentils mots. Merci d'aimer cette histoire. Moi, je l'aime encore plus que toi. (-non c'est moi! -non, moi!) Et j'ai bien envie de mettre un ptit commentaire sur le Rouge dont tu t'es éprise. En général, de toutes façons, tu les aimes bien, mes mecs. On a les mêmes goûts, c'est pour ça. Mais pour Rouge, je ne m'en suis vraiment pas aperçue tout de suite, lui, c'est une sorte de perle bien cachée au fond de l'huitre. Et quand on s'en rend compte, on est plus qu'ébloui.
Je l'ai recroisé, y'a pas très longtemps. C'est moi qui ai voulu reprendre contact. On s'est pas beaucoup vus, puisque c'était chez Poubelle ( la maison folle à lier, c'est le plus grand squat de la ville, presque). Mais il n'a pas changé. Toujours cet homme dont je suis vachement fière. Il est classe dans ce qu'il dit, dans ce qu'il fait de ces mains, dans ces vannes, qui sont fines. Et j'aurais aimé.....
...j'aurais aimé que tout redevienne comme avant, tu sais.
Pour ce qui est de la suite, j'explique tout ça dans le commentaire pour Ninoutita, juste en dessous du tien.
C'est horripilant de ne pas savoir la suite!
Limite je m'en mords les doigts comme en attendant la deuxième saison de Lost!
:)
Re:
Limite alors!
Oui mais la suite, les gens, elle est vraiment pas écrite quoi!
Ces vacances j'ai commencé plein d'articles que j'ai pas achevé comme une conne, et là je galère pour essayer de recoller les morceaux, y'a tellement de choses qui se sont passées et dont je ne voudrais pas perdre une miette.....alors bon, les vieilles histoires du style Rouge, pour moi, c'est pas le plus important dans l'instant présent. Mais comme (la reine et le roi ne le veulent pas) c'est quand même un moment de vie que j'affectionne, je le raconterai, un jour, jusqu'au bout. Un jour.....heuuu...
...chais pas quand.
Pas pour le moment en tous cas.
Re: Re:
Aalala, moi et mes commentaires inutiles ;)
Re: Re: Re:
Si j'arrive comme tu dis à imprégner le cerveau des autres de ma vie, ça serait une réussite. A la limite de la télépathie ou plutot....pas de la transmission de pensées, mais de la transmission d'émotions. Voilà, comme avec la musique.
Merci, je retiendrai ta phrase. :)
2
Enfin chacun son approche de la chose je supose, n'est ce pas :)
Re: 2
souvenirs...
Re: souvenirs...
Merci pour ton passage et ton joli commentaire. C'est toujours sympa d'avoir des réactions comme ça. Si tu aimes les textes du genre souvenir d'un amour fatal, il faut aller voir dans les débuts de ce Joueb....ou plutot, dans les articles qui portent dans leurs coprs le speudomyne de Maro. La plupart sont des souvenirs âpres et acidulés, qui souvent pourtant portent de l'espoir. Portaient?
Bisou à toi! J'espère de revoir...
ryne
Deuxième choix hien? Ça me rappelle vaguement quelqu`un. Mon problème c`est qu`on me le rappelle seulement après m`avoir fait croire que j`étais la numéro un pendant quelques semaines... Tous des chiens, y parait.
Je l`aime cette histoire, j`aime tes mots, j`aime les gens qui t`entourent. Je veux je veux j`exige la suite fillote.
Que ça soit en avant première ou pas, ça m`est égale. Mais fait moi ça vite. Pour la fête des mères que tu as oublie de me souhaiter...
Je crois que je suis amoureuse de ce Rouge la... Et sans commentaire d`abord. T`es bien amoureuse de mon Jonathan.
Fin bref, jte bizouille fortement et merci d`être la, même si ça n`a aucun rapport avec ce commentaire.