Ecrit le 04.11.10 à 17h35
Juste après ceci.
Ca y est, on est demain. Je suis censée être passée outre. Or, ce n’était pas un râteau ce matin mais deux que j’ai dû encaisser. Mon consolateur, ce joueur est retourné auprès de sa copine dont il est toujours amoureux. Je n’avais pu percer la faille il y a de ça seulement quelques jours c’est tout juste qu’il venait à prendre de la profondeur qu’il s’en va lui aussi. Mais bon, on ne s’était rien promis, ça m’allait très bien comme ça. C’est juste qu’il n’y avait personne ce soir là pour me consoler.

Donc à partir d’aujourd’hui je n’appellerai plus Bulle non plus. Je le laisserai tranquille roucouler avec sa gonzesse puisque c’est ce qu’il a choisi.

Tihaï avait dit « ne compte pas sur moi ce soir pour te réconforter, t’es grande tu te débrouilles toute seule » mais il n’a pas pu s’empêcher d’aller engueuler Bulle en mon absence. Il n’avait pas à s’en mêler, ni même quoi que ce soit à lui dire, il n’y avait ici pas non plus de promesses. Et même si tout ça n’était pas justifié, dans un coin de mon ressenti j’ai été touchée par le geste. Tihaï m’avait prévenu qu’il ne serait pas là pour moi or finalement c’est lui qui m’a proposé une alternative à la déception. Je ne voulais pas aller jouer aux cartes et pourtant je n’ai pu passer qu’une agréable soirée, pleine de rires véritables et d’échappatoires à la tristesse. Je n’ai rien ajouté, je ne me suis évidemment pas plainte mais c’était couru d’avance, il savait déjà la réponse, il savait que ça n’avait pas marché. Alors il s’est mis là.

Ce n’était pourtant pas le jour.

J’ai eu droit à une déclaration, et des aveux. Je n’avais pas compris sa fierté mal placée. Pas compris à quel point il s’était épris de moi, ni ses mensonges, ni ses actes spontanés d’agacement je pensais qu’il était mauvais joueur. Tout le monde m’assurait qu’il était tout le temps comme ça, aux réactions imprévisibles. Je n’avais pas conscience qu’elles ne faisaient que dépendre de mes choix. Je suis bête. Je n’aurais pas été si rude, je ne l’aurais pas traité si radicalement comme mon ami et confident s’il m’avait dit qu’il avait mal de tous ces autres.

A la fin de la conversation il m’a rassurée, maintenant lui ça va, enfin, il se sent soulagé et plus si vulnérable. Qu’hier il voulait me zapper de sa vie mais qu’un chien dans la rue lui avait vivement aboyé dessus alors il a pensé que ce n’était pas la bonne chose à faire. Qu’il pouvait me voir désormais comme une amie. Je lui ai dit qu’à force de balancer tout et son contraire j’avais choisi un peu ce que je voulais garder, ce qui arrangeait bien mon affaire. Et que plus il était sincère, plus je pourrais saisir et prendre en compte, ce ne serait plus que du choix délibéré.

Je me rappelle de certains matins où il venait me réveiller en me mettant le doigt dans le nez, la langue dans l’oreille ou encore de la crème de jour sur la gueule. Ce matin là il était en train de me masser les pieds. Tout doucement. Avec minutie et tendresse. Et je me demande à quel point il me ment encore. Sur ses sentiments. Mais peut-être qu’il ne me dit que la vérité, qu’il ne fait que se mentir à lui-même.

Je l’ai aidé toute la journée à déménager et il était heureux. Heureux que je n’aie plus personne à aimer? Que sais-je, entre tous ses mensonges lequel est le vrai. On a chanté Tout en dodelinant le long de la C*nne*ière chargés comme des bœufs il prenait sa voix de pédale castafiore et les gens étaient limites fiers qu’il s’assume en tant que tel, tout le monde se retournait sur son passage, mais il était juste joyeux. Joyeux, c’est tout.

Le soleil vient de décliner et les étourneaux ont tracé loin maintenant, assise à cette terrasse il y a peu ensoleillée je crois que j’attendais qu’il revienne. Il m’a affirmé qu’il serait là dans un instant. Ca me va comme ça.